Depuis des mois, je m’entends m’excuser sans arrêt auprès de mes employés, mes étudiants, mes amis, mes collègues, parce que je perds le fil des conversations, j’oublie absolument tout, je n’arrive plus à lire et comprendre les emails et textos et articles et documents que je reçois, je suis incapable de réagir et répondre de façon cohérente à ce qui se passe autour de moi, et je n’arrive plus à formuler une phrase du début à la fin, ni en français, ni en anglais. J’ai du mal à garder les yeux ouverts et même à rester assise devant mon ordinateur! Si j’ai décemment dormi (ce qui est extrêmement rare), j’arrive à survivre à deux ou trois réunions le matin, mais vers 11 heures, je m’effondre.
Et pourtant je n’enseigne même pas de cours ce semestre!!!
J’essaye de me demander ce que je fais “de trop,” et je crois que je me fous trop la pression, en particulier avec ce fichu comité sur l’intelligence artificielle. Je suis terrorisée par la gravité et l’ampleur de la tâche, alarmée par notre lenteur (par rapport à d’autres universités militaires), et mortellement intimidée par certaines membres de ce comité qui sont des experts en intelligence artificielle alors que j’ai seulement lu 25 articles à sensation (ok, 250, mais quand même)! Je suis aussi mortifiée par mon incapacité à voir le problème de façon intelligente et globale et à en tirer des conclusions utiles. Bref, je ne me suis jamais DE MA VIE sentie aussi incompétente et impuissante face à une tâche!
En plus, plus j’en apprends sur ce truc à la con (l’intelligence artificielle) et plus ça me fout la pétoche, à mort. Cet après-midi par exemple j’ai parlé avec un de nos profs qui travaille aussi pour le centre national de la sécurité du département de la défense nationale. C’est donc son job de donner au gouvernement des informations sur les risques liés à ça (cybersécurité, désinformation, etc.), et je peux vous dire qu’après 20 minutes de discussion, j’étais prête à tout débrancher dans ma baraque, humidificateur inclu, et à tout passer par la fenêtre!!!
J’ai commencé à lire “The Political Philosophy of AI,” par Mark Coeckelbergh. Comme ça au moins j’aurai une explication pour les maux de tête constants, les douleurs à la mâchoire quand je me réveille, le moral en berne, la santé en chute libre, et les cauchemars que je fais jour et nuit!
Mortecouille!
c'est pas moi je l'jure! 
Les douleurs à la mâchoire au réveil c’est « facile »: ça s’appelle le bruxisme, c’est hyper lié au stress … et je viens de me péter une dent à cause de ça. C’est nouveau ça vient de sortir dans la série « c’est ton cerveau qui te parle » et ça fait ch***
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Il est possible de remédier à ça en se faisant faire une “gouttière” non pas par un couvreur mais par un chirurgien dentiste, que tu portes la nuit ou en journée si tu dors la journée…
Bleck
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Et c’est absolument génial : les maux de têtes disparaissent et on dort mieux
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J’aimerais ne pas en arriver là 😟
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Une petite année sabbatique peut-être ??
Bleck
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Oui, dans un an 🙂
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Je trouve l’idée de l’ami Bleck excellente. Votre corps réclame du repos.
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Mon corps peut réclamer ce qu’il veut, mon proprio réclame mon loyer, Mercedes réclame ses payements, et je n’ai pas de riche mari qui pourrait m’entretenir hélas, ni d’esclaves qui pourraient faire mon travail.
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Oui une année sabbatique et un chatou. . Rien de tel que les ronronnements pour apaiser le stress..
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C’est sûr qu’un chat est plus facile à trouver qu’un congé sabbatique 🙂
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je dirais que c’est le début d’une dépression, désolée d’être si “sèche”, mais ton cerveau te dit stop et se protège. Ton corps n’arrive plus à suivre ta vie trépidante et te le fait savoir..
Pourrais tu déléguer et dire non parfois? mais ce n’est que mon opinion 😉.
Courage, et oublie tout ce WE
Bises
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J’ai dit non au concours d’écriture de cette année 🙂
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Je crois que sur ce coup-là, nous sommes tous d’accord : il faut que tu ralentisses ta course en avant. Tu ne vas pas démériter si tu n’a plus 50 idées à la minute, et 100 projets en route ! Il y a un moment où le cerveau crie “grâce” !!!
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Comme je ne peut pas vraiment ralentir, j’aimerais bien commencer par dormir, je suis sure que ca me ferait du bien 😌
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Ouh, j’espère que tu vas réussir à te débrancher de toi-même, gare à la rupture sinon.
Comme tous les autres au-dessus, je te conseille de ralentir, mais c’est tellement impossible dans les faits qu’on ne se retrouve véritablement en capacité d’y penser seulement à 2cm du précipice (du burn-out). Sinon comme toi, les visions de l’IA et son développement sont bien plus flippantes que les pires scénarios qu’on lisait à propos du web il y a vingt ans. C’est une bonne justification pour nos dépressions existentielles actuelles et futures. 😀 😀 😀
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C’est vrai, je repense à tous les films horribles de science fiction, et on a encore un an ou deux de paix avant Terminator, mais on est beaucoup plus proche de Minority Report qu’on ne l’imagine! Et la série Black Mirror est plus prophétique que dystopique! (Margaret Atwood a raconté qu’elle n’a RIEN inventé dans son livre The Handmaid’s Tale. Elle a simplement combiné des faits réels de plusieurs endroits du monde!)
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En France, on appelle cela un ‘burn out’ ; une bloggeuse nous a raconté en détail son décrochage (et remontée). C’est le corps et le cerveau qui disent STOP! Va voir un médecin et raconte tout.
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Ca fait deux ans que je suis sur une liste d’attente pour un psy.
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Comme l’ont dit plusieurs personnes, ça peut être un burn-out. Mais c’est peut-être tout autre chose https://tinyurl.com/4mfupfkd. Tu peux chercher “brain fog” qui fait partie des symptômes. L’été passé j’ai vécu ce brain fog et c’était super angoissant. Quoi qu’il en soit, prends soin de toi.
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Même si ce dysfonctionnement n’a rien de sympatique, l’expression « brain fog » me semble bien jolie.
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Et elle est très descriptive aussi, hélas.
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Oui, mais poétiquement descriptive.
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Les problèmes de peau et de brain fog correspondent bien, mais pas le reste.
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Lors de tes lectures à propos de chatGPT, tu as du voir passer la notion de “latent high dimensional semantic space” qui semble être la clé des capacités des IA basées sur des réseaux de neurones artificiels profonds. As -tu vu quelque part des explications limpides sur ce sujet ?
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Oui, j’ai lu deux-trois trucs là-dessus, et visiblement c’est l’endroit où l’information compressée est analysée de façon complètement énigmatique par ces réseaux de neurones, et c’est là où les experts commencent à perdre le contrôle de ce qui passe réellement là-dedans. Mais je peux me tromper…
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En matière d’IA à apprentissage profond, je suis un peu comme un dermatologue qui parle de cardiologie, mais j’ai l’impression que ton résumé en une phrase est fichtrement juste !
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Ah ben ça me fait très plaisir de lire ça 🙂 En ce qui me concerne, j’ai plutôt l’impression d’être une linguiste qui parle de génie informatique…. Oh… haha… Au moins toi tu restes dans le domaine médical! Pour moi, le saut des sciences sociales à l’ingénierie informatique est un peu brutal 😆 C’est pour ça que j’ai toujours besoin de simplifier les idées hyper complexes que j’essaye de comprendre. Mon réseau de neurones à moi a besoin d’information compressée ET simplifiée!
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Je vais rajouter ma voix à celle des autres pour te conseiller de débrancher un peu, même si je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire….
Cette sensation de tête vide, de dents serrées et de brouillard est un signe. C’est bien tu aies pu profiter de ton séjour à Chicago quand même.
Quant à l’IA j’avoue que ça me fiche un peu la trouille aussi, et pourtant mon information sur le sujet est très très parcellaire…. Si ça inquiète encore plus de tout savoir, je vais me cantonner à mon ignorance protectrice de mon degré d’anxiété
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Crois-moi, moins tu en sais et mieux tu te porteras!
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Débranche tout, débranche! Je t’assure qu’on peut se sentir bien sans courir partout et en faire des tonnes pour son travail.
(une feignasse de prof)
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Comme mon salaire dépend de mon travail (et je ne parle même pas de la promotion que j’essaye d’avoir), je ne peux hélas débrancher rien du tout. Mais un jour peut-être 🙃
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pas de souci d’apnée du sommeil ?
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Non, ce sont les douleurs qui me réveillent constamment.
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