c'est pas moi je l'jure!

pa pa oom mow mow

J’ai acheté un billet d’avion pour aller trois jours chez ma frangine en février. Ca sert à ça les cartes de crédit, j’imagine.

En novembre 2010, mon père est venu passer 36 heures ici. En décembre 2011, ma mère a passé deux semaines ici. Ces deux visites ont été un peu traumatisantes pour moi. Ensuite je n’ai plus revu mon père jusqu’en janvier 2013 et ma mère jusqu’en avril 2013. J’avais besoin de faire une pause et ça m’a fait du bien.

Pendant des années, j’en ai beaucoup voulu à mes parents pour leurs “erreurs” dans notre éducation et leur vie en général. Les événements de ces dernières années m’ont aussi déçue et énervée, donc j’ai préféré prendre mes distances (en résiliant ma ligne de téléphone, par exemple, pour que plus personne ne puisse me téléphoner. Oui, je suis super sympa comme ça, des fois).

sundog: 8am

Sundog: 8am

Et puis un jour, sans prévenir, en mars dernier, paf… je ne sais pas comment l’expliquer… c’est comme si j’avais depuis toujours un tiroir dans ma tête appelé “parents” et qui était rempli d’amertume, de ressentiments, de désillusions, de stress, d’énervement… et un jour, je me rappelle exactement de quand c’était, j’étais en train de lire un bouquin dans mon salon… et paf, le tirroir s’est soudain retrouvé complètement vide!

Depuis, le tiroir est resté vide. Je ne suis plus énervée contre ma mère quand elle raconte les mêmes histoires déprimantes pour la 150ème fois, et je trouve sympa qu’elle m’envoie du chocolat pour Noël. Je ne suis plus mal à l’aise avec mon père quand il essaye de nouveau de me téléphoner comme on le faisait si agréablement et si souvent avant 2011, et je suis contente de le revoir en février chez ma frangine. Et j’ai passé des bons moments avec eux en avril dernier, quand j’étais en Suisse.

Je ne comprends toujours pas les choix de mes parents mais finalement ça n’a aucune importance. Mes parents ont fait de leur mieux et ont fait plein de conneries dans leur vie… comme tout le monde… et en plus ils m’ont toujours pardonné mes conneries à moi, ils m’ont (presque) toujours soutenue dans mes choix (qu’ils n’ont sûrement pas toujours dû comprendre), et ils ont fait de leur mieux pour toujours être là pour moi. Et on ne peut pas en dire autant de tous les parents du monde. En plus, ils font des efforts pour “recoller les morceaux cassés” et je leur en suis reconnaissante.

Sundog 9am

Sundog 9am

Un tiroir de vidé! Après 40 ans! C’est vraiment super libérateur et reposant comme sentiment!

C’est, je crois, le seul résultat positif de ma “crise de la quarantaine.”

39 comments

  1. eva

    Eh bien, c’est “marrant ça”, il s’est passé un peu la même chose pour moi, enfin essentiellement pour ma mère. Je n’ai jamais coupé complètement les ponts vis à vis de mon père à qui je n’avais pas grand chose à reprocher. Et puis mon père s’en est allé et il n’y avait plus que ma mère et là, je me suis dis que je n’avais plus d’obligations… et soudain je me suis rendu compte moi aussi que le tiroir s’est soudain vidé, je n’ai pas su comment, pourquoi… sans doute un long cheminement dont je n’ai pas été consciente. Bon, on ne se voit pas car pas mal de km nous séparent, mais on se téléphone régulièrement. J’ai même réussi à lui souhaiter bonne fête pour la fête des mères, là c’était vraiment la preuve!

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    • Oui, c’est exactement ça, c’était soudain et je n’ai pas su comment ni pourquoi. Mais ça fait du bien de faire bouger les choses, hein, même si ce n’est qu’un petit pas à la fois 🙂 Je suis bien contente pour toi!

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    • Comme je l’explique ci-dessus (ou ci-dessous, je sais pas), l’apaisement n’est certainement pas un sentiment que j’aie jamais connu dans ma vie ni que je connaitrai un jour… mais avoir déjà une raison de moins de s’énerver c’est déjà pas mal 🙂

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  2. Ma mère m’a dit un jour : “on devient adulte le jour où on pardonne à ses parents”. Ca m’est resté et je trouve ça très vrai. Avant d’être des parents, ce sont des humains.
    On n’est pas infaillible, ils ne le sont pas non plus.
    Ayant des enfants moi-même, je me dis qu’ils m’en voudront un jour pour des tas de trucs que je n’aurai pas “réussi” selon leurs critères. Qu’ils auront un paquet de trucs à me reprocher.
    J’espère juste qu’un jour, cette phrase de leur grand-mère leur permettra de me pardonner 🙂
    Ca n’empêchera pas les coups de colère parfois, ou les moments où ils t’énerveront, mais je pense que tu ne rempliras plus jamais ce tiroir 🙂
    Une grosse malle bien lourde que tu laisses sur le bord de la route pour continuer ton chemin ! Ca fait du bien ! 😀

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    • Je ne sais pas si ce qui c’est passé (quand mon tiroir s’est soudain retrouvé vide) est que j’ai pardonné à mes parents. Je ne sais pas si je leur ai pardonné quoi que ce soit… mais peut-être que c’était ça. Quand certaines choses se passent, quand je repense à certains événements, etc., je n’ai plus qu’un pensée dans ma tête qui débarque immédiatement: I don’t care anymore. Ca ne me concerne plus, ça ne m’intéresse plus. Peut-être que c’est ça le pardon? Ne plus ressasser toujours et encore les mêmes histoires?

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  3. Valerie de haute Savoie

    J’ai apaisé mes relations au fur et à mesure que je devenais mère. Je relativisais leurs erreurs par rapport aux miennes. Et puis je voulais que le jour où l’on se quitterait définitivement, je sois en paix avec eux, pour mes enfants. C’est tellement plus doux.

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    • Je ne pense pas qu'”apaisée” soit un jour un mot qui me décrira ou qui décrira ma vie 😉 Je me bats, je ne fais que ça, me battre, 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, donc c’est pas mal agréable d’avoir une bataille de moins à batailler, ça c’est sûr.

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  4. Laurence

    Super et bravo ! Ça fait du bien et ça libère pour autre chose… Je te souhaite de ne pas , comme moi, passer par des phases “hautes et basses” selon ce qui peut énerver en face… Profite en ma belle

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    • Peut-être que ce n’était qu’une “trève de la quarantaine” hein 😉 J’aime bien quand tu dis “ça libère pour autre chose…” Effectivement, il y a tellement d’autres choses, et comme je le dis ci-dessus, j’ai encore 150 autres tiroirs à vider!

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  5. samantdi

    Il me semble aussi que c’est un bénéfice de l’âge dont on ne parle pas assez : la sérénité que donne le fait de vieillir… Je vais avoir 53 ans. Au lieu de regretter nos rides, notre poids ou d’autres futilités de ce style, il faut dire et répéter que c’est CHOUETTE de vieillir, qu’on trouve des tas de réponses aux questions qu’on se posait !

    Toi tu as éprouvé le besoin de mettre de la distance géographique et émotionnelle avec tes parents, moi j’ai éprouvé le besoin inverse. J’avais l’intuition, dans ma vingtaine, que je devais rester pas très loin de ma mère si je voulais avoir une chance de comprendre mon histoire familiale, d’entrer en dialogue avec elle… Et c’est ce qui s’est passé. Aujourd’hui qu’elle n’est plus là, je suis très apaisée que nous ayons pu construire ensemble une belle relation, malgré des circonstances difficiles. Il faut dire aussi que ma mère était une belle personne, seulement, dans sa jeunesse, elle était prisonnière de ses secrets et de sa souffrance.

    J’ai mis moi aussi un certain temps à comprendre ça.

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  6. Le début de ton billet m’a presque choquée je dois le dire. La fin est heureusement plus sereine et prouve que tu as mûri (il n’y a pas d’âge) et appris à relativiser. Enfin, j’imagine.
    Comme le dit Axelle, les parents sont des humains comme les autres. Nous sommes tous des parents en devenir et il n’y a aucune école pour cela. A part celle de notre enfance.
    Je me rappelle plus jeune avoir souvent pensé que je ne serais jamais comme mes parents. J’ai aussi eut la rage pour diverses raisons plus ou moins futiles. Aujourd’hui, je dois l’avouer, je me trouve plein de similitudes avec eux et je comprends mieux certaines choses.
    Mon tiroir à moi n’est pas vide. Les mauvais comme les bons souvenirs sont toujours là. Seulement, je l’ouvre avec d’autres yeux.

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    • Pourquoi tu étais choquée? Tu ne sais pas ce que mes parents ont fait! Ils méritaient peut-être que je les laisse un peu à eux-mêmes pendant un moment! En tous les cas, leur vie a commencé à rendre MA vie impossible, à un moment, et je n’ai pas eu de choix que de me distancer de tout ça. Et je n’ai pas appris à relativiser. Un jour, comme je l’explique, je me suis rendue compte que tout ça ne me concernait plus, c’est tout.

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  7. linlin

    C’est bien d ‘arriver à relativiser ! Je fais toujours beaucoup d ‘effort pour supporter ma mère . les ponts ne sont pas coupés du tout , mais aucune complicité et les raisons sont tellement multiples ouch!!!!!!!! En tout cas bravo !

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    • Comme je l’explique ci-dessus, je ne pense pas m’être “rapprochée” de mes parents, sauf peut-être après m’en être éloignée ces dernières années, mais on n’est pas “proches.” La distance physique n’aide pas (ou aide peut-être, au contraire). On est peut-être dans une situation de trève, c’est ça…

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    • Merci mais je n’ai strictement rien fait! C’est venu comme ça, paf, sans prévenir, saus que je fasse “un gros travail sur ma relation avec mes parents” (parce que ce n’est pas du tout le genre de truc que j’ai envie de faire, j’ai des soucis bien plus sérieux que ça!) 🙂

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  8. Dodinette

    Ça m’intéresserait – puisque tu dis que tu te souviens parfaitement du moment – de savoir quel bouquin tu lisais, et où tu en étais rendue. Est-ce que ça avait un rapport quelconque avec la choucroute ? Pas forcément un rapport évident, je ne parle pas d’un truc cousu de fil blanc style psycho-pop… Mais est-ce que tu as vu, dans ce que tu lisais, une sorte de lien, aussi ténu, aussi surprenant, aussi invraisemblable soit-il, avec ce tiroir, et qui t’a fait réaliser qu’il s’était tout à coup vidé ?

    Je lis les commentaires ci-dessus avec un oeil qui rit et un oeil qui pleure – notamment celui de Samandti, car avec son habituelle finesse elle met le doigt sur une des choses qui caractérisent ta vie : la distance physique. Je crois que je me retrouve finalement dans un peu la même situation que toi, mais j’ai pas 40 ans et je suis quasiment en train de faire ma crise d’adolescence (à distance, donc, et avec 20 ans de retard !!), alos mes problèmes sont loin d’être résolus, hahaha !

    Je me rappelle avoir un jour dit à mon père, sur le chemin du collège que nous faisions ensemble chaque matin – je devais avoir 11 ans – que je les trouvais, lui et ma mère, dans l’ensemble, quand je les comparais avec ce que j’entendais mes copines raconter des leurs, globalement des “bons parents”. J’entends encore aujourd’hui son silence étonné et un peu inconfortable juste après : il ne s’attendait visiblement pas à ça.
    Mais je me rappelle aussi les innombrables fois, par la suite, où je me suis mise à les trouver exécrables. Non, pas exécrables : juste normaux finalement, “ben normaux”, ben plates, ben prévisibles, vieux-jeu-vieux-cons irrécupérables. Sans être pour autant moi-même une adolescente difficile ou rebelle : j’étais tout aussi plate qu’eux, prévisible, vieux-jeu à 20 ans, trop sérieuse, trop responsable. (Mon problème actuel, c’est que je les trouve de pire en pire !) Et à chaque occurrence où je me disais “pfff”, je me rappelle m’être sentie prisonnière de cette petite phrase d’un malheureux matin de mon année de 6e.

    À force de ressasser toutes ces années, je crois que la raison pour laquelle j’ai épousé, très jeune, mon tout premier amoureux, c’était pour pouvoir échapper à cette gangue dont je sentais confusément qu’elle portait en elle le risque de m’étouffer si je restais trop proche. Épouser, c’était la façon de sortir honorablement, indiscutablement ET sans crise (je déteste les confrontations, je les évite comme la peste) du carcan très traditionaliste dans lequel j’ai grandi. Et non seulement je suis partie jeune, mais en plus je suis partie (très) loin… Je crois que j’avais fondamentalement *besoin* de partir, pour ma propre survie. Un peu comme toi.

    Globalement ça m’a aidée à me défaire, vivre quelque chose de radicalement différent du monde dans lequel ils m’ont élevée est définitivement salutaire… MAIS… à chaque fois qu’on se revoit, les vieux démons sont là, juste sous la surface, palpables, quasiment exacerbés depuis que j’ai moi-même des enfants. Et comme je les trouve (mes parents) de plus en plus cons avec le temps, j’ai toujours un peu peur de m’éloigner de plus en plus et finalement n’avoir plus aucun moyen de communiquer avec eux alors que j’ai tant de comptes à régler encore.

    (des fois je me dis que je pourrais rebloguer)

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    • Haha, je me demandais si quelqu’un allait me demander quel livre je lisais 🙂 Ca a sûrement quelque chose à voir, et pourtant c’était la deuxième fois que je lisais ce livre et il n’avait pas du tout eu la même influence sur moi la première fois que je l’ai lu. C’était The Boy in the Moon de Ian Brown.

      Comme je l’explique, je ne comprends (et n’approuve) toujours pas tous les choix de mes parents aujourd’hui… mais pour une raison inconnue, je m’en fiche, maintenant. C’est comme si le cordon ombilical était coupé, ça ne me concerne plus, enfin, ça me concerne autant que les choix de mes voisins: tant que je n’y suis pas mêlée, ils peuvent faire ce qu’ils veulent! Après tout, pourquoi serais-je plus intéressée/heureuse/énervée par les choix de mes parents que par les choix de mes voisins? On est tous humains et “life sucks” et on fait de son mieux et on est tous le con de quelqu’un, c’est tout. (Attention, je ne dis pas que je me suis rapprochée de mes parents, hein. Je crois plutôt qu’on a trouvé un status quo qui marche (en tous les cas pour moi, je sais pas pour eux) pour le moment).

      (et des fois je me dis que tu devrais rebloguer!)

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  9. Boeingbleu

    Comme on dit, vaut mieux tard que jamais ! Je suis contente que tu ais trouvé une façon d’être plus sereine dans ce domaine. Perso, j’ai plutôt le problème contraire, j’aime tellement mes parents que j’ai de la difficulté à me séparer d’eux et à devenir vraiment adulte.

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  10. Pingback: Parhélie | Valvita

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)