c'est pas moi je l'jure!

pour le plaisir de partir

Cette semaine, ici, c’est Reading Week, ou, comme les Américains l’appelle, Spring Break. Les vacances, quoi. Mon centre est ouvert donc je ne suis pas vraiment en vacances, moi, mais je ne devais pas enseigner mon cours ce lundi et mercredi.

Normalement, j’aime les vacances, c’est sûr, mais j’adore aussi enseigner, c’est LE truc que j’aime dans la vie. Mais dimanche, j’ai soudain réalisé que j’éprouvais un soulagement absolument incroyable à l’idée de ne pas devoir enseigner cette semaine. Je n’ai jamais ressenti un tel soulagement, c’était aussi intense que si on me disait que je ne devais plus payer de loyer tous les mois pendant deux ans! Un truc dingue! C’est là que je me suis rendue compte que mon épuisement physique et mental avait atteint de nouveaux sommets.

Et puis mardi, j’ai reçu une lettre remplie de fiel et de mépris, une preuve de plus que ma hiérarchie voulait se débarasser de moi l’année dernière et me fait maintenant chèrement payer le fait que je sois encore là. J’en ai pleuré de rage et de découragement toute la nuit.

Alors ce matin, au lieu d’aller au boulot, je suis allée à ma banque pour demander à ma banquière si j’aurais assez d’argent pour vivre un an sans salaire. Au cas où je démissionnerais de mon job demain.

J’en suis arrivée là.

La seule chose qui me retient de répondre à cet ignoble email “Please consider this my letter of resignation as of today!” est que les vacances d’été arrivent dans deux mois et ça serait con de ne pas profiter d’un salaire pour ne rien faire pendant quatre mois (en supposant que je ne serai plus directrice de mon centre à ce moment-là).

Ma banquière m’a dit que je pouvais vivre un an sans salaire mais qu’il fallait que je me renseigne à propos de ce qui arriverait à mon assurance maladie et mon plan de retraite. Je vais donc téléphoner à nos Ressources Humaines demain pour demander plus de détails et aussi quels sont mes droits–l’idéal serait que je puisse prendre un an de congé (non payé donc) mais reste prof ici, légalement, au cas où je ne trouverais pas de boulot l’année prochaine non plus.

Non, en fait l’idéal serait d’avoir un congé payé, mais ça, je n’arrive toujours pas à savoir comment y arriver! (Oui je sais, en France et en Suisse c’est super facile, blah blah blah. Malheureusement, le Canada n’est ni la Suisse ni la France.)

campari

Le cocktail du jour n’est pas un cocktail mais une boisson on the rock: le Campari.

C’est une liqueur d’orange amère et d’herbes aromatiques. Je n’ai jamais aimé cet alcool mais l’autre jour j’ai fait des endives au gratin et je me suis dit que c’était idiot d’adorer les endives (et leur amertume) mais de ne pas aimer le Campari. Donc j’ai essayé on the rock (et non pas on the rocks, parce que j’avais juste assez de place pour un seul glaçon dans mon petit verre, mon shot glass), juste pour voir, et aaaaahhhhhhhhh c’était amer à mourir! J’avais l’impression de boire du concentré de jus d’endives en pire!

Réussite: 4/10. Je dois avouer que je n’ai pas réussi à finir mon petit verre, mais je réessayerai en le mélangeant avec d’autres alcools et jus de fruits, je ne me déclare pas vaincue!

21 comments

  1. Je vais faire ma chiante et je m’en fous. Un congé payé…ou non, ne changera rien à tes problèmes. Oui, tu profiteras de ne faire que ce qui te plaît, mais le jour de la reprise tous tes ennuis passés seront là pour t’accueillir. Apprends d’abord à prendre du recul et ensuite tu réaliseras qu’un congé d’un an n’apparaîtra plus comme LA solution.

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    • Geneviève

      Je pense que Dr CaSo, rendue où elle en est et vu ce qu’elle raconte ici depuis des mois et des mois, a largement appris à “prendre du recul et réaliser qu’un congé n’est pas la solution”. Sauf que le problème, c’est que la solution, c’est trouver un autre boulot… qui ne pousse pas dans la prairie.
      Donc “faire la chiante”, franchement, je vois pas ce que ça apporte, en l’espèce.

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    • Cela fait un moment que j’y travaille, à “mes problèmes” et je suis d’accord que je n’ai pas tout résolu, mais je crois aussi sincèrement que tout ne vient pas de moi. Je ne suis pas la seule à le penser, tu te souviens des milliers de personnes qui se sont battues pour moi l’année dernière? Ce n’était pas “mon problème” ça, c’était bien plus que ça! Faut pas toujours se blâmer non plus, parfois on est réellement entourés de cons et c’est ça le problème!

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  2. Narayan

    J’aime l’amertume du Campari justement ! Tu peux adoucir en faisant le classique Campari-Orange ou en faisant LE coquetelle branchouillé à Paris , le Spritz (la recette d’origine est au Campari) ou le classique Americano. Pour le job ça mérite un tchat. ❤

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    • Tu ne crois pas si bien dire, avec Charybde et Scylla! Ce matin j’ai encore reçu un email qui prouve, pour la centième fois, que ces gens se foutent de ma gueule et n’ont aucun respect pour moi! Je pourrai bientôt dire que j’y suis habituée et que ça ne me fait plus rien, mais ce n’est quand même pas très agréable!

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  3. Geneviève

    Ma CaSo je t’embrasse, puisque je ne puis faire que ça. Ta hiérarchie est une ignominie sans nom. Le fait que tu te battes seule, et qu’ils le savent, est écoeurant. Je sais “how it feels” (au Québec je te dirais “comment tu files” mais ahem, je suis chez une linguiste… #rires) d’avoir l’impression d’être prise dans un cul-de-sac. Mais je t’admire pour l’énergie que tu mets à trouver la fenêtre de sortie. Je continue d’y croire pour toi : quelque chose va finir par s’ouvrir. ❤

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    • Merci 🙂 Il faut que quelque chose de positif se passe, ce n’est pas possible autrement. Sinon, ben je n’ai plus qu’à me transformer en barwoman ou … je ne sais pas, je ne vois rien d’autre comme sortie pour le moment…

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  4. A l'ouest

    Maintenant que tu connais l’amertume du Campari tu vas pouvoir essayer (ou non) la Gentiane auvergnate 😄
    Bon courage pour cet épisode difficile de ta vie. Les transitions ne sont jamais faciles… Ici l’homme se pose des questions sur sa carrière ou plus précisément sur son équilibre boulot-famille. La branche dans laquelle il se trouve en ce moment ne convient pas à cet équilibre. Il y a de la reconversion dans l’air… il a envie de voir grandir ses enfants (et moi de l’avoir à mes côtés !)

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    • J’espère que ça marchera pour ton homme 🙂 Les reconversions ne sont pas faciles à “nos âges” et ce qui me fait encore plus peur c’est d’être seule. Heureusement qu’il y aura toujours du Campari 😉 (ou plutôt du Cognac, hehe…)

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  5. Ouh la la! ça ne s’arrange pas tout ça….je ne peux que te souhaiter que de jours meilleurs arrivent rapidement et te dire que je n’ai jamais bu de Campari…..j’en ai pourtant déjà bien goûté des trucs à mon âge avancé!….et ton avis ne me donne pas envie d’essayer….

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    • Huhuh, ce n’est pas si pire, il faut juste s’y mettre doucement. Si tu aimes les endives, tu devrais aimer le Campari 😉 J’y ai regoûté ce soir en le mélangeant avec d’autres trucs plus buvables et c’était pas mal du tout!

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  6. Mouais ça s’arrange pas tout ça 😦
    Donc même si tu veux rester (pour les amis entre autre) ça parait quasiment impossible de continuer dans cette universitée 😦
    J’te jure la vie n’est décidément pas un long fleuve tranquille!!

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