c'est pas moi je l'jure!

quand la guerre sera finie

Cette histoire de gens qu’on aime m’a rappelé beaucoup de très bons souvenirs et aussi beaucoup de très mauvais souvenirs. Pratiquement tous les soirs je montais dans mon loft (abominablement surchauffé par la chaleur de la cheminée en-dessous qui y monte) et je passais mes albums de photos en revue dans tous les sens pour trouver les bonnes photos pour mes posts. J’ai aussi trouvé des photos un peu partout dans la trentaine de boîtes de papiers en tous genre et lettres gardés depuis 1995. J’étais en plus juste juste à côté des dizaines de carnets que j’ai écrits à la main avant l’invention du blog, et donc il m’arrivait souvent d’en prendre un au hasard et de ne plus pouvoir m’arrêter de lire tout ça: les commentaires sur les roommates, les engueulades avec les frangines, les voyages un peu partout, les soucis de santé, les déprimes de passage, et puis tous ces petits mots que j’ai collectionnés pendant tant d’années écris par mes amis et mes étudiants et ma famille!

Bref, je vais devoir passer mes vacances à trier tout ça et à organiser mes photos parce que pour le moment, c’est le chenit intégral!

Je voulais juste vous montrer une dernière photo, trouvée vraiment par hasard et je ne sais même pas ni quand ni comment je l’ai eue! Je vous ai raconté que mes deux grands-pères s’étaient battus pendant la deuxième guerre mondiale. Ce que je n’ai pas eu le temps de raconter c’est qu’après la guerre, mon grand-père maternel, qui avait été prisonnier en Autriche pendant des années, a envoyé ses filles en séjours linguistiques en Allemagne, dans la famille Bayer à Stuttgart (je ne sais pas comment il avait trouvé cette famille). Les enfants sont devenus amis, et les parents aussi, et tout ce beau monde est resté en contact depuis! Bien sûr, la génération des parents (de mes grands-parents, donc) n’est plus de ce monde, mais la génération des enfants a continué à s’écrire et à se rendre visite régulièrement. Mes parents ont même choisi le fils Bayer pour être mon parrain (il a ensuite déménagé aux Etats Unis et je suis allée lui rendre visite à Saint Louis avant mon départ pour le Canada).

La photo ci-dessous, donc, est de mon Pépé, mon grand-père maternel, Franco-Italien, en plaine discussion avec ce jeune homme Allemand, mon futur (ou déjà?) parrain. Je trouve cette photo extrêmement touchante.

Quelques années plus tard, mon grand-père paternel, mon Papy, accueillait à bras ouverts le mari Allemand de ma frangine (allemande).

C’est vrai qu’ils étaient des héros, mon Pépé et mon Papy, non pas simplement parce qu’ils se sont battus pour libérer la France des Allemands, mais aussi parce qu’ils ont ensuite réussi à pardonner et à créer un monde sans frontières (et je viens d’apprendre une nouvelle règle de grammaire).

17 comments

  1. Anna

    C’est drôle, le Papy de mon mari a fait la même chose : il est resté en contact avec la famille qui l’a hébergé en Bavière quand il était prisonnier, ses filles ont appris l’allemand et y sont allées en vacances et vice-versa et nous sommes toujours en contact avec la 3eme génération. Quels hommes ! Quelle intelligence d’avoir séparé les hommes de l’idéologie nazie et d’avoir compris que tous les Allemands ne soutenaient pas le régime. Ils nous manquent tous les jours

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    • Belle histoire en effet 🙂 Ma tante (fille de mon Pépé ci-dessus) et ma frangine sont allées en Autriche récemment pour essayer de retrouver la famille avec laquelle mon grand-père vivait quand il y était prisonnier! Tout le monde là-bas se souvenait de lui (après tant d’années!) comme d’un homme généreux et aimant!

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  2. je suis touchée parce que tu écris, car mes deux familles, paternelle et maternelle, habitaient en Moselle, à quelques km de l’Allemagne en 1939, et ont été chacune (de leur côté, elles ne se connaissaient pas encore😉) expulsées dans le sud de la France par les soldats allemands, abandonnant tout derrière eux, et ne retrouvant rien à leur retour en 1945, et je ne te parle pas des morts, des blessés, les horreurs familiales, et de tout le reste inhérent à la guerre. Pour moi, qui suis née bien après la guerre, je n’ai jamais réussi à “pardonner” (pourtant pas touchée directement), et même à l’heure actuelle, je suis très réticente dès que je pense à l’Allemagne. Je n’ai jamais voulu apprendre l’allemand, pourtant langue très parlée en Moselle. J’en suis malheureuse, mais comment changer? je précise que mes 2 familles ne pensent pas du tout comme moi…
    C’est pour cela que j’admire ton grand père, il a été résilient (mot très à la mode) bien avant tout le monde. J’aimerais tant lui ressembler.
    Pourtant, je n’ai aucune réticence avec n’importe lesquels des habitants de cette terre, et j’adore voyager pour rencontrer d’autres personnes, issues de milieux différents du mien, j’adore et j’apprends tant! mes enfants ont fait leurs études à l’étranger, j’ai même un gendre anglais..
    bon vendredi, des bises chère Dr

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    • Ton histoire est très intéressante 🙂 Qu’est-ce que tu ne peux pas “pardonner”? Est-ce que tu as rencontré beaucoup d’Allemands dans ta vie? Et qu’est-ce que ça te permet de faire (ou ne te permet pas de faire), de ne pas pardonner?

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  3. Belle histoire. Je regrette de n’avoir eu que des profs d’allemand antipathiques, ce qui fait que je suis incapable de parler cette langue. Quand elle est parlée par des Allemands, et non des Suisse-Allemands, cette langue est magnifique. A part ça, je n’ai absolument rien contre les Allemands. Voilà 😂

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    • J’ai toujours haïs l’allemand, probablement parce que ma mère l’adorait! Mais j’ai dû passer la Matu avec l’allemand, donc je l’ai très bien parlé et compris, à une époque de ma vie. C’est dommage de l’avoir oublié.

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  4. Touchée également par cette histoire, merci de nous la faire partager, d’autant qu’en ce moment j’ai tendance à être assez pessimiste sur l’humanité en général. Donc, ce genre d’histoire fait du bien 🙂 Et c’est vrai que la photo est belle.
    Et bon courage pour le rangement !

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  5. Merci 🙂 Je ne sais même pas dans quelle langue ils pouvaient bien baratiner ces deux-là! Je ne sais pas du tout si mon grand-père a parlé allemand avec qui que ce soit après son retour. Mais c’est vrai que c’est une photo porteuse d’espoir 🙂

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  6. Céline de Belgique

    C’est une belle histoire. Comme racyle mois dernier, mon grand-père qui avait été fait prisonnier n’avait pas vraiment pardonné et moi ado, cela me perturbais. Mais c’est difficile de juger, je ne sais pas exactement ce qu’il a vécu. Et peut-être que ce mouvement « anti-schleu » était-il amplifié par la famille qui se moquait de lui?
    Mais heureusement la méfiance par rapport aux allemands s’est arrêtée à sa génération dans ma famille.

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)