c'est pas moi je l'jure!

un tramway nommé Désir

Alors que je commence ce post, une tempête de neige fait rage dehors, et je me souviens avec nostalgie du soleil de la Nouvelle Orléans… Et puis je me dis qu’on a quand même de la chance ici, parce que le pire qu’il puisse nous arriver c’est des blizzards pendant l’hiver et quelques petites tornades pendant l’été, trois fois rien comparé à l’ouragan Katrina qui a frappé New Orleans si violemment en août 2005.

La ville s’est remise sur pieds de façon incroyable et aujourd’hui, les touristes y affluent du monde entier. Entre ses quartiers historiques, ses festivals, son carnaval, ses parades à n’en plus finir, ses bayous, sa nourriture, son langage, Katrina, et sa géographie si unique, la ville a su tirer parti de tous les aspects de son histoire et de sa culture pour en faire profiter ses visiteurs au maximum. C’est un exploit! J’en suis profondément admirative!

C’est peut-être pour ça que j’ai aussi été si profondément choquée par ce que j’ai vu dans les quartiers les plus dévastés par Katrina. Toute métropole moderne est faite de contradictions, du plus riche au plus pauvre, de succès et d’échecs, mais pour moi, New Orleans remporte la palme d’or du clair-obscure et de la résilience. Cinq ans plus tard, la ville semble flambant neuve à première vue, et pourtant, ses cicatrices sont indiscutables et sévères. A m’en briser le coeur.

Je vous conseille d’aller voir une petite vidéo sur le site de l’association Make It Right de Brad Pitt. Sur cette page, il y a une photo de lui avec marqué “Video: our progress.” Cliquez dessus rien que pour voir les images. Vous comprendrez encore mieux mes photos (sur lesquelles vous pouvez cliquer pour les voir en plus grand).

Début du tour en bus: on traverse les portes qui protègent la ville du Mississippi.

En réalité, lors de Katrina, ces portes ont empêché l'eau de s'échapper de la ville!

Il y a beaucoup de canaux d'évacuation d'eau depuis la ville... mais lors de Katrina, l'eau a remonté les canaux pour noyer la ville!

Dans le "Lower 9th ward" (partie la plus touchée par Katrina parce que la plus en-dessous du niveau de la mer), je dirais qu'une maison sur 3 est ainsi abandonnée.

Ces grands emplacements vides, autour des maisons, sont là où les maisons (ou des magasins ou des centres commerciaux) ont été emportées par l'eau ou complètement détruites après Katrina.

Maison et studio de Fat Domino, entièrement détruits et reconstruits (il a réussi à se sauver par le toit de sa maison puis en hélicoptère).

Beaucoup de maisons sont tout simplement abandonnées parce que les travaux de démolition sont très chers et toxiques.

Il a fallu 4 semaines pour que toute l'eau soit pompée de ce quartier: eau de mer + essence des voitures + acide des batteries + moisissures + égouts + cadavres, etc.

Dans ce quartier, l'eau est montée jusqu'à 4,5 mètres! Moi, je fais 1,5 mètre...

Chacune de ces maisons représente une vie de labeur... pour rien...

Des hôpitaux entiers et des écoles ont dû être fermés à cause des dégâts et n'ont jamais pu rouvrir depuis.

Différents niveaux d'eau dans les différents quartiers. C'est le Lower 9th ward qui en a eu le plus!

Nouvelles constructions par l'association de Brad Pitt.

La Lower 9th ward était habitée surtout par des musiciens. Aujourd'hui, des efforts sont faits par la ville pour rapatrier ces musiciens.

Le plus frappant, c'est que ces maisons abandonnées côtoient des maisons aujourd'hui habitées.

Certaines rues semblent renaître... et puis juste à côté c'est le chaos et le vide...

C'est du nom de cette rue que Tennessee Williams s'est inspiré pour sa célèbre pièce de théâtre. Il y a effectivement eu pendant longtemps un "streetcar" qui voyageait entre Canal Street et Desire Street.

Digue et mur de protection.

Les murs de protection de la 17ème rue ont cédé à cause de la force des courants de l'eau qui remontait les canaux + les vents très violents.

Course d'avirons.

Observateurs de la course d'avirons depuis le haut de la digue.

On monte une digue...

Et voilà le Golf du Mexique! Petit port d'aisance, restos sympas, jolies plages...

Il a fallu des mois pour démêler les centaines de bateaux empilés les uns sur les autres dans le port!

Sur la digue, on peut faire du vélo pendant des kilomètres et des kilomètres...

Encore une digue, avec à gauche une énorme usine de pompage/contrôle des eaux construite après Katrina.

Je peux vous dire que pendant toute cette visite, mes oreilles cliquettaient, comme quand on est dans l'avion!

Tristement célèbre canal de la 17ème rue, première digue à lâcher. On voit que tout a été reconstruit et réparé il n'y a pas si longtemps.

La plupart des cimetières sont "externes," à New Orleans.

Les corps ne sont pas mis dans des tombes creusées dans la terre puisque NOLA est construite sur un marécage!

Ces caveaux permettent aussi aux membres des familles d'êtres réunis.

Après la désolation, il y a les quartiers riches (quartiers universitaires, entre autres).

Mais mon appareil photo est mort lors du passage de la dernière digue alors ces dernières photos sont... les dernières...

Beaucoup de ces magnifiques maisons sont des Bed & Breakfasts maintenant.

Je crois que c'est la Faculté de Droit de Xavier University.

Et pour terminer, un retour à l'héritage français de la Nouvelle Orléans, avec la maison Edgar Degas, où ce dernier a peint les toutes premières peintures "impressionnistes" du mouvement impressionniste! C'est maintenant un musée et un B&B.

En fait d'héritage français, saurez-vous deviner d'où vient cette étrange structure? Les parisiens d'un certain âge trouveront peut-être...

Ici s’achèvent mes reportages sur la Nouvelle Orléans. Peu de villes américaines sont aussi surprenantes, complexes, magnifiques, et blessées à la fois. Peu de villes m’ont fait une telle impression, dans ma vie. J’espère que vous en avez aimé la visite guidée 🙂

14 comments

  1. eh ben, t’en as vu des choses ! du coup nous aussi 😆 (et tant mieux !)

    j’adore ces architectures, autant les maisons simples dont tu parlais plus haut (surtout la première avec son sous bassement rouge), que les maisons luxueuses. Je trouve ces tombes extérieures fascinantes aussi (merci pour l’explication !)

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    • De même 🙂
      (Si cette petite phrase n’est pas une preuve de flemme excessive à elle seule, je sais pas ce que c’est…)
      En tout cas c’est intéressant les maisons habitées au lieu des maisons abandonnées, ça évite un peu le côté “quartier fantôme”, non ?

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  2. Les Halles ? (pour la dernière photo) En tout cas ça respire son Gustave Eiffel à plein nez. 😉
    Sinon j’aime beaucoup la photo du canal de la 17e rue parce qu’on se rend bien compte *à quel point* les maisons sont construites en-dessous du niveau de l’eau…

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    • Disons qu’il a essayé d’autres choses que moi (j’aurais voulu essayer le Café du Monde mais il fallait fait la queue pendant des heures à tout moment de la journée, alors bof), mais il y est allé en hiver alors c’est moins joli et il a beaucoup moins de photos 🙂

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  3. Merci de m’avoir accompagné pendant ce voyage 🙂

    Alors la dernière photo, c’est l’ancien restaurant de la Tour Eiffel qui a été démonté quand on a découvert que la tour était trop lourde et qui a été remonté à la Nouvelle Orléans comme restaurant, the “restaurant Eiffel,” ouvert en 1986.

    “The restaurant’s hegira began in 1981 when engineers noted that the tower, built for the 1889 Paris Exposition Universelle, was sagging. They decided that the restaurant, which had been placed there in 1937, was too heavy and must be removed….

    The old restaurant, its metal walls stripped and repainted beige, is surrounded by a glass-walled terrace. The terrace, the more informal of the dining rooms, has decor that Mr. Onorio describes as ”quasi-decadent,” suggestive of France in the 1930’s.

    In the old dining room the furnishings have been custom-made to reflect the restaurant’s former life as a grand Parisian cafe. The centerpiece is a copy of the old bar, topped by a metal and etched-glass awning, with a skylight above. The whole evokes the 19th-century entrance of a Paris Metro station. The kitchen, which once shared quarters with the bar in the restaurant’s center, has been moved into a connecting building.” (article du New York Time par Frances Frank Marcus, 10 décembre 1986).

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  4. Merci pour toute cette série très intéressante! 🙂 J’ai fait lire tes billets à la maman d’une amie qui s’envole pour NOLA dans une semaine, et elle trépigne encore plus d’impatience!

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)