Parfois, par hasard, on trouve des trucs intéressants dans les petites boutiques hors de prix des aéroports, en dehors des bouquins de sudoku. Cette fois-ci, c’est un gros bouquin d’une auteur que j’aime beaucoup que j’ai trouvé: Animal, Vegetal, Miracle, de Barbara Kingsolver*. J’adore ses romans: si vous n’avez jamais lu L’arbre aux haricots et Les cochons au paradis, ou Les yeux dans les arbres, de délicieux moments de lecture vous attendent**!
Après un début un peu ardu (OK, les OGM on connait, et trois pages sur les asperges c’est beaucoup), je me suis laissé entraîner dans l’histoire qui m’a fait rire, m’a tenu en haleine jusqu’au bout (alors, est-ce qu’ils ont trouvé à manger en février?! Et les mamans dindons, est-ce qu’elles ont fini par retrouver leur instint maternel?!), et m’a ouvert les yeux sur finalement pas mal de trucs que je pensais savoir mais pas toujours jusqu’au bout (bio ne veut pas nécessairement dire cultivé/ élevé/ tué/ ramassé/ transporté/ transformé dans des bonnes conditions, avec des gens bien payés, sans pollution pour la planète (moyens de transport, distances, etc.), sans cruauté animale, etc.).
A la fin du bouquin, elle pose cette question: “pourquoi doit-on penser à tout ça (écologie, biodiversité, végétarianisme, commerce équitable, local vs. global, etc.) et faire notre possible pour changer le cours des choses?” Et en fait, je me suis rendue compte que depuis toujours, je “fais attention” parce que je me sens coupable de ma carbon footprint, comme on dit en anglais. Coupable de mon gâchi d’eau et d’énergie, coupable d’utiliser ma voiture si souvent, coupable de prendre l’avion comme d’autres prennent le métro, coupable de manger n’importe quoi, coupable de ne pas arriver à être vraiment végétarienne, coupable d’utiliser des sacs en plastiques pour mes courses, coupable de ne pas trier mes déchets, coupable de ne pas toujours avoir le courage de me lever tôt pour aller au marché le samedi matin, coupable d’acheter des fraises du Chili en hiver, coupable d’utiliser l’air conditionné, coupable de ne pas toujours acheter bio parce que c’est plus cher ou ça n’a pas une “bonne tête,” coupable de râler parce qu’il y a de la terre dans mes poireaux…
Mais depuis quelques mois, ma vision des choses a un peu changé, c’est drôle… Depuis que ma petite nièce adorée est née, je fais encore plus attention à ma façon de vivre, pas seulement parce que je me sens coupable, mais surtout pour qu’elle n’ait pas à vivre dans un monde trop pourri à cause de moi. Comme je n’ai pas d’enfant (parce que, entre autres, je trouve le monde déjà bien trop pourri alors je ne le souhaite à personne), je n’ai jamais vraiment fait attention à ma façon de vivre pour “autrui” mais simplement pour… la planète, ou juste pour ne pas me faire remarquer… pour arriver à dormir la nuit… Maintenant, si dans 20 ans ma petite nièce trouve normal et facile de se faire une tarte avec des tomates comme celles que j’utilise ci-dessous, je saurai que je n’ai pas fait tous ces efforts pour rien.
Pour cette superbe tarte aux tomates multicolores, j’ai tout simplement acheté des tomates anciennes rouges, orange, violette et vertes. J’ai fait cuire un fond de tarte quelques minutes puis j’ai étalé une petite bûche de fromage de chèvre très frais au fond et sur les bords de la tarte. Ensuite, j’ai coupé trois petits oignons verts (de printemps) que j’ai “soupoudrés” sur le fromage de chèvre avant d’y placer joliment les rondelles de tomates. Pour finir, j’ai mis un peu de sel aux herbes et de poivre sur les tomates, et encore quelques oignons verts coupés finement, puis j’ai battu un oeuf avec un peu de lait et ai versé ça sur la tarte avant de la faire cuire à four moyen environ 40 minutes, tout en bas du four (pour que la pâte ne ramolisse pas trop avec le jus des tomates).
Réussite: 10/10! Chaque couleur a un goût différent, c’est génial! Les vertes sont les moins acides, les orange les plus sucrées, et les rouges les plus juteuses. Les oignons verts restent un peu croquants, c’est sublime, et le mélange chèvre-tomates est toujours aussi parfait. C’était vraiment facile à faire et le résultat est très réussi, avec toutes ces couleurs et ces saveurs.
* Le titre complet en anglais est Animal, Vegetable, Miracle: A Year of Food Life. La traduction française est Un jardin dans les Appalaches. (Attention, ce livre est un récit biographique sur les aventures de cette famille pendant un an et discute de plusieurs problèmes scientifiques, ce n’est pas un bouquin scientifique ni un roman!)
** The Bean Tree, Pigs in Heaven, et The Poisonwood Bible. Je vous conseille de les lire en anglais, si vous le pouvez, parce que les traductions perdent beaucoup du style extraordinaire de son écriture.
Ta petite nièce a des yeux de coquine à faire fondre (et euh, je ne suis pas suspecte de fondre devant les baby !). Et puis tu me donnes envie de me remettre à un été prodigue de Barbara Kingsolver (je croyais qu’elle s’appelait Kingslover), honteusement abandonné sous une pile de livres entamés, je ne sais pas pourquoi.
Bravo de donner sens aux attentions que tu prends dans la vie de tous les jours, parce que l’on est bien trop poussé à se sentir coupable de tout. Moi, ce qui me hérisse, ce sont toutes les exhortations morales à défendre notre santé, à nous nourrir mieux, à “gérer notre capital santé” (beurk ces termes)…
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Sympa la tarte et jolie petite nièce 😉 Depuis que je suis maman je ne peux plus dire “après moi le déluge” ce que je n’ai jamais fait d’ailleurs 😀 J’essaie d’être une bonne éco citoyenne et de ne jamais me décourager même quand je vois que nos élus ne sont pas du tout de bons éco-citoyens… Continuons à faire des efforts si nous voulons ne pas avoir trop la trouille pour nos enfants quand notre heure sera venue de les quitter…
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Barbara Kingsolver est extra, c’est une de mes auteures préférées. Je n’ai pas encore lu celui-là, mais ça ne saurait tarder…J’en ai beaucoup entendu parler !
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Laeti, j’ai beaucoup aimé ce bouquin, mais je dois avouer qu’il y a 2-3 trucs que j’ai moins aimé (par exemple ses arguments pour ne pas être végétarien, ou le fait qu’elle dise que de “bien” manger est à la portée de tout le monde”). Mais à part ça, son style est toujours aussi chouette 🙂
Mahie, moi non plus je n’ai jamais pensé “après moi le déluge,” mais c’est différent de faire des efforts pour “la terre entière” et pour sa petite nièce 🙂
catherine, je ne crois pas que j’ai lu un été prodigue. Il y a un de ces bouquins que je n’ai jamais réussi à lire mais je ne sais plus lequel c’était… En tous les cas, si tu le trouves, je te conseille vivement L’arbre aux haricots, c’est le plus accessible de ses bouquins je crois 🙂
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Elle est adorable ta nièce ! Elle a l’air d’être coquine déjà 😀
Moi aussi je pense plus à l’avenir de la planète depuis qu’il est plus… concret 😉
Ta tarte a l’air fabuleuse, mais je n’ai aucune idée d’où trouver autant de tomates différentes ! Je regarderai quand même chez le marchand de légumes, ça me tente beaucoup 🙂
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Je ne crois pas que je lirai ces livres dont tu parles, mais je prendrais volontiers une pointe de tarte salée aux tomates. Merci ;o)
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Ça a l’air bon tout ça. Perso, je ne me sens pas coupable de mon empreinte carbone. Elle est là, ce qui est fait est fait. Le mieux qu’on puisse faire c’est en prendre conscience, et tenter de la réduire au maximum. Je fais le tri sélectif depuis tout petit, ai quasiment complètement abandonné le sac plastique (Ils te filent 0.01$ de ristourne pour chaque “Greenbag” utilisé quand tu fais tes courses à ton supermarché favori. Et si la machine les oublie, tu passes au Service Client, et ils te le créditent). Le bio, en effet, super cher et souvent avec un sale tronche, malheureusement. Enfin du coup, j’achète local le plus possible. Je *grignote* au boulot un petit panier de nectarines de l’Ontario en ce moment même, d’ailleurs. *sluuuuurp*
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J’adore Barbara; il me faudrait bien lire ses deux derniers, merci de la rappeler à mon souvenir 🙂
Moi personnellement je suis pour l’achat local, m’enfin… au plus près possible de la production et de notre domicile.
Oh oui que ta nièce est mignonne!!!
Moi qui n’aime pas trop les tomates cuites; je prendrait volontier la tarte de la première photo, avant cuisson 😉
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c’est vrai que ta petite nièce est “trognon”!!
ta tarte aussi, elle me fait très envie, je crois que je vais l’expérimenter! si je trouve toutes ces sortes de tomates ( j’ai ai de jolies dans mon potager!)
je ne connais pas cet écrivain, si je tombe sur un de ces livres, je l’empoche!
bonne soirée!
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Voilà tout est déjà dit…
– une ravissante petite nièce que l’on a envie d’embrasser dans le cou
– une tarte très très appétissante et qui donne de furieuse envie d’élaborer
et la suite des trois livres que j’ai lu il y a déjà un moment (cadeau de ma belle soeur pour je ne sais plus quel remerciements)
Mais huhu ton blog ne devrait plus afficher le logo baby-free blog maintenant.
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me dis pas que t’as enfin reussi a faire une bonne pate a tarte??!! Et surtout, SURTOUT, me dis pas que non, que t’as abandonne, et que t’en as achete une toute faite, parce qu’alors la, elle te desherite, ta petite niece!!! (Elle m’a aide a faire une pate pour ma quiche hier, elle est super douee!)
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Et oui, j’allais aussi ‘point out’ que ta petite niece est gravement outree par la photo du pauvre bebe qui pleure et qu’elle se trouve tres mal accompagnee. Enleve une des deux photos, elles ne vont pas ensemble. I mean it!
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entre la bouille à croquer de la puce et la tarte qui énerve les papilles, sûr qu’on a pas envie de se priver de tels bonheurs… on veut que tout cela dure et s’épanouisse… du coup c’est fou comme ça peut donner des ailes et du courage!
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Candy, on devrait forcer tout le monde à avoir des nièces adorables 😉
Madame sait tout, I take the 5th!
Valérie, ma petite nièce n’est pas n’importe quel bébé, et c’est l’exception qui prouve la règle, non? 😉
catherine, commence par l’arbre aux haricots, c’est mon préféré. Il y en a certains d’elle que je n’ai pas réussi à lire alors je ne fais aucune promesse, hein 😉
!Béo! l’avantage avec ces tomates colorées c’est que justement, elles n’ont pas le goûts des tomates rouges dont on a l’habitude! Je te parie 200 francs suisses que si tu avais goûté à ma tarte côté tomates vertes ou jaunes tu n’aurais jamais deviné ce que c’était! 🙂
elPadawan, en fait je viens de lire que d’acheter local c’est bien numéro 2, bio c’est bien numéro 3, mais ne pas manger de viande c’est le mieux, ce qui fait le plus de différence en ce qui concerne la pollution et tout. Mais moi, pour que j’abandonne le poisson et les crevettes entièrement, il me faudrait au moins 15 nièces comme ça 😉 PS. l’Ontario ça peut ne pas être très local, tu sais. Thunder Bay est à 1386 kilomètres de chez toi, ce qui n’est pas exactement la porte à côté! Ils ont le même problème dans les états comme le Texas, qui est plus grand que la France… et d’ailleurs l’Ontario est BEAUCOUP plus grand que le Texas et deux fois la taille de la France, debleu! C’est pour ça que la “100 mile diet” existe, et là, c’est carrément plus difficile!
Alcib, il m’en reste justement une part 🙂
Lune, ça devrait marcher avec des tomates rouges, seulement, mais c’est sûr que c’est moins joli et moins bon pour la biodiversité et les papilles 🙂
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Bof moi cet ete j’ai ete enervee et pas qu’un peu par la “bobo-ecolo-attitude” en France. Pas un magazine ou on ne te donne de “bons” conseils (chers en general…) pour passer des vacances vertes, moins polluer etc. Non pas que je sois pour la pollution et le j’m’enfoutisme ecolo, au contraire. Mais la on arrive a un point qui est “le vert fait vendre” (du papier meme pas recycle…) et ca en devient ridicule. Du genre n’uitlisez plus votre lessive mais prenez des noix de lavages indiennes c’est tellement mieux et plus chic surtout. Alors que les noix de lavage d’apres ce que j’en sais c’est l’arnaque ecolo du siecle (elles sont transportees en avion, les populations qui les utilisaient preferent maintenant les vendre (sont pas fous, hein!) et utiliser les produits de Messieur P et G, sauf que la bas il y a peu ou pas de stations d’epuration et que donc tous ces phosphates etc se retrouvent directement dans la nature bien plus vite qu’en France…).
Je pourrais ecrire des pages sur cette bobo-attitude mais bon….
Bref s’il ne s’agissait pas de la planete que je vais laisser a mes enfants je prendrais, par enervement/provocation le contrepied total de toutes ces recommandations a la noix :-)…
Heureusement je ne suis pas aussi bornee qu’eux (les bobos…) et donc je fais a ma petite echelle ce que je peux dans la mesure ou c’est realiste et pas trop contraignant financierement.
Sinon c’est vrai que ta niece est trognonne et ta tarte appetissante!
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E. je comprends parfaitement ta réaction et je suis bien d’accord avec toi! C’est pour ça que je parle par exemple du label “bio” qui se retrouve maintenant partout mais qui, en tous les cas au nord de l’Amérique du Nord, ne veut plus toujours dire grand’chose, malheureusement. Ici, on a aussi la lessive qui lave super bien même à l’eau froide, et ça se vend comme des petits pains, mais personne ne se demande ce qu’ils ont fichu dans cette lessive pour qu’elle lave si bien à froid… Le truc c’est qu’il faudrait arriver à faire refléchir les gens, et ça c’est pas encore gagné 🙂
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Faire réfléchir les gens, est-ce vraiment une si bonne affaire ? Des chercheurs ont démontré que réfléchir peut conduire à l’embonpoint et à l’obésité ; cela risque de causer d’autres problèmes de société et d’autres inquiétudes pour la planète : http://www.cyberpresse.ca/article/20080904/CPACTUEL/809040753/6685/CPACTUEL
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Le label Bio ne me vends rien de plus en Suisse… je me méfie de ces appellations qui ne tiennent pas toujours la promesse de la netteté et qui par contre tiennent très bien la route du plus cher 😯
Pour ce qui est des tomates: j’en ai mangé de toute sortes c’est juste que cuites… je sais pas pourquoi mais je cours pas après 😉
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Voilà une tarte qui met en appétit !
Le plaisir et le confort sont bien sûr important pour enclenché un changement de pratiques.
Je suis de celle qui revendique une offre pratique, un service complet pour aider à passer au déclic de la pratique bio
Faisons vite, cela urge !
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