c'est pas moi je l'jure!

sur la route

Il arrive que je ne réponde pas aux commentaires qu’on me laisse sous certains posts et je le regrette. Souvent, c’est parce que je manque de temps. Parfois, c’est parce que je n’ai pas grand chose à dire. Rarement, c’est parce que je préfère ne pas répondre sinon je risquerais d’écrire des choses que je regretterais.

La plupart du temps, je peux prédire quels commentaires je vais recevoir sur certains posts. Sur ce post-là, par exemple, je savais que plusieurs personnes allaient me dire “mais non, c’est pas si difficile que ça d’écrire un CV en français, tu exagères!” et j’étais déjà pré-énervée en écrivant le post.

Mais attention, je peux être énervée par certains commentaires mais ça ne veut pas dire que je suis fâchée contre les gens qui écrivent ces commentaires! Je sais très bien que ce n’est pas toujours facile de savoir quoi dire après certains posts “difficiles.” En plus, on a tous des vies différentes, parfois on ne s’est même jamais rencontrés, les mots ne traduisent pas toujours bien les pensées, et un simple post de 500 ou 600 mots suffit rarement à expliquer toute une situation en détail, donc c’est normal que les interprétations diffèrent.

Mais aujourd’hui, j’ai décidé de répondre aux commentaires du post précédent dans un post individuel parce que certains commentaires m’ont blessée. Alors au lieu de ne pas répondre pour éviter de dire des choses que je regretterais, j’ai décidé d’écrire ma réponse parce que je vous adore, mes chers lecteurs, et je sais que vous n’avez jamais voulu me blesser, et j’espère que vous continuerez à me rendre visite et me soutenir et me faire rire pendant encore bien des années alors autant vous éviter de faire la même erreur une deuxième fois!

J’ai lu récemment un truc qui explique exactement ce que je pense: “Les gens qui disent qu’il vaut mieux avoir un petit job pourri que pas de job du tout sont toujours des gens qui ont un super boulot qui leur rapporte plein de sous!” Les gens qui disent que le sexisme n’existe plus aujourd’hui sont toujours des hommes. Et je ne connais pas tous mes lecteurs, bien sûr, mais parmi ceux que je connais, il n’y en a pas qui ont des handicaps physiques aussi visibles que les miens… et pourtant, certains de ces gens sans handicap physique aussi visible que les miens m’ont dit que ma perception de ma vie n’était pas réelle, que tout était dans ma tête, et que le regard des autres n’était pas aussi pire que je l’imaginais.

Je n’ai qu’une chose à dire, mes amis, et je vous le dis sans énervement ni méchanceté ni rancoeur: tant que vous n’avez pas vu ce regard indiscret et fixe et inquisiteur des autres sur vos béquilles et vos jambes mal foutues et votre dos de traviol, vous n’avez pas le droit de me dire que je l’invente ou qu’il n’est pas si terrible que ça. Tant qu’on n’a pas vécu une situation, on n’a pas le droit de juger les réactions et les pensées de ceux qui l’ont vécue. C’est tout.

chatendormi

Je sais très bien que je perçois le regard des autres sur moi comme étant pire qu’il ne l’est. Mais je peux aussi vous assurer qu’il est bien plus réel et cruel que vous ne l’imaginez!

23 comments

  1. Ben moi, je te lis silencieusement la plupart du temps, mais je suis sûre que ce que tu dis est vrai… J’ai gaffé à la piscine récemment, parce que derrière moi, un ado handicapé mental (que je n’avais pas vu) a fait un drôle de bruit. J’ai sursauté, et l’ai regardé avec un air sûrement pas sympa, et j’ai vu que sa mère était heurtée. Je me suis dit que ça devait être l’accumulation de regards sur son gamin, qui rendait le mien si blessant… Un regard, c’est rien. Mais toujours des regards, ça finit par faire trop.

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  2. Ah mince. :/

    Personnellement, ce que je t’ai écrit ne prenait pas en compte ton handicap, je ne le connaissais pas en fait et je croyais que tu parlais des regards qu’on reçoit quand on ne porte pas de handicap visible.
    Je suis vraiment désolée si ce que je t’ai écrit a pu te heurter.

    J’ai bien lu dans tes posts que tu utilisais des béquilles mais il ne me semblait pas l’avoir lu avant (je suis déjà passée te voir il y a quelques mois-années, il y a longtemps en tous cas, avant de revenir il y a quelques semaines), du coup je pensais que c’était provisoire, suite à une opération ou quelque chose du genre.
    Je commençais tout juste à trouver que tu les gardais longtemps, j’aurais sûrement fini un jour par tilter et me dire “Ah, ce n’est peut-être pas si provisoire que ça en fait”.

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  3. ça fait quelques posts que je te lis sans laisser de trace… Tes réponses à mes commentaires m’ont toujours étonnée, car, indépendamment de leur contenu, je ne m’attendais jamais à une réponse de ta part.
    Je t’envoie des pensées affectueuses et chaleureuses

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  4. Sass

    En effet tant qu’on est pas confronté on ne peut absolument pas se mettre à ta place. Ma grande a fait un stage dans un centre d’enfants handicapés (tout handicaps) et là elle m’a dit “Tu sais maman, on ne s’en rends pas compte mais c’est vrai que le regard des gens est pesant et parfois insistant” quand elle a un jour fait une ballade avec eux dans un centre commercial. Elle était choquée car comme moi elle a l’impression que dans notre vie de tout les jours, nous on y fait pas plus attention quand on les croise, je t’assure. Je pense sincérement qu’il y a deux genres de “réaction” face au handicap et c’est certainement pour ça que certain se permette de te dire que tu grossis les choses. Mais tu fais bien d’écrire ce que tu ressent, ca aussi on ne peut pas le ressentir comme toi.

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  5. Je crois que la plupart d’entre nous voulaient juste te rassurer en te disant de ne pas te preoccuper du regard des autres. Mais tu as raison, et nous le savons tous, tant qu’on n’a pas l’experience de cette souffrance, on ne peut pas se rendre compte du ressenti. Souvent, dans la rue, quand je croise une personne handicapee, je ne sais pas quoi faire de mon regard.

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  6. Hum tu as raison de faire ce post… C’est important de ne pas toujours fulminer tout seule. C’est tellement délicat les commentaires…! On s’énerve, on ressasse tout en sachant qu’il n’y avait pas de mauvaise intention… Parfois on fait un commentaire malheureux et on est tout penaud d’avoir blessé. Parfois on n’arrive pas à digérer un commentaire qu’on nous a fait et qui n’était probablement pas méchant… Difficile sans avoir le visage de la personne en face : le regard, le sourire, les mots, plein de mots et pas seulement phrase qui parait “assassine”!
    Et puis parfois aussi comme Koridwen tes lecteurs n’ont pas “une connaissance suffisamment approfondie” de ton blog pour comprendre de quoi tu parles quand tu parles de ton handicap…

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  7. Et parfois on a 57 ans et on a réalisé depuis peu que le cruel regard des autres sur soi ne valait pas la peine d’en souffrir, mais on se dit aussi qu’à 57 ans on ferait mieux de garder ses expériences pour soi et de fermer sa gueule.
    Alors excuses moi, promis je ne ferais plus de commentaire désobligeants.

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  8. Anonymous

    C’est de ta faute aussi 🙂 je plaisante évidemment, mais pas tant que cela. J’ai eu la chance de te rencontrer, donc je sais de quel handicap tu parles. Et la réflexion que je me faisais en te lisant (pas tous les jours, je le concède, mais de temps en temps, et avec plaisir), c’est qu’on ne voit pas la différence dont tu parles aujourd’hui. Si je te lisais tous les jours, tout le temps, peut-être que mon impression serait différente. Je ne peux pas savoir. Mais pour tout ce que je peux lire, j’ai l’impression d’une jeune femme vive, pétillante… et c’est tout. Parfois il y a des entre les lignes que l’on peut voir fugacement, mais il faut sans doute t’avoir rencontrée pour pouvoir les sentir. Alors les commentaires, lis-les en pensant qu’ils répondent à la jeune femme que tu laisses voir, celle que tu es de toute façon. Enfin, je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire.
    Tu sais, je ne t’ai pas lu pendant quelque temps, quand j’ai traversé ma période de tourmente. Et puis quand je t’ai retrouvé, après, avec Facebook, pendant un moment, je me suis demandée si tu était bien cette jeune femme que j’avais rencontré quelques années plus tôt 🙂 Bon évidemment, c’était bien toi. Mais c’est pour te dire que même en t’ayant rencontrée, ton handicap passe tout à fait au second voire au troisième plan. Voire même encore plus loin. Alors tu as raison de remettre les pendule à l’heure 🙂

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  9. Axelle

    Bin, du coup, je ne sais pas si je t ai blessé ou non. Si c est le cas, je m en excuse platement. Je crois qu on est toujours maladroit, a l ecrit. Par contre, tu as bien fait de nous le dire.
    Amicalement.

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  10. a l'ouest

    Je vais faire ma philosophe de café du commerce 😉 et dire que c’est un peu l’illustration du conflit éternel des relations par écran interposé, entre le théorique “ça vaut mieux en le disant” et la réalité qui veut qu’il est fort difficile d’exprimer par écrit des choses qui devraient plutôt se dire face-à-face.

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  11. Narayan

    je lis ce post en rentrant d’une journée passée avec ma mère (elle a eu 90 ans aujourd’hui !), à faire la tournée des médecins (chouette journée d’anniversaire non ?). Bref, ma mère est en fauteuil roulant, c’est une vieille dame, et je suis dégoutée de la journée que j’ai passé à côtoyer des soignants ! Première constatation, à part sa cardiologue qui lui a souhaité un bon anniversaire, les autres … ben ranafout (je précise qu’avec la carte vitale ils savaient tous que c’était son anniversaire). Mais bon, passe encore. Ce qui m’a horriblement choqué, c’est que tout le monde (à part la cardio) me parlait à moi et pas à elle. Comme si le fait d’être en fauteuil la disqualifiait de toute intelligence. Et je ne parle pas du comportement de malotru de l’ophtalmo qui s’énervait parce qu’elle ne s’installait pas assez vite, n’arrivait pas à faire certains mouvements, etc … Oui on parle de médecins, de personnel hospitalier.
    Après il y a tous les cons qui ont surement de bonnes raisons pour occuper les places de stationnement handicapé, et qui font que je devais charger et décharger le fauteuil, y installer ma mère dans des conditions très limites en sécurité.
    Il y a les cons qui te passent devant pour monter dans l’ascenseur, qui ne te tiennent pas la porte quand tu es derrière eux, qui jettent un regard dédaigneux sur cette personne encombrante qui les dérange dans leur vie de valide (trop lente pour eux je pense), qui l’ont fusillé du regard alors qu’elle disait bonjour aux nouveaux entrants dans l’ascenseur (politesse d’un autre âge il faut croire) sans prendre une seconde pour répondre.
    J’ai passé une journée de merde. Mais ce n’est qu’une journée de ma vie. Alors, j’imagine (un tout petit peu) ce que tu veux dire … et je n’en suis que plus admirative de ta pugnacité et de ce que tu nous donnes à partager ici.

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    • Le fait de parler à toi et non à ta mère, n’est pas lié au fauteuil mais à l’âge… les médecins, infirmiers, etc. font le même coup à mon grand-père (qui a toute sa tête et s’exprime très bien).
      J’espère pour ta maman que sa soirée d’anniversaire fut meilleure que sa journée !

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  12. Telugu ? T’as bu ?
    Bon mon commentaire répond au tien et je n’ai ni lu le post ni les commentaires qui ont suscité celui-ci. En tout cas, je ne me doutais pas de ton handicap parce que tu laisses, en effet, l’impression d’une jeune femme vive et pétillante ce que tu es forcément et que ceux qui te connaissent et t’apprécient le font pour ces raisons en oubliant béquilles et dos de guingois. Tes réflexions sonnent toutes justes et en effet les regards et les commentaires peuvent te toucher et t’atteindre bien plus que la seule intention de celui qui les fait. En tout état de cause, garde ton humour. Amicalement Boljo

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  13. J’avais écrit une tartine et tout s’est effacé….ggggrrrrr….
    Je voulais juste te dire que je suis désolée si tu as eu du mal avec les commentaires et que j’espère que mon histoire de peignoir, plutôt écrite pour te faire sourire n’a pas fait l’effet contraire…..
    À bientôt pour d’autres commentaires en tous cas!…..

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  14. Je pense que même en ayant vécu une situation, on n’a pas le droit de juger les réactions et les pensées des autres qui l’ont vécue. D’abord les situations ne sont jamais exactement les mêmes, ensuite chacun vit les choses de façon différente et un ressenti est par définition incontestable.
    Mais bon, c’est parfois plus facile à dire qu’à faire ! 🙂

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  15. catandfivecats

    je suis désolée si ce que j’ai écrit était maladroit et t’a touchée, mais pas dans le bon sens..il est vrai qu’il est si facile de donner des conseils..je suis vraiment désolée si je t’ai blessée..
    une grosse bise!

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  16. Ça doit bien faire un siècle et demi que je n’etais pas passé chez toi et je te retrouve telle que je t’ai gardée dans mon souvenir, lisant, cajolant le chat, testant des restos et recettes et toujours porteuse de cette parole honnête et flamboyante 😀 Allez, je retourne remonter le temps au fil de tes posts 😉

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  17. Pingback: je dessine un bateau, tu dessines une vague | c'est pas moi je l'jure!

Merci pour vos commentaires que j'adore :)