c'est pas moi je l'jure!

le bord des larmes

Dans mon boulot, on dit que seuls les plus acharnés, les plus coriaces, les plus tenaces y arriveront. Ce n’est pas une question de difficulté ou de complexité mais une question de résistance farouche aux vagues apocalyptiques de découragement qui nous assaillent régulièrement… en tous les cas moi.

Cela fait quatre ans que j’essaye de publier un article dans LE journal le plus important de ma branche. Quatre ans. La première fois, le journal n’a pas rejeté mon article et m’a donné une deuxième chance de tout réviser et de réessayer. Je n’ai pas osé pendant un an, et puis je m’y suis mise, en me disant que je ne pouvais pas laisser passer cette chance. Mais l’article a été rejeté.

Il y a un peu plus d’un an de ça, j’ai décidé que ma première expérience avait été enrichissante et me permettrait de mieux réussir avec un nouvel article (sur le même sujet). Pendant sept mois, j’ai bossé, remplie d’espoir, opiniâtre, résolue. Cette fois-ci, l’article a été rejeté dés la première tentative. Dégoûtée, j’ai failli abandonner mais j’ai profité d’une conférence pour en parler en personne avec l’éditeur en chef du journal qui m’a encouragée à réviser mon article “en profondeur” et à le lui renvoyer.

Cette fois-là, j’ai bossé férocement, dans un dernier sursaut d’espoir, en me répétant à chaque instant que cet article était vital pour ma carrière et que je n’allais pas me laisser faire comme ça! Trois mois plus tard, je renvoyais l’article au journal avec le sentiment que j’y avais mis le meilleurs de moi-même, que je ne pouvais pas faire mieux. Et comme la première fois, l’article n’a pas été rejeté mais pas accepté non plus. “Revise and resubmit.”

Les critiques sont virulentes et abondantes. Les “suggestions” de révisions complexes, contradictoires et considérables. Je tiens ces papiers dans ma main mais je n’ai pas le courage de les lire. Je n’arrive pas à ouvrir ce document révisé tant de fois et dans lequel j’avais mis tant d’espoir. Chaque mot pèse une enclume, chaque idée me répulse, chaque ébauche de changement m’épouvante. Je ne veux pas, je ne veux plus, je ne trouve plus en moi la moindre once de courage. Je suis là, devant mon ordinateur éteint, tétanisée, et même l’idée de l’allumer me donne envie de pleurer.

depuis la tour CN

Vue depuis mon 30ème étage? Non, hélas! C’est la vue depuis là-haut de mon ancien building (la flèche indique l’endroit où j’habitais exactement mais de l’autre côté du couloir). Mon lac me manque…

19 comments

  1. l’image de l’enclume en dit long. J’imagine que tu vas arriver à puiser en toi le courage pour t’y remettre, même si là ta motivation semble scotchée au 3ème sous-sol.

    Quand même se faire publier dans LE journal de ta branche, c’est pas rien! Tu as déjà tellement donné de toi-même, il faut que tu boucles ce dernier boulot dessus, non?
    Mais pas avant d’avoir balancé les enclumes, il ne faut t’y mettre que lorsque tu seras en état de lire critiques et suggestions avec plus de recul, en les acceptant plus sereinement, sans qu’elles te paraissent comme une série d’obstacles… si tout cela te permet de bien être publiée en fin de compte, allez ça vaut le coup de s’y remettre une dernière fois!

    gros bisous la miss, you’re the very best!

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  2. Suis vraiment désolée 😦 Est-ce que tu pourrais envisager de chrcher un “mentoring” auprès de quelqu’un qui a déjà publié et pourrais te conseiller? Si les remarques sont contradictoires je comprends que tu ne saches plus par où commencer, mais si tu essayais de partir de ce qui a plu dans un article publié plutôt que de ce qui n’a pas plu dans le tien, ça pourrait t’apporter un autre angle de vue non?
    Je te souhaite beaucoup de courage.
    PS: et si tu décidais que tu n’en as plus rien à cirer et que tu seras plus heureuse en ne le faisant pas, c’est bien aussi non? parfois il y a des trucs qu’il faut refuser de s’imposer, du moment qu’on sait qu’on pourra vivre aussi bien sans l’avoir fait.

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  3. Oui, courage ! Je connais l’horreur de reprendre et reprendre ses écrits, l’impression de ne pas pouvoir sortir un mot de plus, d’agencer une seule phrase diffèremment, d’approfondir tel point. L’impossibilité de s’y remettre. Ce mot de “tétanisée” décrit fort bien.
    Peut-être pourrais-tu, dans un premier temps, mettre à plat les remarques qui te sont faites, juste pour les comprendre et ne pas oublier, mais surtout sans te forcer à rédiger. Puis laisser reposer le tout avant de t’y remettre.
    Ca vaut le coup sûrement d’etre publiée in THE journal.
    Courage. Dis-toi que tu n’es pas seule à traverser de tels affres (et c’est horrible, je confirme, mais on s’en sort).

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  4. je ne connais pas assez bien ton domaine, mais même si c’est LE journal de ta branche, ce n’est pas le seul existant, et parfois il vaut mieux publier ton article dans une autre revue, plutot que 1/ le réviser tellement qu’il ne reflète plus ce que tu voulais dire ou pire 2/ renoncer à le publier. Les spécialistes intéressés le liront là aussi.
    (Je suis payé pour savoir que c’est ce qui décourage le plus, en tant que chercheur, vu que j’ai renoncé en grande partie à cause de ce problème d’articles à réviser, reprendre, jusqu’à laisser tomber.)

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  5. Pose cette enclume de papiers de cote un moment, va te rafraichir les idees dehors, oublie la deception, la boule d’angoisse dans la mesure du possible…et revient plus decidee et determinee quand tu le sens en toi!
    Je t’embrasse 🙂

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  6. Je suis vachement d’accord avec ce que dit tirui.
    Et puis… mince alors ! Tu écris ça juste pendant que je me dis qu’il va bien falloir que je l’écrive ce papier à soumettre à THE revue de ma spécialité… arrête tu me fais peur 😉
    Je t’envoie plein de courage.
    Y’a aussi un truc, je sais pas dans quoi tu bosses exactement, mais je me souviens que la fois où je m’étais fait détruire en séminaire à coups de mauvaise foi caractérisée, mon directeur de thèse m’avait souri en me disant : “Tu sais… des fois c’est plutôt bon signe de susciter de telles réactions”
    Allez, courage 🙂 Soumets à une autre revue, et puis tu reviendras à celle-là plus tard, quand ça te chantera à nouveau et que tu ne le ressentiras plus comme une charge.

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  7. Courage, Doc ! Commence par faire une pause. Il n’y a pas un parc au bord de ton lac, où tu pourrais aller te ressourcer avec un bon bouquin ? Et puis tu reprendras ton article, et un jour ça va marcher. Bises et ronrons de réconfort et d’encouragement.

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  8. ouhla
    mais ce sont des teignes ou bien?

    effectivement il te faudrait quelqu’un “de l’intérieur” pour pouvoir mieux cerner le problème (si réel problème il y a ?!!?)
    et puis les autres revues peut-être elles sont moins chiantes?

    en touscas, des bisous, tu es bien courageuse je trouve 🙂

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  9. Et pourtant j’aimerais tant que tu le rallumes ce foutu ordinateur… et pourtant j’aimerais que tu te remettes à l’ouvrage après que le plus dur soit digéré… et pourtant j’aimerais qu’il soit encore plus fort la prochaine fois… et pourtant j’aimerais que tu n’aies pas mes regrets parce que moi j’ai abandonné et les regrets je ne pourrais jamais les reprendres et leur donner une nouvelle forme, ce ne seront jamais que des regrets…
    Et ça me permet de t’embrasser amicalement… faut bien un avantage à cette mauvaise histoire…

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  10. Courage ! *bisous réconfortants*
    Peut-être que tu pourrais soumettre cet article à une autre revue importante de ton champ de recherche, histoire de ne pas le perdre, et de rassurer?
    J’en traine un depuis 3 ans aussi, qu’on m’a fait réécrire dans tous les sens et qui pourtant ne semble jamais être assez bon :/
    Pas moyen de contacter un reviewer pour avoir plus de précision sur ce qu’ils attendent?

    *laisse un morceau de fondant au chocolat*

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  11. 😦 C’est pas cool tout ça non, non, non. Bon j’espère que tu vas trouver le courage de t’y remettre quand même. “100 fois sur le métier tu remettras ton ouvrage…” Je sais pas d’où sort cette citation, mais bon… Courage docteur!

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  12. En effet, c’est dur, très dur. Il me semble que si j’étais à ta place, je ne saurais plus penser. Quoiqu’il en soit, “il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer”. Je trouve cette phrase très juste, si l’on parvient à la mettre en pratique. C’est peut-être justement maintenant qu’il ne faut pas lâcher. Ou peut-être qu’il faut te laisser couler au fond du découragement, boire toute ton amertume, trouver cela écoeurant et recommencer parce que, forcément, la situation que tu décris a ceci de positif qu’elle ne peut que s’améliorer.

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  13. En même temps, t’y ferais quoi si tu l’avais, le lac? Te jeter dedans? Désolé, mais j’peux pas te laisser faire. Va falloir que tu restes au fin fond de ta plus long rue du monde. :p

    Si les commentaires sont contradictoires, alors contacte les critiques directement. Vois avec eux, travaille avec eux, pour être sûre que ce que tu fais correspondra à ce qu’ils veulent. Bon courage, en tout cas.

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  14. Je comprends très bien tout ça, tu sais, puisque je travaille justement pour deux de ces revues qui envoient des “Rejections” et des “Revise and Resubmit” à tour de bras… Et pourquoi ne pas renvoyer dans une autre revue, après tout?

    La revue dont je m’occupe le plus a un taux d’acceptation de 20%. Et même les articles rejetés sont brillants, et écrits pas des chercheurs de renom. Il ne faut pas de décourager. Ca va finir par marcher!

    Courage, allez! Je t’envoie plein de soleil et de pensées positives! 🙂

    (et une bise en plus aussi)

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)