c'est pas moi je l'jure!

la vie est un jeu

L’autre jour, j’ai entendu parler d’un projet de recherche qui m’a beaucoup plu et dont a découlé un principe éducatif très intelligent: le “failure-based learning.”

Le projet était le suivant: les chercheurs ont choisi deux classes de même niveau dans une école de poterie. Groupe 1 a reçu ces instructions: vous avez quatre mois pour créer un objet magnifique, et vous ne serez noté que sur la qualité et la beauté cet objet, à la fin du cours.” Groupe 2 a reçu ces instructions: “vous avez quatre mois pour créer autant d’objets possible, et vous ne serez noté que sur le nombre d’objets que vous aurez créé, à la fin du cours.”

Que pensez-vous qu’il est arrivé?

Après quatre mois, les participants du groupe 1 avaient travaillé comme des fous sur un ou deux objets seulement, et certains avaient produit des trucs pas mal. Mais les participants du groupe 2, qui n’étaient pas notés sur la beauté ou la qualité de leurs objets mais sur le nombre d’objets produits, avaient créé des tones d’objets, certains très moches, bien sûr. Mais en fin de compte, la qualité et la beauté des derniers objets créés par le groupe 2 étaient bien meilleures que la qualité et la beauté des objets créés par le groupe 1.

Pourquoi?

Parce que les participants du groupe 2 n’avaient pas eu peur de faire des trucs moches, et pendant les quatre mois, ils avaient eu le temps d’améliorer leurs techniques et de développer leurs talents en créant des tas et des tas de trucs.

Donc un participant moyennement doué dans le groupe 1 n’avait que pu travailler sur un ou deux objets et stresser à mort pour rendre cet objet parfait, mais n’avait pas eu la possibilité de faire des erreurs, des trucs moches, des trucs sur lesquels il pouvait affiner ses facultés et ses aptitudes. Un participant moyennement doué dans le groupe 2, par contre, avait eu plein d’occasions de s’améliorer, d’essayer des nouvelles techniques, d’apprendre de nouvelles méthodes. En plus, sans la pression de réussir quelque chose de “très beau,” ce participant avait eu beaucoup plus de plaisir à travailler sur ses objets et le résultat reflétait bien cette absence de stress et ce plaisir de créer.

Et alors?

Eh bien je trouve qu’on devrait penser à ça dans beaucoup de domaines, à l’école comme à l’université. Quand j’enseigne la composition/rédaction à mes étudiants, je ne les note pas sur la qualité de leurs écrits mais sur la quantité et le plaisir/désire d’écrire, parce qu’à la fin du cours, la qualité sera là sans qu’ils s’en rendent compte. Les erreurs et “trucs moches” ne sont pas des échecs, les élèves/étudiants ne sont pas “nuls.” Au contraire, les échecs sont des occasions d’apprendre à mieux faire la prochaine fois. Les échecs sont formateurs, et l’absence de pression encourage l’apprentissage et le plaisir au lieu de décourager les élèves/étudiants.

Qu’en pensez-vous?

J’ai entendu parler de cette recherche dans le cours (prodigieusement intéressant) de “game design” enseigné par Will Wright (créateur des Sims), sur masterclass.com.

PS. N’oubliez pas la photo de truc! Vous pouvez encore m’envoyer vos photos jusqu’à mardi!

9 comments

  1. Lucette

    J’aime beaucoup ce projet de recherches. J’ai souvent entendu « on apprend de nos erreurs » ça s’applique à cette étude. Et le fait que le groupe 1 devait produire un bel objet, ça met dès le départ une forme de stress, qui n’est pas forcément productif. Je me serai plus amusée dans le groupe 2.
    Mais pour dé-stresser y’a rien de mieux que cette belle assiette 🤤 (juste avant de manger en plus)…..

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  2. Séraphia

    devise des Shadoks : ”

    Ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir….
    En d’autres termes… Plus ça rate et plus on a de chances que ça marche…

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  3. je suis d’accord avec les résultats, quand j’essaie de faire un bel objet en poterie, j’ai du mal, et quand je me lâche, j’arrive à produire de jolies choses, mais toujours après plusieurs essais, le plaisir est là sans la contrainte, c’est vrai qu’on apprend de ses erreurs.. (cette étude me parle bien, tu t’en doutes, LOL)
    cette expérience vaut pour tout, et partout!
    bon début de semaine à bientôt bises
    tu continues tes masters class?

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  4. N

    J’ai écrit et réécrit ce commentaire plusieurs fois et je ne suis toujours pas sûre si je suis d’accord ou pas avec la conclusion de cette étude… 🙂
    L’étude est intéressante, mais je ne pense pas qu’elle puisse s’appliquer pour tous les domaines. Par exemple, beaucoup d’artistes visuels de mon entourage ont des périodes creuses d’inspiration (et je sais que ces périodes existent aussi chez les écrivains). Est-ce qu’ils devraient continuer de peindre sans s’arrêter, sans idées claires, sans inspiration, ou faire d’autres activités, se resourcer en quête d’une nouvelle idée? Qu’en est-t-il de ces oeuvres qui demandent des mois, voire des années de travail? Par contre c’est vrai qu’on a tous besoin d’une certaine forme de discipline pour s’améliorer : je pense aux heures de répétitions d’un musicien, ou d’un comédien, ou d’un danseur. En fait, par rapport à cette étude, ma question est : les trucs moches étaient-ils des versions ratées (des brouillons) de ce qui allait devenir leurs meilleurs objets? Aussi, le processus de création est tellement différent d’une personne à l’autre, certains ont besoin de produire un gros tas de trucs pour finir par pondre un truc de bien, d’autres ont une approche plus lente, plus réfléchie, plus structurée. Je ne pense pas qu’une approche soit meilleure que l’autre, je pense que chacun doit trouver ce qui lui convient.

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  5. C’est bon à savoir, pour moi qui ai tendance à me sentir bloquée dès que j’ai l’impression que ce que je fais n’est pas “parfait”. C’est vrai qu’on entend souvent dire qu’on apprend de ses erreurs ; c’est chouette qu’une étude le démontre.

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)