J’ai oublié ma vie. Pas toute ma vie, mais environ 80% de ma vie. Et je crois que c’est mieux ainsi, même si ce n’est pas très pratique, parfois.
De ma jeunesse, j’ai pratiquemement tout oublié. Je ne me souviens que de quelques épisodes souvent désagréables de ma vie et de sentiments de peur, de déprime, de solitude. J’ai aussi quelques souvenirs de bons moments avec ma copine Michèle. De ma vie en Suisse, il me reste des bribes de souvenirs d’amis, de travail, d’appartement, de Nouchka, de piano, de voyages. Mais c’est bizarre, ces souvenirs ne sont pas commes des petits films mais plutôt comme des cartes postales, figées, sans début ni fin, comme des diapositives de moments de ma vie. Parfois, j’ai l’impression d’être un arbre sans racine. Parfois, j’ai l’impression que derrière moi, il y a juste un grand trou noir, un vide qui ne peut être rempli par-ci par-là que par les quelques souvenirs que les gens qui me connaissent ont de ma vie.
Une psy m’a dit un jour que c’était parce que je suis déprimée. Je pense que c’est un méchanisme de survie. Au début, je n’avais pas le choix, et maintenant, c’est devenu une habitude. Heureusement que j’ai un blog 🙂
Quand je ne me souviens pas de quelque chose d’important comme un nom, une date, un événement particulier, je vois ma mémoire comme un résaux d’autoroutes, genre Los Angeles, et j’essaye de me dire que j’ai simplement perdu la carte routière qui me permettrait de retrouver quelle route il me faut prendre pour retrouver l’information. La carte peut être plusieurs choses: des sons, des odeurs, des goûts, des couleurs, des noms, des gestes, des mots… quelque chose qui soudain me remettra sur la bonne route pour retrouver le souvenir en question. J’essaye d’imaginer les milliers de connections dans mon cerveau, physiquement, réellement, et de me dire “OK, l’info dont j’ai besoin n’est pas ici, où est-ce que j’aurais pu la stocker d’autre?” Et puis “qu’est-ce qu’il me faut comme “carte” pour retrouver cette info?” (par exemple, qu’est-ce que j’étais en train de manger quand j’ai lu cette information? Avec qui j’étais quand j’ai entendu parler de ça? Qu’est-ce que j’étais en train de faire quand j’ai vu ce objet la dernière fois? Quel temps est-ce qu’il faisait le jour où j’ai appris ça?). Parfois ça marche, parfois je me dis que j’ai un “senior moment,” comme on dit en anglais (un moment typique de personne âgée).
Aujourd’hui, pas de recette mais ce cadeau ces dieux: un crotin de chavignole très, très, très sec! Si sec et si rare, même, que j’en avais les larmes aux yeux quand je l’ai trouvé, par hasard, dans un petit magasin de fromages devant lequel je passe les jours où je conduis, en revenant du travail. Ce trajet devient dangereux: à l’allée, il y a une petite pâtisserie aguicheuse. Au retour, il y a ce magasin de fromages…
C’est la première fois en 12 ans de vie en Amérique du Nord que j’ai trouvé de ce fromage, du vrai de vrai bien sec, mon fromage préféré au monde. Et malheureusement, ce n’est pas tous les jours que je pourrai me l’offrir, comme il vaut de l’or ($9.00 pour UN crotin) comme son copain le roblochon ($9.00 pour UN QUART de roblochon)! Mais parfois, une bonne tartine de fromage vaut tous les prozacs du monde, alors le sacrifice n’en est plus un…
PS. Attention, grand concours à venir la semaine prochaine 🙂 Préparez vos atlas!
PPS. En réponse à Sébastien, voilà le charmant temps qu’il faisait ici hier soir:
c'est pas moi je l'jure! 
Tu as bien raison : un bon fromage, c’est excellent pour le moral 😉
Depuis quelques semaines, j’achète assez souvent un très bon camembert que je trouve au supermarché. J’ai découvert qu’il était un dollar moins cher chez Provigo que chez Métro puis, comble de joie, je me suis rendu compte cette semaine que mon marchand de fruits et légumes, où tout est assez cher, vend le même camembert (authentique) 2 $ de moins ! Pourquoi je m’en priverais ?
Il suffit d’une pointe de camembert pour sentir tout mon être communier avec les bonnes choses de la vie 😉
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Je ne connais hélas pas ce fromage, par contre je connais l’ivresse de trouver l’introuvable! Pour moi, il peut s’agir d’une petite cannette de V8 que je trouve seulement à une petite épicerie de St-Sulpice!
Je ne remercierai jamais assez le ciel de m’avoir fait entrer là un jour 🙂
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oh mais comme c’est affiné ça, du crottin bien sec, tu dois pouvoir t’en faire envoyer par la poste non ?
En courrier prioritaire et dans un emballage adapté, ça devrait voyager tranquille, surtout en hiver ou il ne fait pas trop chaud dans les entrepots 🙂 .
si t’as besoin qu’on te fasse les courses à distance n’hésite pas à demander hein 😀
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madeleine dans le thé, anyone? :D.
Pour moi aussi, j’ai des souvenirs comme ça, “figés”. Et oui, j’associe des sons, des odeurs, à plein de choses, que ce soit une de ces cartes postales de mon enfance, ou bien un état d’esprit, un sentiment. Assez bizarre.
Et tu dis “heureusement que j’ai un blog”? Mais qu’est ce que ton blog, à part une succession de “cartes postales”? Photo d’un état d’esprit passager, on ne peut plus éphémère, parfois, de ce que tu vas ressentir à l’instant T…
Bah… la seule chose qu’il te reste à faire, c’est tout bêtement de continuer à vivre, histoire de créer de nouvelles cartes postales pour tapisser les murs de ton cerveau 😉
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je crois que c’est caractéristique des gens qui déménagent plusieurs fois et loin. Faut d’entretenir ses souvenirs en passant et repassant maintes fois dans les endroits où on a vécu telles et telles choses, de revoir les gens qui sont liés à nos souvenirs, ils disparaissent. Bien plus que pour les gens qui passent toute leur vie au même endroit, avec les mêmes gens.
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À la lecture du commentaire de Tirui, je me demande si les gens qui déménagent plus souvent sont plus susceptibles que les autres d’oublier leurs souvenirs ou si, au contraire, les gens qui déménagent souvent ne sont pas plutôt (dans bien des cas, tout au moins) de personnes qui n’arrivent pas à se sentir vraiment bien quelque part et qui cherchent ailleurs ce qu’elles n’arrivent pas à trouver à l’endroit où elles se trouvent. J’ai un ami comme ça : il arrive quelque part où il rêvait d’être que déjà il a envie de repartir ailleurs (toujours à vivre à côté de lui-même). Bien entendu, il y a les cas où les déménagements sont nécessaires pour la poursuite d’objectifs précis…
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Moi non plus je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ma jeunesse ; je n’y avais jamais pensé, mais Tirui doit avoir raison, j’ai beaucoup oublié depuis que j’ai quitté ma ville natale !
Comme il paraît que les souvenirs d’enfance sont tout ce qui reste aux personnes âgées, je me demande : est-ce qu’ils reviennent ou est-ce qu’on n’aura plus de souvenirs du tout ?
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Alcib, je suis contente de voir que je ne suis pas la seule a apprecier les bonnes choses de la vie 🙂
!Beo! huhu, c’est vrai que c’est bien bon le V8 🙂
krysalia, j’en ai recu une fois par la poste, c’etait tres drole… mais ca doit quand’meme couter plus que de l’acheter ici, je crois 🙂
elPadawan, c’est vrai pour le blog 😦
tirui, tres interessante remarque! Tu as peut-etre raison 🙂
Alcib, moi je me sens tres bien ici (quand il ne neige pas ou ne fait pas -50, of course). Je ne sais pas, c’est bizarre, faudrait etudier ca 🙂
Lune, il parait que meme quand on a Alzeimher, on peut quand’meme se rappeler des chansons qu’on chantait quand on etait petits… c’est deja ca 😉
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dr caso> pour le prix, tu me fais douter, mais vu qu’un crottin bien sec ici c’est deux ou trois euros, et que ça ne pèse plus rien quand c’est bien sec, je pense que ça doit rester rentable quand même 😀
je chercherai si j’ai l’occasion ! 😀 .
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si je calcule juste tu as par jour 4579200 visiteurs par jour ! 😀
Moi j’en suis loin 😦
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j’ai cherché un peu, le port france amérique du nord en prioritaire c’est 5,50€ pour 500grammes. disons que si tu connais quelqu’un qui va à une foire aux fromages ou qui peut se rendre chez un producteur, ça peut le faire, sinon en effet ça risque d’être moins rentable avec des fromages d’épicerie fine (comme je viens d’en voir sur le net) . Dommage, c’était trop beau ! Et je compatis parce que la vie presque sans bon fromage de chèvre, j’ai du mal à l’imaginer 🙂 .
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krysalia, hélas, le cours du crotin suit de près celui du baril de petrol 😉
Valérie 😆 heu, pas tout à fait. Le coup des visites par secondes dans le menu de gauche c’est le total des visites qu’il y a eu sur ce blog depuis que je l’ai ouvert, en réalité 😆
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hummm, du chèvre…je crois que je m’accorderai ce plaisir pour mon anniv, si j’en trouve! 😉
J’ai eu du -12 et qq ce WE, j’avais oublié cette sensation de froid!! je suis contente de ne plus avoir à subir ça!! 😉 courage tu en as plus que pour 2 mois! hihi
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Lais t’es dans mes liens, voyons !!! Pas de cuisine mais dans la catégorie “ailleurs” : en fait j’ai retiré le vieux lien et mis le nouveau, c’est + simple 🙂
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Quoi pas de crotin au Canada,pffffff je reste chez moi a bruxelles ,ici il y en a plein (même sur les trottoirs beurkkkkkk
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Difficile de comprendre ce qui fait que certains souvenirs passent au travers du tamis et d’autres pas. Pour ma part, j’ai évidemment des zones d’ombre, mais surtout, une chronologie illogique. Les souvenirs surgissent en fonction du moment, dans un désordre avec lequel on finit par se familiariser… ;o)
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