c'est pas moi je l'jure!

merci, et chapeau bas

Je suis une prof super étrange parce que je ressens parfois quelque chose que peu de profs doivent ressentir en temps normal: de la reconnaissance et de l’admiration.

Chaque automne, j’enseigne un cours que personne n’est obligé de suivre, à l’université. Bien sûr, les étudiants qui le choisissent et qui travaillent bien dans ce cours seront peut-être ensuite plutôt bien payés pour faire un boulot intéressant. Mais je le dis honnêtement le premier jour de cours: “ceci sera le cours le plus difficile de votre carrière d’étudiants universitaires, alors si vous êtes paresseux ou que vous avez plein d’autres cours difficiles cette année, je vous conseille de vous casser!” Il y en a toujours quelques uns qui partent, mais il y en aussi toujours plein qui restent, et ça, ça me sidère!

Alors quand ceux qui sont restés bossent à fond, se donnent un mal de chien, font même parfois plus que ce que j’attends d’eux, et arrivent même à me faire rire, j’avoue que je tombe amoureux d’eux. Je les aime, je suis tellement reconnaissante pour tous les efforts qu’ils font pour moi, je suis tellement impressionnée qu’ils me  fassent confiance et m’obéissent et ne me détestent pas!

Je ressens peut-être cette reconnaissance et cette admiration parce que je n’ai moi-même jamais été une bonne élève et étudiante. J’ai toujours haïs les devoirs, les textes à lire, les trucs à écrire, les longues heures de cours… Même quand j’avais des profs excellents et que le sujet me passionnait, je n’étais pas une bonne étudiante. Même maintenant, quand je choisis de payer très cher pour suivre des cours pendant les week-ends, je ne suis pas une bonne étudiante. Après deux heures j’en ai déjà marre, écouter les profs m’ennuie, je déteste les exercices, je n’ai aucune patience, je hais les devoirs, les profs m’énervent, le système des notes m’agace…

Par contre j’adore rencontrer des gens intéressants et travailler sur des projets concrets qui ont un sens pour moi–par exemple j’ai adoré mon projet de thèse de doctorat, parce que c’était quelque chose de très utile pour beaucoup de gens et qui avait une signification très importante pour moi. J’ai aussi adoré bosser sur certains projets de mes cours de Event Management parce que je pouvais ensuite directement les utiliser à mon boulot. Mais évidement, c’est plutôt rare que ce genre de “moment de grâce” arrive.

C’est donc peut-être pour ça que je suis reconnaissance à mes étudiants de ne pas me détester et de ne pas être impatients avec moi. Je crois que moi je n’aurais aucune patience avec moi, alors j’admire et je remercie ceux qui arrivent à me supporter et qui me font assez confiance pour m’écouter et penser que je peux leur être utile, surtout qu’ils ne sont pas forcés d’être dans ces cours.

Ce qui me surprend, ce soir, alors que je suis en train de lire les premiers écrits de mes nouveaux étudiants, c’est que je commence à ressentir un peu la même reconnaissance pour ceux-là, alors qu’eux sont forcés de suivre ce cours.

4 comments

  1. je ne sais pas si j’aurais été une bonne enseignante (mon père l’était et j’ai vu le boulot qu’il ramenait à la maison..), et moi je te tire le chapeau! ne dit on pas que les profs sont des étudiants à vie? (on dit ça aussi de s médecins, LOL..)
    alors bravo à toi et pas seulement aux étudiants que tu coaches! je suis très impressionnée par le travail que tu fournis, et je pense à tous les jeunes qui se souviendront de toi toute leur vie! la gloire (modeste)!
    bon WE des câlins à Calinette

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)