Troisième jour: le soir précédent j’avais donné à ma mère les heures d’ouverture de la Migros (7h30) pour qu’elle y aille avant que je me réveille pour acheter le fameux cake tyrolien! Et effectivement, elle est partie assez tôt… pour la Migros… et est revenue avec du pain.
Alors on a fait une liste de courses ensemble, et on est reparties à la Migros en fin de matinée parce que mardi est un jour férié et tout est fermé. Ma mère est perdue dans le magasin, mais si je lui dis “c’est en haut sur ta droite,” elle y arrive, ce qui est rassurant parce qu’en Allemagne elle était vraiment incapable de suivre des directions. Ce que j’aime, par contre, c’est qu’à chaque fois qu’on rentre dans le parking souterrain de la Migros, ma mère dit, d’un air surpris, “je sais pas comment tu sais où on doit aller, moi je ne suis jamais venue ici de ma vie!”
À midi, j’ai préparé une salade de betteraves rouges (cuites!) et d’endives, et on a mangé ça avec des petits pâtés à la viande, autre met symbolique de notre enfance. Ensuite, je suis allée faire la sieste pour me faire réveiller par un infirmier du Centre Médico-Social de la ville qui rend visite à ma mère chaque semaine. Comme tout le monde est en vacances, c’était un type qui n’était jamais venu auparavant, mais il était sympa. On a discuté de la femme de ménage qui ne nettoie que les endroits où ma mère ne va jamais (parce que ma mère lui a dit que la cuisine était propre, qu’elle gardait son argent dans sa chambre, et que le salon était fait pour être en chenit, donc pas la peine de nettoyer tout ça!) et des repas dans un centre communautaire où ma mère pourrait aller manger deux fois par semaine. Bien sûr, dès le départ du type, ma mère a commencé à dire qu’elle ne voulait pas y aller, qu’elle aimait aller faire les courses et la cuisine, qu’elle n’aimait pas la bonne femme de la cuisine communautaire, etc. On n’est pas sorties de l’auberge!
Pour le dîner, on avait acheté une pizza à cuire 10 minutes au four. Alors on a dû déjà sortir les cinq plaques et grilles qui étaient dans le four et en nettoyer une… et puis quand j’ai demandé à ma chère mère d’allumer le four, là je dois avouer m’être énervée un chouïa: elle m’a juré qu’elle n’avait jamais utilisé ce truc, et quand je lui disais “troisième bouton à droite, regarde les nombres, regarde les petits dessins pour mettre la chaleur dessus et dessous…” elle faisait n’importe quoi! Finalement elle a laissé tomber. Mais bon, la pizza dégustée sur le balcon était délicieuse (mais qu’est-ce qu’il fait chaud ici, misère!)
Le plus rigolo de la journée a été le passage à l’église pour “le chapelet.” Il commençait à y avoir des nuages alors ma mère a dit qu’elle prenait une veste et un parapluie, et après moultes hésitations, elle a décidé que le truc commençait à 19 heures. En sortant de la maison, j’ai vu qu’elle n’avait rien avec elle alors je l’ai renvoyée chercher la veste et le parapluie… On est donc parties un peu avant 18h30 pour se balader un peu au bord du lac, et quand on est arrivées à l’église un peu avant 19 heures, on a vu un papier qui expliquait que ça commençait à 20h15… Donc on est retournées au bord du lac, on a acheté une glace à six balles, on a admiré les montagnes et les canards… et puis il s’est mis à pleuvoir quelques gouttes et j’ai dit à ma mère d’utiliser son parapluie, mais elle m’a dit qu’elle ne l’avait pas emporté… et la polaire qu’elle avait prise était beaucoup trop chaude, vu qu’il faisait 30 degrés… Et quand on est retournées à l’église vers 20 heures, on a attendu… attendu… et peu après 20h20, ma mère est allée faire pipi et a rencontré la femme de ménage qui lui a dit que le chapelet n’avait pas lieu parce que tout le monde était en vacances! On a quand même rencontré le prêtre qui était très sympa et un ami de ma mère.
De retour à la maison, j’ai regardé un épisode de Bones sur mon iPad et puis admiré les feux d’artifice depuis le balcon (mais maudit les voisins qui ont fait la fête sur leur balcon jusqu’à minuit!). Je suis épuisée mais contente de rencontrer des amis de ma mère, et à part les petits moments d’impatience, je dois dire que je trouve ma mère plutôt pas trop mal. Je pense que les problèmes sérieux que ma frangine a remarqués en Allemagne étaient en partie dûs au stress du voyage et de ne pas être chez elle. Ici, elle décime les albums de photos et jette/donne plein de bouquins géniaux dans tous les sens, mais elle a un emploi du temps régulier et semble avoir une vie assez bonne. Je me fais moins de soucis qu’avant mon arrivée.
Oh oui je comprends ton (relatif) soulagement. C’est sûr que la mettre dans un espace qui ne lui est pas si familier que ça (quand on pense au four qu’elle a dans sa cuisine, j’imagine que chez ta soeur, ça doit être totalement “étranger”), ça doit la perturber énormément…
Je te/vous souhaite plein de courage!
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en fait pour les personnes atteintes de Alz…, il faut un planning de vie absolument sans faille, rigoureux et extrêmement bien détaillé..tout ce qui “déborde” est sujet à angoisse.
Chez elle, avec son environnement familier, ta mère doit se sentir bien mieux qu’en “visite”, même si c’est chez ses enfants..
Mais tu ne dois pas relâcher ton attention, et je te souhaite aussi beaucoup de courage, j’espère que la santé de ta mère ne se détériorera pas trop vite.
bises!
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Mais réussis tu à parler seule à seule avec le prêtre -qui aurait noté un chgt de comportement chez ta mère – ou avec l’infirmier ? Je ne la trouve pas bien du tout, plus d’heure, (le chapelet avait certainement annoncé qu’il n’y aurait rien pendant les vacances) ni de lieu (elle ne reconnaît pas la Migros) ni nourriture correcte. Que mange-y-elle quand tu n’es là ?? Bref peut elle encore vivre seule ? J’en doute fort. Bizz
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C’est étrange qu’elle ne reconnaisse pas son propre four. Ca fait combien de temps qu’elle habite dans cet appartement ? Ca ne doit pas être facile de garder sa patience et pourtant, c’est ce qui l’aide. Courage à vous deux.
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