c'est pas moi je l'jure!

o mia bella napoli

Je ne suis pas une fille sympa, mais je me sens souvent obligée d’aider les gens autour de moi alors que ça m’embête profondément. Je viens encore une fois de le prouver!

Mon retour d’Europe a été vraiment merdique: on est partis très en retard de Paris parce qu’il fallait dégivrer l’avion, j’ai dû attendre à Minneapolis pendant six heures, et après trois heures de vol, notre pilote nous a dit qu’on allait atterrir à Kalispell, dans le Montana, pour cause de brouillard à ATPN! Ca faisait déjà 26 heures que j’étais partie de Paris et que je n’avais pas dormi.

Heureusement, on a finalement pu atterrir à Calgary (où j’avais une connection internet), mais c’est là que les problèmes ont réellement commencé!

D’abord, on ne nous a donné aucune information sur ce qu’on devait faire: est-ce qu’on essayait de repartir dans deux heures ou le lendemain? Est-ce qu’on allait tous être envoyés dans un hôtel? Qui allait payer pour quoi?

Ensuite, d’habitude, une chaise roulante m’attend à la sortie de l’avion mais là, nada, on m’a dit d’aller attendre en haut de la rampe, avec deux vieilles dames. J’ai rapidement remarqué qu’elles parlaient à peine anglais et semblaient très perdues. Comme on a dû attendre plus de 20 minutes (debout!), on a commencé à papoter. L’une venait d’Israël et l’autre, Italienne, venait de New York et s’appelait comme moi! Comme l’Italienne n’arrivait pas à téléphoner à sa famille, je lui ai donné mon téléphone, mais le numéro qu’elle avait était mauvais.

Après la douane, je ne savais toujours pas quoi faire, et l’Israélienne causait avec sa fille, mais l’Italienne était toujours aussi perdue, donc je l’ai embarquée! On a marché, marché, marché, avec nos sacs lourds sur les épaules, et demandé de l’aide aux rares personnes encore dans l’aéroport (il était presque minuit), mais personne ne savait rien et tout le monde nous donnait des informations différentes. A un moment, un couple de jeunes Indonésiens tout aussi perdu s’est joint à nous. On a bien dû errer une heure avant qu’un type de l’aéroport nous trouve et décide de nous aider!

Il nous a expliqué que comme le détournement de notre avion était dû à la météo, Delta ne nous rembourserait rien, et qu’on devait se trouver un hôtel nous-même, et que notre avion repartirait à 10 heures le lendemain. Il y avait un Marriott dans l’aéroport (et j’étais tellement épuisée que j’aurais payé n’importe quel prix pour avoir un lit), et il nous y a conduit, mais il était plein, de même que les deux autres hôtels qu’on a essayés ensuite! Finalement, il a trouvé un truc pas loin de l’aéroport et après 15 minutes, une navette est venue nous chercher.

J’ai proposé à l’Italienne de partager ma chambre, parce qu’il fallait trouver une solution pour qu’elle puisse appeler sa famille. Finalement, on a payé $55 chacune pour une chambre assez calme et confortable, et l’Italienne m’a filé sa tablette en me disant qu’elle parlait parfois à sa famille sur FaceTime. Elle ne savait rien, ni comment utiliser son téléphone ni sa tablette, c’était vraiment choquant, et heureusement j’ai trouvé le nom de son frère à ATPN sur sa tablette et elle a pu FaceTimer avec lui (en italien). J’ai aussi pu lui demander son numéro de téléphone pour le lendemain.

Ensuite, il m’a bien fallu une heure pour me calmer et réussir à m’endormir, et la faim m’a réveillée à 5 heures du matin (la dernière fois que j’avais mangé était à Minneapolis, 13 heures auparavant)!

L’Italienne et moi sommes donc allées manger un petit déjeuner vraiment pas génial mais qu’elle m’a payée pour me remercier de l’avoir aidée. On en a profité pour papoter–elle avait émigré de Naples à 17 ans, enceinte, avec son mari, et pendant les cinquante années suivantes, avait pris soin de sa famille au milieu d’autres immigrants italiens et donc jamais appris l’anglais (mais elle comprenait ce que je disais si je parlais lentement avec des mots simples). Son frère vivait à ATPN et était mourant, donc elle voulait le voir une dernière fois. Je lui ai appris à se connecter à la wifi avec sa tablette, et j’ai corrigé le mauvais numéro de téléphone de son frère sur son téléphone.

Après avoir eu un mal de chien à passer la sécurité (toujours sans chaise roulante et sans billet parce que notre vol n’existait pas réellement), on a attendu deux heures à l’aéroport avant que notre avion ne parte enfin (à 10h30). (Je dois aussi noter que mes sacs ont été fouillés à la porte d’embarquement à Paris, à l’arrivée à Minneapolis, et encore une fois au départ de Calgary! When it rains…)

J’ai finalement abandonnée ma vieille Italienne qui s’appelait comme moi à l’aéroport d’ATPN, et je suis enfin arrivée chez Calinette 14 heures plus tard que prévu et en loque!

Mortecouille!

38 comments

  1. jbflutte

    Diantre, quel épique voyage retour.
    Et je hais les pirouettes que trouvent les compagnies aériennes (il n’y a pas qu’elles d’ailleurs) pour ne pas dédommager les usagers alors que clairement le service pour lequel tu as payé est semé d’embûches.
    Tu as regardé si tu pouvais demander un dédommagement ? Avec les lois européennes, les retards sont dédommagés. Il y aura tout un tas de conditions, mais pour un voyage au départ de France, il semble que cela suffise à être couvert.

    https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F10977
    Repose toi bien.
    As-tu appris quelques mots d’italien avec cette charmante dame du même nom?

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    • N

      Votre lien indique aussi le cas de Dr. Caso : En cas de vol annulés “La compagnie peut invoquer un cas de force majeure pour vous refuser la protection. Il s’agit alors d’un incident imprévisible et ne pouvant pas être évité (une tempête de neige par exemple).”

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    • Bah, il n’y a pas de dédommagement pour le temps perdu (et le rendez-vous raté avec deux doyennes qui était prévu depuis trois mois…), hélas 🙂 (Ma mère est italienne et j’ai appris l’espagnol donc je comprenais environ 50% de ce qu’elle disait à son frère)

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  2. Geneviève

    J’aurais tellement aimé trouver quelqu’un comme toi si j’étais à la place de l’Italienne! Tu vas détester entendre ça, mais tu as été une sainte.
    (Et émigrer sans apprendre à parler la langue du pays d’accueil pendant plus de 60 ans, vraiment, c’est dingue.)
    Bon retour chez toi… 😘

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    • Bah tu sais, les Little Italies et Chinatowns n’existent pas pour rien, la plupart des personnes dans ces quartiers ne parlent absolument pas la langue locale!! (Et je ne suis pas une sainte, crois-moi, je pestais intérieurement comme pas permis!)

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    • Jerga

      “Et émigrer sans apprendre à parler la langue du pays d’accueil pendant plus de 60 ans, vraiment, c’est dingue”
      Pardonnez-moi Mme mais ce qui hérisse pour ma part, c’est ce jugement à l’emporte pièce. Dites vous qu’il y a plus de 60 ans et à travers le monde, beaucoup de personnes et surtout de jeunes filles n’ont pas eu la chance d’être scolarisé.
      Quand ces personnes sont entrainés à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux, elles se jetaient dans le travail comme des forçats et n’ont pas forcément pas pu évoluer dans une sphère propice à l’apprentissage d’une nouvelle langue.
      Ce n’est pas malheureusement toujours un choix et non plus seulement une question de volonté/

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  3. Anonymous

    Moi également, je trouve ça assez dingue de vivre dans un pays pendant des décennies de rester sur son modèle initial et de ne fréquenter que les siens… dingue et stupide, cette dame est à plaindre en fait.

    Bleck

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  4. Lucette

    Chouette moment partagé, quand bien même à travers un périple extrêmement fatiguant, il en ressort une rencontre improbable avec une charmante dame qui a le même prénom !!!

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  5. Mais, mais, quel périple, épuisant dans tous les sens du terme. Finalement la rencontre avec cette dame a dû être positif dans cette désorganisation interne et climatique. Tu as été généreuse et dans l’empathie. Cette dame se souviendra certainement de toi et de ton aide. Tout cela te sera rendu. Tu penses toujours que les voyages forment la jeunesse ? Quant aux Compagnie d’Aviation j’espère que tu auras …peut-être…un dédommagement de l’une d’elle dans le tas.

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  6. Mais comment fait cette dame pour s’en sortir dans son quotidien sans parler la langue du pays ? Je serais incapable de faire comme elle, j’ai besoin de maîtriser mon environnement sinon je stresse en permanence.
    Quant aux problèmes d’avions, j’ai l’impression que tu y es abonnée. Je n’ai rencontré que deux fois de réels problèmes dont la fois où je suis venue te trouver. C’est sans doute la région qui veut ça 🙂

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    • Tu n’as jamais entendu parler de Little Italy? Chinatown? Tu crois que les gens dans ces quartiers parlent la langue du pays? Tu rêves! Ces vieux immigrants à New York n’ont jamais besoin de parler anglais, ils vivent ensemble en italien et n’ont pas besoin du monde extérieur! Et elle, elle a toute sa vie élevé ses enfants puis ses petits enfants et s’est occupée de son mari et des plus vieux. C’est différent pour les jeunes, c’est sûr 🙂 Tu devrais lire The Joy Luck Club!

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  7. Blanche

    J’avais essayé de laisser un message hier. Ca disait en gros : si tu te retrouves en rassembleuse ou organisatrice, c’est que tu as plus d’aplomb ou d’expérience que les autres. Ca m’arrive aussi parfois, mais après tant d’heure sans sommeil, je ne sais pas ce que je pourrais faire. Bravo ! Repose toi maintenant si tu le peux.

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  8. Waouh, quelle aventure ! Ça a dû être épuisant :/
    Je trouve ça aussi étonnant de ne jamais apprendre la langue du pays dans lequel on vit, même si je sais bien que c’est une réalité… Et en même temps, y a aussi plein d’expats européens ou américains qui vivent depuis des années en Asie par exemple, ou à Dubaï, et qui ne voient pas l’intérêt d’apprendre la langue locale. Je connais un homme d’une soixantaine d’année qui habite à l’Ile Maurice depuis plus de 40 ans et ne parle pas un mot de créole, alors que pourtant, c’est vraiment pas la langue la plus difficile à apprendre quand on parle le français. Bref. Cette dame a eu de la chance de tomber sur toi 😉

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  9. tu dois trainer derrière toi un vilain petit diable qui prend plaisir à te mettre des bâtons dans les roues dès que tu montes en avion, tu en as déjà raconté des histoires incroyables avec tes voyages! si tu en faisais un livre, ça serait un best seller!
    perso, j’ai déjà eu de nombreuses galères en avion (pendant et aux retours,) mais comme toi, jamais!
    tu nous raconteras ton séjour à Paris? j’espère qu’il a été plus agréable que le retour à ATPN!
    en tout cas bravo, tu es bienveillante même contre ta volonté, LOL!
    bises et bon retour

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  10. Pingback: le visage de l’année | c'est pas moi je l'jure!

Merci pour vos commentaires que j'adore :)