c'est pas moi je l'jure!

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Je ne suis plus rien et il faut donc que je me reconstruise une identité. Mais je ne sais pas par où commencer. Je ne sais rien faire à part être prof et mener tout le monde à la baguette et dépenser de l’argent et regarder Grey’s Anatomy. Rien ne me passionne et rien ne m’intéresse plus que le minimum syndical. Je ne suis pas douée de mes mains, je ne suis absolument pas créative ni artistique, je n’ai strictement aucune patience, je n’ai pas le sens des affaires, et je ne veux pas bosser 140 heures par semaine. Si on me disait “tu as un an de ta vie pour faire ce que tu as toujours voulu faire mais n’a jamais eu le temps de faire!” je ne saurais pas quoi faire. Et tiens, comme par hasard, c’est ce qu’on me dit! Et je ne sais pas quoi faire!

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Demander à Google “que faire de ma vie” est très divertissant mais après 50 petits tests à la noix, je n’en sais toujours pas plus. Il semblerait que je devrais être soit directeur financier, soit psy, soit prof (ah tiens!?), soit détective, soit oncologiste. On est bien!

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Un test me demandait ce que je serais capable de sacrifier–du temps, de l’argent, mon égo, ma famille, ma santé, etc. parce que tout boulot, quel qu’il soit, même si c’est le job de mes rêves, aura des inconvénients–ce n’est pas la peine de vouloir devenir une actrice célèbre si je ne suis pas prête à vivre dans la misère jusqu’à ce que George Clooney découvre mon talent incroyable! Je crois que jusqu’à maintenant j’ai sacrifié ma famille (dont je suis très éloignée) et ma culture (vu qu’il n’y en a pas ici)… Je sais une chose: je ne suis pas prête à sacrifier ma qualité de vie en-dehors du boulot.

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Quand j’étais doctorante, j’écrivais sur un blog que j’avais appelé “I can make a difference.” A l’époque, j’avais choisi un projet de recherche  qui 1) allait me permettre de répondre à une question très importante dans ma vie à l’époque, et 2) allait aider directement plein de gens dans le monde. J’ai mené à (très) bien ce projet et pendant cinq-six ans, mes résultats ont eu un réel impact (dans mon domaine dans le monde entier), j’ai inspiré et aidé plein de gens, et j’étais célèbre. Mais ça, c’était il y a 10-15 ans. Après mon arrivée au Canada, il m’a fallu cinq ans pour me retrouver quelque chose à dire et une place dans un nouveau domaine de recherche. Là, je dois à nouveau recommencer à zéro.

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Mais est-ce que mes articles et ma vie académique sont vraiment importants? Est-ce qu’il y aura écrit “elle a publié dans TESOL Quarterly” sur ma tombe? Qu’est-ce que je pourrais faire d’utile et intéressant et intelligent de ma vie qui ne soit ni complètement égoïste (e.g., faire de la peinture) ni complètement irresponsable (prendre soin de chats dans une SPA) ni complètement absurde (e.g., bosser pour Médecins sans frontières) ni complètement chiant (e.g., crocheter) ni complètement impossible (e.g., devenir directeur financier)?

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Avis à toutes mes lectrices et tous mes lecteurs: notre petit brunch annuel parisien aura lieu le samedi 4 juin à partir de 11 heures dans le 1er arrondissement (même endroit que d’habitude; envoyez-moi un email pour prévenir que vous venez et/ou demander l’adresse).

 

 

50 comments

  1. La zia

    Tu ne repars pas de zéro. Tout ce que tu as fait est capitalisé for ever. Tu es juste en stand by, situation très déstabilisante surtout après l’emploi du temps d’enfer qui était le tien. Enseigner mais avec un emploi du temps plus cool non ??? Souffler un peu ….Avant que tu ne te réinvestisses à fond ?

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  2. Anonymous

    Tu viens d’être mise au placard, c’est un peu tôt pour avoir une idée de génie pour savoir quoi faire. Pourquoi ne pas voyager un peu, aller voir tes amis qui sont sur le continent américain, en discutant avec eux je suis sure qu’une idée te viendra.

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  3. Mon année de chômage m’a permis de me trouver de nouveaux centres d’intérêts et une nouvelle passion. Ça ne s’est donc pas fait du jour au lendemain.
    Deux choses : Ne cours pas après la reconnaissance. C’est usant et dès que tu la perds tu n’es plus rien. C’est à toi que tu dois plaire. D’où mon deuxième point : Qui a décrété que tu ne devais pas faire quelque chose d’égoïste ?
    Tu es pleine de ressources je ne m’inquiète pas pour toi 😙

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  4. ljvd

    C’est assez courant comme situation, tu te connais très bien, mais manque du recul nécessaire. MP moi si tu es prête à te faire accompagner, je pense avoir la personne pertinente pour t’aider, mais il n’y a que toi qui peut le vérifier.

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  5. tu ne savais pas que tu pouvais faire du crochet, et pourtant tu fais de jolis carrés, je suis sûre que tu as plein d’autres talents que tu ignores, et comme Valvita, je ne m’en fais pas trop pour toi, tu vas rebondir et retomber sur tes pieds, ça sera peut être plus long que tu ne penses, parce que cette fois ci tu seras sujette aux évènements..indépendants de ta volonté!
    dommage le 4 juin je ne pourrai pas venir, un long WE déjà pris pour un anniversaire, je vais t’écrire, peut être feras tu un autre brunch de rattrapage? je l’espère!
    bon dimanche, ici il est férié, bises

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  6. Dom-Aufildesvues

    Sois un peu égoïste et penses à toi… c’est épuisant la course à la reconnaissance et puis du jour au lendemain, comme un souffle plus rien… Profites de cette chance pour te trouver un domaine où tu te sentes bien, fais toi plaisir… j’aurai bien aimé te rencontrer mais ce ne sera pas pour cette fois… bonne continuation, bises du 1er mai !!

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  7. Mel

    J’aurais voulu savoir pourquoi tu trouves 1) que faire de la peinture c’est égoïste, 2) que prendre soin de chats dans une SPA c’est irresponsable, 3) que bosser pour Médecins du Monde est complètement absurde, 4) que crocheter est complètement chiant ? Je ne te pose pas de question sur l’impossibilité, selon toi de devenir directeur financier, non pas parce que je ne t’en crois pas capable, mais parce que pour le coup, c’est à moi que ça semble très ennuyeux, par chance certaines personnes semblent y trouver leur bonheur ! 🙂
    Je ne te connais qu’à travers ton blog, mais ça me désole de lire que tu as l’impression de n’être plus rien. A travers la lecture de tes billets, j’ai le sentiment que tu es une personne passionnée, qui aime relever de nouveaux défis, capable d’apprendre dans des domaines qui t’intéressent… Je comprends que les choses soient difficiles en ce moment, et c’est tout sauf confortable d’être dans une phase de transition, mais tu as déjà pleinement démontré ton aptitude à rebondir, non ? Comme le disait quelqu’un plus haut (ta tante peut-être ?), profite d’avoir un emploi du temps plus cool, déjà. Et si tu aimes enseigner de nouvelles idées et possibilités se présenteront peut-être à toi dans les mois à venir. Si ça se trouve tu vas découvrir que tu adores enseigner la littérature (ou autre chose). 🙂

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    • 1) faire de la peinture (à part repeindre les murs et être une super artiste) c’est inutile pour le reste du monde, ça ne sert strictement à rien. 2) prendre soin de chats ça va pas payer le loyer et j’ai pas de mari pour me faire vivre. 3) bosser pour MSF c’est aller vivre dans des conditions hyper difficiles au Soudan ou dans un pays comme ça ou même les gens sans aucun de soucis de santé vont en chier. 4) crocheter est super chiant, qu’est-ce que tu veux que je te dise d’autre? J’ai essayé, c’est chiant 🙂 (et je déteste la littérature, c’est pour moi encore plus chiant que le crochet).

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      • Mel

        Bon ben je t’ai posé des questions… et j’ai eu des réponses ;-), avec lesquelles je ne suis pas d’accord mais ce sont les tiennes aujourd’hui. C’est bien que tu aies une année devant toi pour laisser décanter tout ça.

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  8. Fransoize

    Dieu merci, tu es toujours quelqu’un ! Ne serait-ce qu’une fille, une frangine, une tatie, une amie … On ne se définit pas uniquement par la carrière professionnelle, à une époque où les rapports de travail sont souvent bien égoïstes.
    Je suis aujourd’hui bien plus heureuse et “valorisée” de voir mes nièces se jeter sur moi quand j’arrive, en criant “Tatie, Tatiiiiie !” que d’essayer à bosser en communion avec un chef qui ne le souhaite visiblement pas … J’ai pris du recul par rapport au boulot et je m’en porte bien mieux. Je cherche mon bonheur (ou au moins mes petits bonheurs) ailleurs …
    Tu saura rebondir, je n’ai aucun doute à ce sujet non plus. Profite de cette parenthèse pour tester d’autres choses et reprendre respiration.
    Bises vertes.

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  9. Geneviève

    Ce que ma propre expérience de perdre son identité m’a apprise, c’est qu’il faut accepter de se laisser du temps. Accepter le fait que ça ne viendra pas tout de suite. Sortir de sa routine est peut-être bon aussi, par ex. aller écouter des cours en auditeur libre ou des conférences sur des sujets pas “évidents” ? Sortir de sa zone de confort… mais pour ça, aussi, accepter de se laisser du temps. On a été déliré (du latin “lira”, sillon) on se retrouve en plein champ, sans direction à suivre. 360° pour en retrouver une… ça n’ira pas tu suite.
    Mais évidemment… c’est presque ça le plus dur.
    Love.

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  10. erin

    As-tu passé le test mbti? je le trouve plutôt pertinent (sans pour autant répondre à la question “que faire de ma vie?” ha!)

    Une crise = une opportunité, c’est un cliché mais pas que. Je suis dans une situation similaire en ce moment : contrainte de prendre un job qui me donne l’impression de régresser de 10 ans professionnellement. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé de solution mais je cherche 🙂

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  11. alcib

    Tu reçois et tu recevras bien des suggestions… Elles ne s’excluent pas forcément l’une l’autre. Rien ne t’empêche de tenter plusieurs choses différentes. L’essentiel, je crois, c’est que cela doive partir de toi : l’envie de sortir de ta zone de confort, de découvrir de nouvelles choses, d’essayer de concrétiser des idées, des rêves, etc. Mais attention aussi à la dispersion. Pour l’instant, je crois que l’important est de faire « autre chose » pour sortir de cette situation douloureuse, de cette perception négative que tu as de toi… Peu à peu, tu retrouveras ce que tu aimes, ce dans quoi tu excelles…

    En attendant, ce que tu pourrais faire, et cela pourrait devenir ton point d’ancrage, ton lieu de cohésion, tu pourrais écrire… Écrire au sujet de ta situation, de tes déceptions, tes rêves brisés, etc. Cela te forcera, sans trop te brusquer, à faire le point, à revenir à toi, à ce que tu voulais faire de ta vie, à tes rêves, ton idéal… Mais attention au règlement de compte, qui risque de te laisser après coup un goût amer…
    Tu pourrais essayer de trouver un angle personnel, un point de vue intéressant pour raconter, non pas ta vie, mais une partie de celle-ci. Tu es encore trop jeune pour l’autobiographie, mais tu as suffisamment vécu d’expériences de toutes sortes pour en faire un livre intéressant à lire et à faire lire autour de soi.
    Rien ne t’empêche de te servir de ce que tu as déjà écrit ici et ailleurs, mais en essayant de trouver entre ces différents textes un fil conducteur qui pourrait donner à l’ensemble une certaine cohésion.
    Ne pense pas immédiatement à la publication : concentre-toi sur l’écriture elle-même, sur l’expression la plus fidèle à ce que tu ressens (et non pas à ce que les autres en pensent ou en disent)… Mais plus tard, quand tu auras terminé la rédaction, je suis persuadé qu’un éditeur, surtout aux États-Unis, serait intéressé à faire de ton livre un « best-seller » (je ne plaisante pas : tu as suffisamment d’intelligence, d’esprit, d’humour, et un point de vue personnel, pour intéresser des dizaines de milliers de lecteurs).

    Et comme tu n’écriras probablement douze heures par jour, il te restera du temps pour sortir, découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles choses, de faire de nouvelles expériences… qui viendront quotidiennement rafraîchir ta vision, t’inspirer des façons personnelles de raconter… Mais, selon moi, il faudrait éviter de s’éloigner trop du projet d’écriture, que celui-ci reste, comme je le disais plus haut, ton point d’ancrage, ta ligne directrice, ta préoccupation principale à laquelle tu reviens et autour de laquelle s’organise le reste de ta vie… le temps de mener à terme ton projet.

    Les mots ont un incroyable pouvoir de guérison !

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    • Oh mon cher ami, je bosse dans un centre d’écriture, l’écriture est mon quotidien, je dois écrire des articles, écrire des demandes de bourses de recherche, écrire des rapports, enseigner à tout le monde à écrire… et je DETESTE écrire 🙂 Je n’ai aucune créativité, je n’écris correctement ni en anglais ni en français, je n’arrive jamais à dire ce que je veux dire… l’écriture est mon boureau! J’aimerais tellement écrire bien et tous les jours j’en souffre 🙂

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      • Tu détestes écrire ? C’est en effet ce que l’on constate en lisant ton blogue depuis environ dix ans !
        N’importe quoi !
        Si tu as choisi de travailler dans un centre d’écriture, c’est que l’écriture a un sens pour toi…
        Et tu crois que ceux qui entreprennent une psychanalyse, par exemple, se disent au départ « J’adore la psychanalyse ! » ? Ou la personne qui doit prendre un médicament se dit au départ : « J’adore les médicaments, alors je vais m’en faire prescrire » ?

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  12. Alors je ne sais trop qu’ajouter à ce qui a été (très bien) écrit plus haut… mais je t’envoie plein de pensées sincères et chaleureuses, pour que, le moment venu, ton chemin te paraisse clair. Je me réjouis de te revoir!

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  13. Je ne pense pas que tu aies perdu ton identité. Tu t’es peut-être perdue, au fil du temps, dans ce que tu fais, au point que cela avait pris la place de ce que tu es. Cette année te sera salutaire si tu la prends par le bon côté: celui qui te permettra de te retrouver.
    En passant, joli vitrail!

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  14. Hé mais c’est pas égoïste de faire de la peinture!!
    Bon je te propose qu’on gagne au loto toutes les deux ensemble et qu’on ouvre une “académia” comme ils disent en Espagne où on enseignera l’art, les langues, l’écriture, le chant, le crochet,la psychanalyse pour chat et encore beaucoup d’autres choses! Si ça ne te dérange pas on basera notre super school dans le vieux Bordeaux? Top là?

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  15. Tu pourras aussi faire un cours spécial pour les dyslexiques, les têtes en l’air de tout poil et tous ceux en général qui ont un problème avec l’orthographe bien qu’ayant fait de bonnes études 😉

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  16. Et puis, même si c’était égoïste de faire de la peinture ?! Il y a des moments dans la vie où il faut penser un peu à soi, cesser de faire les choses pour les autres – soit directement ou en attendant des autres une reconnaissance, quelle qu’en soit la forme.
    Je crois que l’on se reconstruit en se concentrant sur une activité valorisante qui permette une forme d’introspection qui ne tourne pas à vide puisqu’elle se développe autour d’une production concrète (de la peinture, de la photo, de l’écriture, etc.)
    Le premier critère serait probablement de pouvoir s’y investir et, deuxième critère qui découle du premier, celui de persévérer, de poursuivre le lendemain ce que l’on a commencé la veille et aller au bout de son projet sans trop se soucier de la valeur « artistique » : l’important, c’est de se découvrir le plus clairement, le plus lucidement possible. Il sera toujours temps, après coup d’essayer de faire « quelque chose » de ce que l’on aura produit…
    Compte tenu de l’éducation familiale que tu as reçue, il est fort possible que tu conserves bien ancré au fond de toi un fort sentiment de culpabilité à faire ce que tu as vraiment envie de faire, que tu sois persuadée qu’il faut faire les choses pour les autres, pour faire plaisir (ou ne pas déplaire) aux parents (réels ou symboliques), et que c’est « déplaire à Dieu » (ou à ses parents, ce qui revient au même) que de faire les choses pour soi.
    Avant d’attendre et de recevoir la reconnaissance et, éventuellement, la renommée et la fortune, les créateurs (peintres, sculpteurs, musiciens, écrivains, etc.) produisaient d’abord pour eux l’oeuvre qui leur permettait de se découvrir, d’exprimer quelque chose d’enfoui en eux, de dépasser les limites de leurs aptitudes, habiletés techniques, etc. Ce n’est qu’après que l’oeuvre peut être présentée au public, restreint ou vaste…
    Puisque tu aimes les mots, je pense qu’écrire, pour toi d’abord, pourrait t’être très bénéfique… Il y a aussi la psychanalyse, mais c’est très long ; mais pourquoi pas ?
    Je me souviens avoir lu, il y a plusieurs années, un livre de Madeleine Chapsal, Oser écrire, dans lequel elle aborde cette question de la culpabilité… Le livre est peut-être encore disponible en librairie ; il l’est en bibliothèques et sur Amazon.

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  17. dresseuse de kangourous en Australie. ça devrait t’occuper. Et après, tu pourras les chevaucher (ou te ballader dans leur poche?). Franchement, tu pourrais révolutionner l’industrie du transport. Suffit de bien savoir mener le kangourou à la baguette.

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