Mardi, j’ai enseigné le premier cours de mon cours d’hiver. Seize étudiants, c’est faisable, tous venus de Chine, à part pour un étudiant de Corée et un du Yémen. Et le niveau d’anglais de ces braves gens est, comment dire, peu élevé.
Quand j’étais prof d’anglais pour préparer les étudiants étrangers à aller à l’université, en Utah, on avait six niveaux différents dans notre école, de beginners à advanced. Et seuls ceux qui réussissaient le sixième niveau (et le TOEFL) étaient acceptés à l’université. Mes étudiants d’ici seraient au niveau quatre dans mon école en Utah, peut-être qu’un ou deux pourraient être au niveau cinq, mais personne, aucun de ces seize étudiants que j’avais devant moi hier, ne pourrait réussir les examens du niveau six ni le TOEFL! Et le TOEFL (Test of English as a Foreign Language), c’est du pipi de chat à côté de ce que mes étudiants vont devoir lire et écrire cet hiver.
Je dois avouer que je n’ai jamais eu envie d’enseigner ce cours qu’on m’a imposé. Mais maintenant, en plus, je suis complètement paniquée parce que je vais devoir entièrement réécrire le plan de cours de tout l’hiver, revoir tout ce que je pensais que mes étudiants allaient lire et écrire, tout simplifier, en éliminer la moitié, et réviser complètement mes attentes et mes objectifs.
Ca m’a pris plus de deux semaines à plein temps pour écrire ce foutu plan de cours, trouver tous les textes, écrire en détail toutes les activitiés et les exercices et les devoirs et les évaluations, et tout formater pour ce foutu système online que je ne maîtrise toujours pas.
Hah!
Bon, au moins ils ont l’air sympas ces étudiants, c’est déjà ça. Je ne les comprends pas trop quand ils parlent, mais bon, je les ferai écrire au lieu de causer, ça sera toujours ça de gagné. Et puis au pire, je recommencerai à faire de la pâtisserie et j’apporterai mes délices en cours, comme ça ils me donneront des bonnes évaluations à la fin de l’année parce que je les ai bien nourris! La boustifaille et l’affectif sont toujours plus faciles à comprendre dans une langue étrangère que l’épistémologie et les théories intellectuelles, n’est-il pas?
Ils doivent être bien soulagés d’avoir une prof comme toi! Imagine qu’ils pigent pas grand chose à ce nouveau monde? Ce sont tous des boursiers? Peut-être que la lecture est “facile” pour eux! Tu vas pouvoir les faire chanter pour la prononciation, histoire de ne pas rester bloquée sur des inintelligibilités… Joli challenge!
LikeLike
je viens de comprendrre pourquoi les oiseaux préfèrent mes graines à mes discours! merci et si je parle de linguistique c’est mieux que l’épistémologie?
LikeLike
S’ils n’ont pas le niveau d’anglais pour suivre ton cours, ils n’ont pas le niveau pour les autres non plus. Comment vont-ils faire ? Tous les profs vont adapter leurs cours ?
LikeLike
Voilà qui me fait penser à mon fils, actuellement en terminal, qui a décidé de continuer son cursus post bac au Canada …
LikeLike
au Québec, c’est plus facile (un de mes enfants y a fait deux ans en maitrise..mais il a réussi le TOEFL haut la main avant de partir, on ne sait jamais..)
LikeLike
Ma méthode dans un tel cas : faire progresser chaque étudiant au mieux de ses capacités a son meilleur rythme possible. Pas de cours magistral, mais des fiches et des exercices de différents niveau, et un enseignement asynchrone, c’est à dire que tous les étudiants ne traitent pas les mêmes exercices en même temps. Le problème, c’est que j’ai 100 étudiants. En avoir 16 est mon rêve absolu :-).
LikeLike
Cuisiner en anglais sur place ? Ça les ferait progresser ??? Miam 😋
LikeLike
je suis sûre que tu trouveras le cours parfait pour eux, tu t’es déjà sortie de pas mal d’embûches, là ce n’est qu’un obstaclke à ta portée!
bises et bon courage
PS je lis assez facilement l’anglais, mais le parler, ooups, il me faut de l’entrainement! alors je compatis avec tes étudiants
LikeLike
Ici aussi je suis entouree de chinois, dont nos proprios et des nouveaux amis. Je discutais justement avec ma proprietaire l’autre jour et elle me racontait qu’a cause de leur culture tres competitive, les chinois sont souvent tres bon a apprendre tout ce qui est theorique, mais ont une forte lacune dans tout ce qui touche le social. Je disais souvent a mes etudiants de langues au Bresil qu’il est tout aussi important de comprendre une langue que de se faire comprendre (diction). Ca tombe bien puisque j’ai fait des etudes de chant je peux aider dans ce domaine. D’ailleurs on m’a dit plusieurs foit que mes eleves avaient une tres bonne prononciation (en francais et en allemand, je suis pas peu fiere) 🙂 Je suis curieuse de lire quels vont etre les progres fulgurants de tes eleves!
LikeLike
Très bonne idée la pâtisserie. L’amour passe par l’estomac… aussi !
LikeLike
Ah, voilà qui me conforte dans l’idée de ne pas planifier les choses trop longtemps à l’avance… (Mais je suppose qu’on t’y a obligée?)
LikeLike
Je me souviens, quand j’étais en école à Bordeaux, ils avaient l’obtention du TOEFL avec un certain score (et au moment de mon diplôme, ils envisageaient le TOEIC, du coup je faisais partie des volontaires qui ont passé les deux). Enfin je crois que mes scores sont expirés, ça n’a pas une durée de validité ces trucs-là?
LikeLike
Ah oui c’est l’éternelle question: se mettre au niveau des étudiants les plus faibles ou chercher à tirer vers le haut ceux qui peinent et qui risquent de décrocher si c’est trop difficile…
En tous cas, je te félicite pour ta conscience professionnelle, tes étudiants ont bien de la chance… et bon courage pour ce cours d’hiver.
LikeLike