c'est pas moi je l'jure!

passé simple

Samedi dernier, ma copine Ana a enfin accepté qu’on se revoit. La dernière fois qu’on s’était vues était le 18 février dernier! Ses parents habitent chez elle, et ils ne sont pas en bonne santé du tout, donc elle a complètement coupé les ponts avec tout le monde pendant pratiquement quatre mois. On se téléphonait et on se textait bien sûr souvent, mais elle ne voulait prendre aucun risque.

Même là, on s’est installées sur mon balcon, elle dans mon fauteuil et moi sur un petit tabouret inconfortable, loin d’elle. Elle avait apporté son déjeuner et ses ustensiles et sa bouteille d’eau, et elle n’a touché à rien chez moi à part mon fauteuil et Miss Penny. Moi, je m’étais préparé des pâtes (au pesto balconique) que j’ai dû mettre dans un bol de livraison à domicile pour pouvoir le porter dans un sac jusqu’à mon balcon. On a déjeuné ensemble, comme ça, en papotant de tout et de rien.

C’était très sympa, et j’étais vraiment heureuse de revoir enfin ma copine, mais c’était aussi trop étrange et inconfortable et triste. La peur était présente à chaque instant, dans chaque bouchée, avec mes pauvres fesses et mon dos douloureux presqu’instantanément, dans le fait que je n’avais rien pu cuisiner pour ma copine, et aussi parce qu’on a surtout parlé de boulot et de famille et d’incertitudes.

Mercredi soir, après une longue journée de boulot, je suis allée dîner chez mon ex-intérimaire directrice et son mari. Ils habitent au sud de la ville, et il faisait encore juste assez chaud (avec un petit gilet) pour se faire des grillades dans leur backyard. Pour le dessert, on est allés cueillir des fraises dans leurs plat-bandes.

De retour chez Miss Penny quelques heures plus tard, je voulais envoyer un petit texto de remerciement à ma directrice ex-intérimaire, et c’est à ce moment-là que je me suis rendue compte que c’était la toute première fois depuis le début du mois de mars que je n’avais pas pensé une seule seconde à ce foutu virus, pendant trois heures! Trois heures NORMALES! Trois heures passées à rigoler et trop manger et papoter de l’été et de fraises et de cerises et de frite et de livres et d’ordinateurs et à vivre normalement sans stresser ou déprimer ou angoisser ou déplorer ou conjecturer ou ruminer!

Encore bien peu de choses sont “normales” ici, et ces trois heures volées au virus m’ont fait me rendre compte à quel point chaque action, chaque geste, chaque décision, chaque pensée, même les plus anodines, sont maintenant plus chronophages, plus fatigantes, et plus compliquées qu’avant.

Et chez vous, comment ça se passe? Est-ce que vous avez l’impression d’être retourné à la normale? Est-ce que vous arrivez à voler du temps à ce foutu virus, parfois?

32 comments

  1. Lucette

    L’insouciance et la vie « normale » n’ont duré que peu de temps. Deux cas viennent d’être détectés (En haute corse) et la peur est repartie à la hausse. Dans le village où la population est vieillissante plusieurs décès (rien à voir avec l’épidémie) ont fait resurgir le spectre du confinement. Ça donne une ambiance pesante.
    La vie « normale » est loin d’arriver ici.
    Tes fraises m’ont donné envie de déjeuner avec de la confiture de fraises ! J’en ai pas……

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  2. Biquette

    Notre vie est redevenue moins stressante depuis la levée du confinement. Certes le port du masque et le respect des règles de distanciation sont encore anxiogènes, mais il faut
    s’y soumettre pour bloquer ce fichu
    virus!
    Nous ne pouvons ni aller voir notre
    fille et sa famille au Québec, ni les recevoir. Et ça c’est très dur… Notre
    dernière rencontre date de 11 mois!

    Et nous voyons moins nos amis, chacun semble vouloir se protéger !
    Alors sms, emails, coups de téléphone,
    FaceTime et autres moyens de communication sont devenus notre quotidien de retraités !

    Courage à tous, ça va aller!

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    • “Alors sms, emails, coups de téléphone, FaceTime et autres moyens de communication sont devenus notre quotidien de retraités !” Pas seulement des retraités, crois-moi! Je bosse depuis chez moi et je n’en peux plus des réunions sur mon ordinateur!!!! 😦

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  3. Mais reprendre le travail m’a permis des moments où j’y pense moins. Mais tout de même je suis très angoissée par la remontée du virus, qui pourtant était prévisible statistiquement. Je sors pour des loisirs de temps en temps en faisant bien attention, c’est en effet difficile de se dire que c’est la vie normale, cette vigilance permanente fatigue beaucoup. Mais tout de même avoir repris le travail en présentiel (même si je n’aime pas mon travail), m’aide beaucoup à être dans une vie à peu près normale malgré les gestes barrières que du coup j’ai systématisés. Bon samedi !

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  4. ici, en Bretagne, il y a une montée importante du taux de transmission (la plus forte de France), la faute aux estivants? sur la côte, c’est rare de voir des gens avec masque, ça me fait très peur, je n’ai pas envie qu’on soit à nouveau confinés, j’espère que les gens d’ici ou d’ailleurs, vont vite se masquer! gr…
    oui je pense tous les jours à ce satané virus, car j’aimerais aller voir mes parents et il ne faut pas que je leur amène quoi que ce soit!
    bon samedi, heureuse de savoir que parfois tu passes de bons moments avec tes amis!😘
    bises du matin

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    • Désolée que ça remonte, mais on dirait qu’en général ce n’est pas encore dramatique, en France, si? J’ai du mal à me rendre compte, parce que depuis ici, la France semble avoir bien écrasé sa courbe!

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  5. Oui s’était revenue à la normale ou presque (sud-ouest de la France)…Et puis le tourisme a repris et c’est à nouveau très pénible, retour des masques et des regards assassins si tu touche quelque chose en faisant tes courses.

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  6. FLORIN Régine

    Masques ds espace extérieur clos. Pas de spectacle, pas de restaurant, on reste entre nous avec les petits enfants et tout le temps presque à l’extérieur avec du grand soleil et du vent. Et trois mètres de distance avec les autres sur la plage. On a revu nos amis mais on s’est pas fait de bisous. Ensuite on n’en a pas du tout parlé pendant les repas. Alors je n’y pense pas trop sauf quand je fais les courses ou quand je prends le TGV comme tout à l’heure. Paris m’effraie. Trop de monde.
    Y’a plus d’espace ici face à la mer 🌊

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  7. Chez nous c’est la prudence qui prévaut, sauf de la part de mon mari qui est très irrégulier – pour certaines activités il restera très prudent port du masque etc et pour d’autres comme son sport favori, il fera comme si de rien n’était -. Dans l’entreprise où je travaille c’est port du masque lorsqu’on bosse ensemble (autour d’un ordi, nous faisons du dépannage à distance) et lorsqu’on se lève de notre place, masques fournis. Je m’efforce d’en porter un dès que je sors, sauf pour les activités physiques en extérieur nécessitant de respirer fort (vélo, course à pied).
    Nous y pensons forcément presque tout le temps, même si beaucoup de précautions (le masque et se passer les mains au gel hydroalcoolique) sont devenues machinales. Mais passées les craintes de mars (nous avons été légèrement malades, notre fille un peu plus, je connais des personnes qui ont été touchées), ce ne sont pas des pensées d’angoisse, c’est une menace qui est devenue habituelle comme celle des autres maladies graves ou celles des accidents (de circulation) ou d’attentats (à Paris le risque est permanent).

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    • C’est vrai que quand ces “menaces” restent dans nos vies pendant trop longtemps, on finit pas les oublier… Ce qui est plutôt bien dans le cas des attentats mais pas pendant une pandémie, malheureusement!

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  8. La foule m’angoissait déjà avant, à présent c’est pire. J’ai tout de même décidé de m’inscrire à la fête du 1er août de mon village en sachant qu’on est une cinquantaine en général. J’ai demandé s’il fallait prendre un masque et on m’a dit que les gens phobiques pouvaient rester chez eux. J’ai quand même répondu à la personne (qqn de gentil, faut pas s’y méprendre) qu’il y avait une différence entre avoir une phobie et être responsable. Pas de masque mais nous aurons un service de traiteur au lieu du repas canadien habituel afin qu’on ne bouge pas trop. On doit s’inscrire et laisser nos coordonnées pour le cas où une personne présente annoncée porteuse du virus par la suite. Peut-être qu’on devra confiner tout le village dans ce cas-là ?

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    • Ahhhh la réponse!!!! Je suis choquée!!!! Je trouve ce genre de fête irresponsable! Pourquoi ne pas le faire dehors, sous une tente, et avec des masques? Tu es bien courageuse d’avoir décidé d’y aller 🙂

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  9. Ta copine Ana doit être très angoissée la pauvre! C’est bien que tu aies pu passer un moment avec elle malgré tout, mais c’est encore mieux pour toi d’avoir eu une bonne soirée « normale »
    Pour moi c’est très agréable de pouvoir aller à la plage sans trop de craintes car les gens sont assez espacés et il y a toujours du vent. Mon fils aîné partage notre appartement quelques jours avec sa femme et ses 2 petits mais là aussi on ne reste pas très près les uns des autres et on a les fenêtres ouvertes tout le temps….par contre dès qu’on va en balade c’est plus stressant car les gens se fichent encore pour la plupart des distances et du masque même à l’intérieur…..et j’appréhende un peu le train du retour…..

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  10. Bleck

    (commentaire hors comptage)

    J’ai peur du Covid 19. J’ai peur de prendre l’avion, de choper le cancer des os, que mes enfants déconnent, j’ai peur de la misère et de l’enfermement, que ma femme se barre. J’ai peur de manquer de sous, de ne plus bander que Sarkozy revienne au pouvoir, de faire des apnées du sommeil et du manque de liberté, que mes petits-enfants à venir vivent dans un confort inférieur au mien. J’ai peur d’être égorgé par un barbu, d’être bouffé par les vers, d’avoir une rage de dents, j’ai peur de me casser le col du fémur, de l’AVC j’ai peur bordel, j’ai peur !!
    Je te promets, j’ai peur. Mais je suis vivant, j’ai conscience d’être vivant ET mortel alors le temps qui me reste à vivre je veux vivre il ne s’agit pas d’être irresponsable, ça me semble être d’une sagesse absolue je veux vivre, embrasser mordre aimer chanter à tue-tête rire… vivre.

    Bleck

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    • Ah mais mon ami, si tu aimes Sarkozy je ne suis pas sûre qu’on peut rester copains alors 😉 Pour le reste, par contre, je te comprends, je suis pareille! (sauf que c’est Miss Penny qui mord, ici, pas moi… enfin, pas trop souvent en tous les cas…) 😉

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  11. Bleck

    je viens de re-lire mon (sublime) commentaire, une petite précision s’impose : En cas de retour au pouvoir, je ne tiendrais pas responsable Monsieur Sarkozy de ma débanderie.

    Bleck

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  12. Le repas sur le balcon a dû être très bizarre, en effet. Heureusement qu’il y a eu l’autre chouette repas pour compenser !
    Pour ma part, je suis presque revenue à la vie normale, sauf que je mets généralement un masque quand je vais dans un endroit où il y a du monde, ou dans le train où c’est obligatoire. En fait, je prends quelques précautions, mais sans que ce soit une obsession, et heureusement, ça fait du bien. Je te souhaite que ça puisse bientôt être le cas pour toi aussi.

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  13. Pingback: des visages et des voix qui ne me quittent pas | c'est pas moi je l'jure!

Merci pour vos commentaires que j'adore :)