En 2005, j’habitais dans un grand champ de maïs et 1) je finissais mon doctorat, 2) je remplissais les papiers pour immigrer au Canada, et 3) je cherchais un boulot.
Un jour, j’ai reçu une invitation pour une campus visit dans une université de Toronto. Avant de prendre l’avion pour Toronto, j’ai relu l’offre d’emploi en question (coordinatrice des cours de rédaction pour étudiants étrangers) et réalisé qu’il y avait une toute petite phrase, bien cachée au milieu de tout le reste, qui parlait de collaboration avec le writing centre.
Un peu paniquée, j’ai appelé une copine qui a l’époque travaillait dans le writing centre de mon université, qui était d’ailleurs le writing centre le plus célèbre au monde. Quand je lui ai raconté mon problème, elle a rigolé et m’a donné sa copie d’un bouquin d’environ 250 pages qui parlait des writing centres, et dont l’auteur était un certain Ben.
Dans l’avion pour Toronto, j’ai lu tout le bouquin, et j’ai bien sûr était brillante lors de l’entretien d’embauche grâce à ce bouquin! Quelques semaines plus tard, j’ai reçu une offre d’emploi de cette université, et après avoir vaguement collaboré avec le writing centre pendant quelques mois, j’en suis devenue la directrice!
En 2009, j’ai déménagé à ATPN, et en 2012, j’ai demandé la tenure. Et l’un des trucs qu’il fallait faire pour ça, c’était d’envoyer son dossier de 400 pages à six experts dans mon domaine mais avec qui je n’avais jamais travaillé ni collaboré. Et ce n’était pas moi qui choisissais ces experts et je ne pouvais pas savoir qui ils seraient!
Quelques mois plus tard, j’ai pu lire les lettres de ces experts (sans leurs noms) et elles étaient toutes extrêmement positives, et donc j’ai reçu ma tenure.
Aujourd’hui, sept ans plus tard, pendant une conférence de directeurs de writing centres, j’ai assisté à une petite cérémonie pour dire au-revoir à Ben, le type qui avait écrit le bouquin grâce auquel j’ai eu mon boulot à Toronto en 2005 (et que mes étudiants doivent toujours lire, pratiquement 15 ans plus tard) (entre temps on s’est rencontrés plusieurs fois à des conferences) parce qu’il prend sa retraite. Et quand je lui ai raconté cette petite histoire pour le remercier, Ben m’a dit dit qu’il était ravi de savoir qu’il m’avait ainsi aidée et qu’il savait bien que je serais une great writing centre director quand il avait lu et évalué mon dossier de tenure en 2012!
Mortecouille! Je comprends mieux pourquoi je l’ai eue, cette fameuse tenure, avec quelqu’un d’aussi célèbre que Ben pour évaluer mon travail et me soutenir (alors qu’il ne me connaissait pas du tout à l’époque)! Ouah, le célèbre Ben a écrit une lettre pour moi!! Je suis très flattée et toute émue, rétrospectivement!
En fait, je lis suis abonné à un blog, commente sur le blog d’une sommité dans le domaine du great writing, reconnue et adoubée par le gratin mondial… J’en suis tout flatté et tout ému.
A part ce cri du coeur, j’adore le titre de tes billets à chaque fois je les trouve excellents.
Bleck
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Huhuh, merci 😊
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Kikou ! Joli parcours ! Il faut un doctorat en quoi pour travailler dans un writing center ? Çà n’existe pas en France il me semble…
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Un doctorat en rhétorique/composition, ou applied linguistique, ça devrait marcher 😉 Ça commence à apparaître en France, et il y en a partout en Allemagne!
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déjà 7 ans? j’ai l’impression que tu as eu ta tenure il y a 2 ou 3 ans..cela m’angoisse!
bravo pour ton parcours pro impressionnant!
ce fameux Ben qui a compris au moment de la tenure, quelle fille incroyable tu es, ne peut pas t’aider à trouver un autre endroit où continuer ton boulot, avec des gens un peu moins stressants? dans une ville plus accueillante?
bonne fin de semaine et des câlins à Calinette (donne nous des nouvelles?)
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Ben n’habite pas au Canada, hélas 🙂
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Est-ce que quelqu’un aurait l’amabilité et la générosité de m’expliquer ce qu’est une tenure ? J’aurai l’air (un peu) moins sot et peut-être même que j’essaierai de replacer ça en cette fin de semaine lors de mes dîners en ville.
Bleck
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Je crois que la “tenure”, c’est la « titularisation », ce qui signifie que la personne qui en fait l’objet obtient la « permanence », la sécurité d’emploi ; cette personne devient salariée à temps complet, quelles que soient ses heures d’enseignement. Alors que la personne qui ne serait pas titularisée serait engagée pour enseigner une matière, généralement payée pour 45 heures d’enseignement durant quatre mois, sans bénéficier des avantages sociaux réservés aux professeurs permanents. La personne titularisée doit normalement, en plus de ses heures d’enseignement, faire de la recherche, publier des articles, etc. ; elle peut, par moments, être dispensée d’heures d’enseignement pour consacrer davantage de son temps à la recherche ou à d’autres projets. En gros, on peut dire que la personne titularisée a le statut officiel de « professeur », alors que les autres ne sont que des « chargés de cours » ; ces derniers n’ont pas toujours les qualifications nécessaires pour devenir professeurs, mais ils ont assez de compétence dans leur domaine pour pouvoir enseigner une matière donnée…
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Merci beaucoup pour la qualité de ta réponse, Alcib. J’apprécie que tu commences ce commentaire par un “je crois” loin d’asséner une certitude. Encore Merci.
Bleck
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Huhuh, merci Alcib 🙂
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J’aime tellement lire ce genre d’histoires positives qui montrent un de tes talents! Bravo
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🙂
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La vie est une suite de rencontres auxquelles on répond avec plus ou moins de créativité personnelle ce dont tu n’es pas dépourvue. Tu as bcp de qualités qui sont difficiles à planquer et le tout doublé d’une certaine dose d’inconscience et d’une farouche obstination … demande à Ben qu’il te trouve un boulot à Ottawa ou Toronto ou Montréal.. ça serait quand même plus proche de notre vieille Europe…we miss you ! And Life is short.
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Ben n’habite pas au Canada, hélas 🙂
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Très short, même.
Bleck
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Elle est chouette cette histoire. Il me vient deux questions à la suite de cette lecture : quel est le livre écrit par Ben ? Est-ce que tu as déjà dû répondre à des demandes de “tenure” d’autres personnes ?
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Oui, j’ai déjà évalué le dossier de tenure d’une bonne femme d’une autre université. C’est énormément de boulot! Quant au bouquin, c’est à propos des gens qui n’écrivent pas dans leur langue maternelle 🙂
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