c'est pas moi je l'jure!

tournent les violons

Tout changement, bon ou mauvais, apporte son lot de deuils. Et en ce moment, je suis en train de me demander ce que j’ai perdu et ce qui a été le plus difficile à perdre, quand j’ai quitté Toronto pour venir ici, en 2009.

A Toronto,

  • Je pouvais facilement utiliser les transports en commun. Ici j’ai pris le métro une fois (lors de mon entretient d’embauche) et je n’ai jamais pris le bus!
  • J’avais acheté un joli petit appartement (au 30ème étage!) et j’en étais fière. Ici, je ne peux plus ressentir ce sentiment “d’être enfin un peu normale parce que je fais ce que les adultes normaux font au Canada.”
  • La famille pouvait facilement venir me rendre visite et dormir dans ma minuscule chambre d’amis/bureau (et mes parents étaient encore ensemble).
  • Dans mon petit département, je voyais relativement souvent mes collègues. Il y avait des gens sympas que j’aimais rencontrer dans les couloirs ou saluer en passant devant leur bureau (d’autres moins). Ici, à l’autre bout du campus de mon département, je vois mes collègues si rarement que je ne saurais même pas les reconnaître si je les croisais dans la rue (et c’est hélas arrivé)!
  • J’avais une chouette copine française, Caribou, et son mari, et on rigolait beaucoup ensemble. On a perdu le contact au fil des ans après mon déménagement, et ils sont maintenant en France.
  • Je pouvais aller à Paris pour le weekend (et je l’ai fait deux fois!) et n’importe où aux Etats Unis et en Europe facilement et rapidement. Depuis ici, tout est à l’autre bout du monde (sauf Vancouver).
  • Il ne faisait jamais -40 ºC et l’hiver ne durait pas six mois!
  • Je pouvais aller manger dans des restaurants réputés, aller écouter des musiciens extraordinaires en concert, et prendre des cours de cuisine géniaux.
  • J’habitais tout près de chez ma frangine américaine–seulement quatre heures de voiture, et j’allais souvent y passer le weekend! Depuis ici, il faut une journée entière en avion pour aller la voir.
  • Les fruits et légumes frais (et le vin) ne coûtaient pas cher et venaient de la région du Niagara juste à côté, il y avait des fromagers et des pâtissiers exceptionnels, et un repas au restaurant ne coûtait pas un bras et une jambe!
  • L’université où je travaillais était de taille moyenne (dix mille étudiants)–ni trop petite ni trop grande. Ici, il y a trente-huit mille étudiants, c’est une autre planète!
  • J’avais beaucoup plus de liberté et de responsabilités au boulot. Je pouvais facilement communiquer avec les gens importants, comme le président et les doyens. J’étais plus “importante” que ne je le suis ici, et mon travail était beaucoup plus apprécié et reconnu par ma hiérarchie et l’université en général.

Je ne dis pas que tout était rose à Toronto, loin de là! Rien que la circulation me tuait au quotidien, sans parler du bruit, de l’humidité atroce, de mon appartement loin du boulot, du métro pourri, des gens agressifs et renfermés, des taxes et impôts mortels, de la grisaille constante, etc. De ce côté-là, ATPN a énormément d’avantages (dont certains que j’ai mentionnés là-bas).

Je parle juste des bons côté de Toronto parce qu’ils ont dû beaucoup me manquer et pendant longtemps. Certains, comme la localisation physique, la bonne bouffe, et la vie culturelle, me manquent toujours énormément.

27 comments

    • Il n’y a pas toujours besoin de se positionner 🙂 Je peux me souvenir de quelque chose avec nostalgie et en même temps apprécier quelque chose de complètement différent. Comme je l’explique dans le post, j’avais juste envie d’essayer de me souvenir des bons côtés de Toronto. J’avais aussi envie de réfléchir à comment je m’étais habituée à vivre sans tout ça, ici, et ce que j’avais trouvé de bien ici pour équilibrer les choses. Je ne regrette absolument rien 🙂 (si tu lis mon blog des quelques mois avant mon départ de Toronto, tu verras dans quel enfer j’étais avec le boulot et combien ces “chers collègues” m’ont abandonnée lors d’un des pires moments de ma vie!)

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  1. Eugènia

    Bonjour , je te lis , les yeux écarquillés et bouche ouverte ( quelle image !!!!) oui , très curieuse et étonnée de tout ce que tu évoques , je suis à mille lieues de ton environnement , je ne connais que ma campagne et les saisons qui rythment mes journées … Quelque part j’envie ton parcours , tes décisions , ton courage , cette carrière qui t’a transportée si loin de ta famille , tes choix ( ou pas ) , tout en mesurant les embûches que tu as traversées , je ne saurais t’en dire plus, sauf que je te souhaite le meilleur … Sincèrement .

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  2. whaou c’était en 2009? j’hallucine, j’ai l’impression que c’était hier ton déménagement, avec ta soeur et Sosso et Calinette (si je me rappelle bien🙄).. il y a du avoir un raccourci temporel 😥
    je me suis toujours demandé pourquoi tu avais quitté Toronto, mais je suppose que c’était pour toi le bon choix..😊
    je ne regrette pas ma vie d’avant, en Lorraine, j’étouffais, nous avons perdu les amis, tant pis, on en a trouvé ici, et la famille ne nous a pas manqué plus que ça..
    je trouve ton moutmout parfait, encore un que j’adopterais avec joie!
    de grosses bises ce matin de nostalgie

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    • J’ai quitté Toronto pour les raisons citées dans mon post (circulation, etc.) qui me bouffaient la vie, les énormes problèmes au boulot, et mon égo 😀 (oui, plus de 11 ans ici, c’est complètement dingue!!!)

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  3. A part peut-être 2-3 points, tu as certainement retrouvé plein de points positifs où tu te trouves maintenant. Ce ne sont pas les mêmes amis, ni le même appartement mais il y a du positif.
    N’oublie pas que beaucoup de gens présentent des symptômes dépressifs en ce moment, ce qui teinte le regard d’une couche noire. C’est peut-être ton cas ces jours. Concentre-toi sur les choses positives actuelles car oui, tu en as, ça va t’aider à retrouver ce regard clair. Je te fais un gros câlin.

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  4. Il est des jours où, si l’enseignement à distance devait devenir permanent, je ne ferais ni une, ni deux et je redéménagerais à Montréal… Et mon cher et tendre serait tout excité! Vivre à ATPN est mieux que Red Deer, mais ce n’est pas le paradis non plus. Et le gouvernement provincial ne rend pas vraiment la province très sympathique non plus (bon, de ce côté, la situation politique au Québec actuellement n’est guère mieux).

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    • Imagine un monde où l’endroit où on habite ne dépend pas du boulot qu’on a 😀 Dingue non? Y’aurait pratiquement plus personne en Alberta 😆 (à part quelques fous du pétrole et des sports d’hiver 😆 )

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  5. Pingback: la chanson vide | c'est pas moi je l'jure!

Merci pour vos commentaires que j'adore :)