c'est pas moi je l'jure!

dans les yeux de ma mère

Ce soir, je voulais écrire un truc super fascinant sur la linguistique et les traductions et plein de choses intéressantes pour répondre à des questions posées il y a quelques jours.

Mais en fait, ce soir, et depuis jeudi, j’ai du mal à penser à autre chose qu’à ma mère. Elle va mal, pas mal très mal même, et comme on ne sait pas vraiment pourquoi, puisqu’on ne va pas la stresser encore plus en l’envoyant à l’hôpital pour lui faire de examens, on a assez peu d’espoir que l’histoire se termine bien. Infection pulmonaire? AVC? Autre cochonnerie nosocomiale? On ne le saura probablement jamais, mais samedi, le médecin ne lui donnait pas plus que dix jours de plus sur cette bonne vieille terre. Et bien sûr, pour la zia, sa soeur, c’est une situation terriblement angoissante et douloureuse.

Comme ma mère a toujours été hyper chiante, ça ne m’étonnerait pas qu’elle nous fasse soudain le coup de “oh tiens, finalement tout va très bien!” mais bon, c’est le genre de truc évidemment impossible à prédire.

Il y a un an jour pour jour que ma grand-mère (paternelle) nous quittait, mais elle, elle était entièrement consciente et terrorisée à l’idée de mourir. Même si la science n’a finalement aucune réponse là-dessus, on peut au moins espérer que ma mère ne se rende compte de rien.

Mon frangin est arrivé à Paris aujourd’hui, ma frangine allemande va y aller demain, ma frangine américaine en revient, et nos discussions WhatsAppiennes tournent autour des thèmes de “voulait-elle être enterrée ou incinérée?” “où l’enterrera-t-on? Dans la ville où elle à grandi, à Paris, ou en Suisse?” et “quand et où et comment arrivera-t-on a avoir une cérémonie pour elle avec toute cette famille éparpillée?”

Moi, je suis coincée ici et je bosse non-stop (ou, comme je l’écrivais à ma frangine qui se faisait du souci pour moi hier soir: “I work mom-stop.” C’est ce qu’on appelle un Freudian slip en anglais) pour penser à autre chose et parce que je n’ai pas le choix de toutes les manières. (Et mon départ pour Paris n’est prévu que le 8 janvier!) Mais dès que j’ai deux minutes pour moi, depuis jeudi, j’ai le bide qui se noue douloureusement et j’ai du mal à respirer. Il y a même des moments où, étrangement, j’ai l’impression que le sol se dérobe soudain sous mes pieds.

Ce n’est pas comme si on ne s’y attendait pas, au décès de notre mère, même si c’est relativement rapide. Mais je suis surprise de découvrir que c’est vachement plus facile d’en parler quand “ça va arriver un jour” que quand “ça risque d’arriver demain.”

Bref, tout ça pour dire que je ne vais pas causer de linguistique ce soir, désolée… (Et en plus je dois aller faire la répétition générale de notre concert de Noël, joie!)

15 comments

  1. Anne fra Sveits

    Oh, ça doit être terriblement angoissant d’être coincée si loin! Oui, on a beau dire, au moment où ça arrive “pour de vrai”, c’est une tout autre sensation. Je ne peux que t’envoyer mes bonnes pensées de loin, mais c’est déjà ça. Bonnes ondes arrivent aussi de la part de Sunniva

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  2. J’espère pour toi qu’elle va aller mieux, mais c’est bien de prévoir une cérémonie. Ca n’aide pas celui qui est parti évidemment, mais ceux qui restent. Vous avez l’air d’une famille unie, rappelez-vous ensemble des bons moments (même s’ils ont été rares ces derniers temps). C’est beaucoup d’organisation, mais je pense que tous ceux qui auront envie d’être présents pourront y être. Sinon, une cérémonie du souvenir peut se faire plus tard.
    J’ai en souvenir l’enterrement de ma tante. Certes elle n’avait jamais été vraiment aimable dans sa vie, c’est le moins qu’on puisse dire, mais ce moment à l’église (elle n’était pas croyante à ma connaissance) et où personne n’avait rien à dire de gentil sur elle m’a laissé une amertume en bouche.

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  3. je suis infiniment triste pour toi, car une maman est précieuse, et même si tu penses parfois que ton enfance a été difficile, ta maman a certainement toujours voulu le meilleur pour toi afin que tu sois heureuse.
    je pense très fort à toi et je t’embrasse

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  4. Geneviève

    Oh ma Dr.CaSo, comme “je te feel” (mes enfants disent ça pour vrai, ça me hérisse le poil mais coudonc… c’est bien pratique en fait ?). Je t’envoie des câlins par dizaines.
    Oui, se maintenir occupée, je connais ça. C’est à peu près la seule chose qui aille. C’est une sorte de fuite, et elle est bien légitime, surtout quand on est aussi loin que toi.
    Perdre un parent, même un parent chiant… c’est perdre l’un de nos piliers. Notre “moi” s’effrite en sachant qu’avec eux, part aussi tout un tas de souvenirs de nous dont ils sont les seuls dépositaires — parce qu’on était trop petits, ou parce qu’on s’en souvient autrement. Peu importe. C’est comme un matelas confortable qu’on te retirerait. Il y a un sentiment de sécurité (“Geborgenheit” pour être plus précise 😉 ) dans le fait de savoir que nos parents sont “encore là” : selon l’ordre naturel des choses, ils sont comme la dernière frontière entre nous-mêmes et… l’autre côté.
    Je t’embrasse ma chérie. Fort.

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  5. De tout coeur et en pensées avec toi.
    Ma maman a … 94 ans. Je m’attends à ce qu’elle nous quitte presque tous les jours. Je m’y prépare en me disant qu’elle sera peut-être mieux ailleurs. Si ailleurs il y a.
    Bisous

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  6. MAG

    J’ai été absente longtemps, et je “récupère” peu à peu tous tes messages manquants.
    Peut-être est-ce un signe que d’arriver aujourd’hui dans le présent. Je te fais d’énormes câlins ; quoi qu’on en dise il est beaucoup plus difficile de perdre un parent avec lequel “tout n’a pu être dit” qu’un parent normalement aimant. Le silence est plus cruel que l’absence.
    Mes câlins n’en sont que plus forts et sincères. Bisous.

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  7. Laurence

    Un petit message d’une lectrice de l’ombre pour dire que je connais si bien cette situation de « on s’y attendait sûrement mais pas maintenant » quand ça devient concret c’est terrifiant
    J’envoie plein de courage

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  8. Biquette

    C’est très angoissant d’etre loin de nos parents quand ils sont au bout du chemin… J’ai connu cela, et je n’ai pas pu hélas les accompagner dans leurs derniers instants de vie.

    Je t’envoie plein de pensées réconfortantes de Lorraine…

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  9. Pingback: les p’tits défis du dimanche soir | c'est pas moi je l'jure!

  10. J’ai encore lu tes messages en remontant le temps et donc je sais que dimanche soir encore tu n’avais pas eu de mauvaises nouvelles malgré l’oubli de ton téléphone au travail…..je ne peux que compatir en ayant vécu cette période il y a plusieurs années. Et c’est bien que tu aies écrit les jours suivants, ça permet de moins tourner en rond dans sa propre tête….
    Merci pour le paragraphe passionnant sur l’accentuation, j’en avais de vagues notions, souvenirs de mes cours d’anglais mais je n’imaginais pas toutes ces subtilités !

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)