c'est pas moi je l'jure!

j’en déduis que je t’aime

Quand il fait trop froid pour être honnête, je me donne la permission de rester au lit toute la journée et de regarder des séries télé super intellectuelles comme Hawaii 5-0 (qui se dit five-oh et non pas five-zero).

Et là, dans l’épisode d’aujourd’hui, c’était terrible, parce que Captain Lou Grover va à Chicago pour témoigner contre un ami qui a tué sa femme, et ses anciens copains flics sont super fâchés contre lui. Heureusement, Will, le fils de Lou, se rend compte de combien ce témoignage est difficile pour son père et lui dit qu’il est fier de lui, alors l’épisode se termine sur ce magnifique moment où Lou fait un gros hug à son fils et lui dit “I love you, son” et Will lui répond “I love you too, dad.”

Quand j’étais petite, on n’avait pas la télé mais mes parents en ont acheté une après mon départ de chez eux (le silence qui a suivi mon départ devait être trop pénible à vivre, haha). Ils ont commencé à regarder La petite maison dans la prairie, et rapidement, c’est devenu un gag familial de dire “je t’aime tu sais” avec une voix cucul comme dans chaque épisode de La petite maison dans la prairie–Laura faisait une bêtise, ça créait des problèmes, mais heureusement son père, Charles, allait la sauver. Et même s’il était fâché, Charles disait toujours à Laura, à la fin, “je t’aime, tu sais” et Laura répondait “moi aussi je t’aime, papa.” On trouvait ça d’un cucul, mais d’un cucul!!!

On trouvait ça cucul parce que nos parents ne nous disaient jamais ça, à nous, dans la “vraie vie.” Déjà, ma mère n’aimait pas du tout le contact physique alors les hugs et les câlins on ne connaissait pas. Et puis les engueulades et les insultes étaient monnaie courante à la maison, alors les compliments et les “je t’aime” on ne connaissait pas non plus.

Mais bon, j’ai quitté la maison de mes parents il y a 27 ans, et les choses ont beaucoup changé depuis. Dans leurs lettres (d’abord en papier puis électroniques) après mon départ pour les Etats Unis, et quand je leur rendais visite, mes parents sont devenus plus ouvertement affectifs. Et avec le temps, c’est devenu de plus en plus manifeste, surtout après la séparation de mes parents. Mais je crois que pour mes frangin/frangines et moi, ça a toujours été étrange et inconfortable et nous n’avons jamais vraiment réussi à nous y habituer.

Dix ans aux Etats Unis, pays des hugs par excellence, et douze ans au Canada (pareil), n’ont pas réussi à me changer. Je n’aime toujours pas ces hugs nord-américains ni les moments d’émotion ni les “je t’aime” ou autres déclarations. Depuis deux-trois ans, ma mère est de plus en plus démonstrative et semble avoir besoin de ce genre de “retour affectif” de la part de ses enfants, alors bon, on le fait (comme on peut) parce qu’elle est malade. Mais les coups et les insultes et la distance affective de notre enfance sont bien gravées en nous, et ce n’est pas demain qu’on va se jeter dans les bras de nos parents en leur disant, comme Laura Ingalls à son père, “je t’aime, tu sais!”

Avec elle, j’ai aucun problème pour les câlins 😉

21 comments

  1. alcib

    Je dis sans cesse à Rupert que je l’aime et lui, plus pudique, ne dit rien ; mais je sens bien, dans son regard, qu’il m’aime.
    L’autre jour, en raison du temps très froid, peut-être, Rupert n’a pas rencontré dans la rue beaucoup d’admiratrices et admirateurs ; ses amis habituels étaient occupés ailleurs, et les chiens sans doute aussi. Nous avons tout de même passé beaucoup de temps dehors, à jouer, à marcher un peu… Après sa dernière sortie de la journée, nous sommes rentrés, nous avons mangé (lui d’abord, moi ensuite) ; il est allé s’asseoir sur son matelas et a demandé que le lui montre des vidéos sur l’écran de télé… Habituellement, il s’endort après quelques minutes ; mais, ce soir-là, je l’entendais, non pas se plaindre, mais il émettait des sons, comme s’il s’impatientait de ne pas pouvoir dormir… Je travaillais à l’ordinateur… Il s’est finalement levé et il est allé s’asseoir sur le canapé, en face de moi. Je sentais qu’il voulait quelque chose, mais son attitude ne ressemblait à rien que je puisse décoder facilement. Je me suis alors souvenu qu’il semblait un peu triste de ne pas avoir eu une journée bien remplie sur le plan social. Je me suis levé, je suis allé m’asseoir près de lui, je l’ai serré dans mes bras : habituellement, il ne faut pas que cela dure trop longtemps ; mais cette fois-ci, il semblait apprécier que je l’embrasse… Puis je lui ai parlé tout doucement, lui disant notamment que je l’aimais, que je comprenais son insatisfaction, car je la sentais aussi, parfois… Il semblait apprécier que je lui parle ainsi. Puis je me suis levé en lui disant qu’il pouvait faire dodo, que j’allais rester avec lui… Il s’est couché et, en moins de trente secondes, il ronflait. Les animaux aussi ont leurs émotions et ils ont besoin d’affection, même si, comme certains d’entre nous, ils ne veulent pas trop l’admettre.

    Bise (pas trop collante) et câlins à Calinette !

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    • Ton histoire est adorable, merci de l’avoir partagée 🙂 Et je suis entièrement d’accord que les animaux ont leurs émotions et qu’ils ont besoin d’affection! Hier, Calinette m’a fait une vraie crise quand je suis rentrée du boulot et je me suis mise à faire la cuisine avant de lui faire un gros câlin! Il a suffit que je lui fasse ce gros câlin et hop, elle s’est endormie comme une bienheureuse 🙂

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  2. Alors moi je dis et répète à mes kids que je les aime. Ils trouvent ça cucul, j’en doute pas, mais je suis sûre aussi qu’au fond d’eux, ils l’entendent et que ça fait du bien. Je trouve qu’on dit pas assez aux gens qu’on les aime, ou au moins qu’on les apprécie, qu’on est heureux de passer du temps avec eux, qu’ils sont précieux.
    Et j’adore les vrais hugs, ceux qu’on a envie de donner – et de recevoir! Ceux qui font du bien, pas ceux qui sont superficiels.

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  3. Dans ma famille aucune effusion d’émotions quelles qu’elles soient, c’est mal vu, c’est faible. Je trouve ça très con, ce qui fait de moi le vilain petit canard. M’en fou…du coup je donne tout mon amour à mes animaux qui me le rendent bien. Tant pis pour ma famille…mais c’est vrai qu’à part mes êtres à quatre pattes, j’ai beaucoup de peine à dire “je t’aime”. En revanche, je fais de gros hugs à mes nièces…qui sont à l’âge où on n’aime surtout pas ce genre d’effusions 🙂

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  4. tout comme toi, je n’aime ni les bisous ni les hugs trop prononcés, les bisous c’est quand je veux, et à ceux que j’aime et que j’apprécie..je n’aime pas la mode française où il faut faire des bises sans arrêt, par contre je ne dis pas beaucoup je t’aime, mais je le montre, j’espère que mes non-dits sont reçus 100%!
    bises (et oui!)
    PS j’aime beaucoup le récit de Alcib, il me touche, parce que ici aussi les chattes ont parfois besoin de câlins pour s’endormir (et ce qui n’a rien à voir, elles sentent très tôt quand on part en vacances et qu’on les laisse, elles sont très perturbées)

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  5. Je suis d’une génération (1965) où on ne disait jamais “je t’aime” en famille et c’était le truc le plus concon et cucu des films américains, cette manie qu’il avaient de toujours dire “Je t’aime ” ou “I’m so proud of you!” 😀
    Mes parents étaient très bisous et gros câlins mais pas de ridicules “je t’aime” 😀
    Bon c’est une question de génération en ce qui me concerne : mon fils fils croule sous les bisous, les “je t’aime mon bébé” (bientôt 15 ans) 😀 et les “je suis fière de toi”! (Je le suis vraiment 😉
    Mon chat a par ailleurs énormément besoin de câlins : il miaule jusqu’à ce qu’on lui fasse un gros câlin et là il se calme pour un moment jusqu’à la prochaine fois! C’est un gros bébé!
    Autrement, d’un point de vue culturel, je préfère les hugs aux bises… Je les trouve plus affectueux et moins dégueu en même temps! 😉
    Ce que je déteste : la bise du gars de la cantine qui croit que maintenant on est ami!!!

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  6. Moi aussi, je suis d’une génération où ça ne se disait pas et où on ne démontrait pas. Moi, par contre, j’envoie souvent des textos à mes enfants avec un bonhomme câlin et des bisous ou des cœurs et ils me les rendent. Oui, c’est une question de génération mais… notre génération et les précédentes… les pudiques… bien, je trouve que nous sommes un brin endommagés par ces non-dits. Rien de plus doux que de s’endormir sachant que l’on est aimé ❤

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  7. Je suis d’une génération ou il était mal vu de montrer sa faiblesse, son amour, sa tendresse etc, etc, etc…” J’entends ça, je lis ça partout et j’ai 62 ans et je vous plains sincèrement, mes parents m’ont câliné, adoré, sensibilisé, chouchouté, protégé, éduqué, aimé, caressé je fais de même avec mes fils, mon chat lui à les restes !

    Bleck

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  8. J’essaie de dire à mes enfants que je les aime, et je profite des câlins que le plus jeune veut encore bien me faire (les deux plus grands sont gênés, et je respecte ça). Mais je dois dire que le câlin que m’a fait ma soeur avant de partir l’an dernier m’a fait un bien fou, j’ai vraiment ressenti le bien-être de la décharge d’ocytocine… Et puis, bien sûr, il y a les chats, si doux et si doués pour se lover contre moi.

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  9. alcib

    Ces derniers jours, quand je sens qu’il est fatigué, qu’il est sur le point de dormir, je vais embrasser Rupert et lui donner des baisers, qu’il semble heureux de recevoir puisque, lui-même, me lêche l’oreille la plus près… Plusieurs fois dans la journée, je lui fais des câlins, même si je sais que, lorsqu’il est occupé ou en attente d’autre chose, il est moins réceptif. Ce soir, j’avais une réunion d’affaires, avec quatre autres personnes, et Rupert était là, bien sage, dans la salle de réunion. De temps à autre, je l’appelais pour lui donner un câlin : il venait, recevait le câlin, restait un peu près de mon fauteuil, puis il allait s’occuper pendant que nous discutions.
    Après la réunion, nous avons fait une courte promenade dans le quartier. Nous sommes rentrés pour manger. Il était fatigué : il s’est assis sur le canapé ; je suis venu l’embrasser ; moins de quinze secondes plus tard, je l’entendais ronfler. L’entendez-vous ?

    J’aurais eu envie de commenter l’expression des émotions, des sentiments, entre personnes et en particulier entre proches, mais c’est un sujet trop vaste. Il faudrait en faire un livre. Je peux toutefois dire que je suis aussi d’une famille où, sans être méchants les uns envers les autres, on ne se disait pas souvent des choses aimables, et où l’on n’en montrait encore moins. Mais j’ai vécu à Paris à 20 ans, et j’ai vite pris l’habitude des poignées de main, des bises, des accolades, etc. Et, quelques années plus tard, j’ai eu le privilège de rencontrer et de vivre avec des êtres plus jeunes qui m’ont beaucoup appris sur l’art d’exprimer sa sensibilité, son amitié, son amour… Sans cela, je trouve que la vie est terne, l’équivalent de « manger pour vivre », alors que l’on pourrait faire de chaque jour une fête.

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    • Tu devrais écrire plus de posts de blog pour nous raconter les aventures de Rupert, c’est tellement bon pour le moral, je trouve, de lire ce genre d’histoire qui me fait sourire et me donne envie de faire un gros câlin à Calinette, au lieu de lire les nouvelles déprimantes des journaux…

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