c'est pas moi je l'jure!

le goût de l’échec

En 45 ans, j’aurai passé dix jours vraiment bons avec ma mère, en août dernier. Parce que là, on a retrouvé nos bonnes vieilles habitudes d’engueulades, de méchancetés, et de violence. Donc à part servir de taxi à mon frangin et acheter des chaussettes à ma mère, je ne sers vraiment pas à grand’chose.

Je nous vois capituler les uns après les autres, admettre que “même nous” on ne peut plus améliorer la situation, essayer de se convaincre que ce n’est pas “de notre faute,” se dire que peut-être notre mère serait plus calme (et nous moins épuisés) si on la laissait tranquille, se dire qu’elle ne mérite pas les efforts qu’on fait pour elle, qu’elle nous a fait chier toute notre vie et que ça ne fait que continuer… mais on n’y arrive pas, on ne peut pas l’abandonner à son sort, on n’arrive pas à arrêter d’essayer de la rassurer et de l’aider et de lui montrer qu’on l’aime… Alors on passe de la tristesse à l’énervement à l’impatience au désarroi à l’inquiétude à l’abattement à l’irritation au découragement à l’incertitude à l’angoisse à la confusion à la colère et ça recommance.

Heureusement que je peux retrouver un peu de paix et de soutient chez ma copine et son mari, parce que là, le sentiment d’échec et de colère et de regrets et de tristesse est infini et indélébile. Et ça ne peut qu’empirer!

La vieillesse est une sacrée salope!

20 comments

  1. quelle tristesse… et les émotions que tu traverses sont totalement normales, et font partie de ce foutu travail de deuil… elles arrivent en vrac, catapultées par les aléas du quotidien, et ne passent pas gentiment des unes aux autres, et une fois l’une traversée, elle est bonne “pour toujours”. Hé non, la vie n’est pas ainsi faite…
    Je continue de te tenir les pouces et te souhaite de très bons moments chez ton amie…

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  2. Mido Verdier

    Oh combien je comprends tous ces états d’âme, je baigne dedans jusqu’au cou depuis 3 ans, tantôt je me dis que je vais laisser tomber, et puis la culpabilité me ronge et je n’y arrive pas.
    Elle est toujours chez elle ta maman, ou bien vous lui avez trouvé une maison de retraite ? (encore faut-il qu’elle accepte d’y aller…)
    courage !

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  3. valeriedehautesavoie

    Oui c’est tellement injuste, cet avant et maintenant qui ne seront pas des souvenirs doux à engranger. Je comprends cette colère et cette tristesse, cette rencontre une fois encore ratée avec une mère que l’on aurait aimé aimer et qui ne génère que de la culpabilité. Je suis désolée pour toi, tellement désolée.

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  4. bitsandpieces

    Je hais WordPress… j’ai écrit un certain nombre de commentaires chez toi et je ne peux pas les valider parce que je ne retrouve pas mon mdp !
    Je voulais te conseiller la lecture du livre du Dr Bernard Croisile,Alzheimer. C’est bien écrit, clair et plutôt positif (autant que faire se peut). J’ai des inquiétudes au sujet d’un membre de ma famille proche et mon grand-père et une grand-tante ont tous les deux subi cette maladie.
    Dans son livre, le Dr explique qu’Alzheimer n’est pas une maladie du vieillissement (et donc pas une fatalité) mais bien une maladie qui commence chez l’ adulte jeune et qui ne se manifeste que parce qu’on vit jusqu’à un certain âge.

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  5. MAG

    Je te comprends. Ton envie de prendre un congé sabbatique pour t’occuper d’elle me paraissait être une folie dont tu ne serais pas sortie “vivante”. J’ai dû prendre des chemins très détournés pour dire que ce n’était pas opportun.
    Nombreux sont ceux qui parlent de “devoirs” et de “culpabilité” si ces derniers ne sont pas respectés. Cela sent à plein nez un idéal religieux doublé de superstition.
    Le droit laïque considère la seule aide financière ; les rapports humains ne sont gérables que par les intéressés et ne sauraient obéir à des règles préétablies, quelles que soient leurs origines.
    Les psychiatres sont professionnellement laïques. Et cela me plait.
    Je n’ai pas eu une once de culpabilité envers mes parents. Il devait me manquer ces dix jours…
    Auraient-ils existé, il aurait fallu qu’ils soient un paradis, un vrai, pour me faire un tout petit peu changer d’avis. J’ai donc laissé tout cela à d’autres.
    Peut-être faudrait-il, après s’en être ouvert auprès d’un bon psy, que vous en parliez dans la fratrie en bannissant toute idée de culpabilité. Je ne voudrais pas induire qui que ce soit en erreur : il ne s’agit aucunement de vengeance, seulement de préservation de soi.
    Je suis de tout cœur avec toi, j’espère te communiquer un peu de force.

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  6. laurence @lopalomita

    oui la vieillesse est un naufrage ! et la vie parfois aussi une belle salope… mais on ne vit aussi pour en prendre notre part et vivre les bons moments ! pour ta mère… tu ne referas pas l’histoire… je comprends ce que tu vis car moi aussi , tu le sais, je me dis que la rencontre avec ma mère ne s’est pas faite et a été ponctuée, comme toi, de vacheries, méchancetés… et je crains le jour où (elle a 81 ans ), si mon père part avant , elle nous fera peut être encore vraiment chier… alors que j’ai dû faire mon deuil il y a longtemps pour survivre et me préserver… bisous copine , si tu monte sur Paris, dis le

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  7. Narayan

    Oh Doc, je suis (faute de mieux) de tout cœur avec toi. Je mesure la chance que j’ai eu lors des derniers jours de ma mère… maîtresse de son destin jusqu’au dernier souffle. Ne culpabilise pas, celle qui te fait face n’est pas ta mère, aussi dur cela soit-il

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  8. Au vu de la dernière photo, je comprends que vous envisagez de la placer, ou est-ce déjà fait à l’heure qu’il est. Je crois que c’est la solution la plus sage. Il ne faut surtout pas culpabiliser (je sais, c’est facile à dire, moi je jette un oeil sur mon petit frère en vertu d’une “promesse” faite à ma mère). L’épuisement des proches arrive très vite quand on s’occupe de quelqu’un qui n’a plus toute sa tête (car comme le dit quelqu’un au dessus, ce n’est pas elle qui parle, mais la maladie).
    Si vous avez trouvé le bon endroit et qu’elle accepte d’y aller, elle sera plus paisible, et vous vous serez plus serein lorsque vous la verrez. Courage !

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  9. je pense à toi, je ne peux que faire ça, mais je le fais avec coeur, courage,
    aime et protège ta mère puisqu’elle ne elle ne peut plus le faire pour toi, n’oublie pas que c’est une autre personne, gros bisous

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  10. Wam

    😯
    Que c’est dur…
    Ne perds pas de vue que vous avez fait ce qui paraissait le mieux. Vous pouvez être en paix avec vous même. Et pensez aussi à vous protéger, vous menager des moments de répis. Bisous, et paix.

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  11. Pingback: les deux écoles | c'est pas moi je l'jure!

Merci pour vos commentaires que j'adore :)