c'est pas moi je l'jure!

les temps modernes

C’est marrant, hier je râlais à propos des réunions chiantes, et qu’aujourd’hui, à ma grande surprise, j’ai assisté à une réunion très sympa. C’était avec le groupe de la ville de Kingston avec lequel je travaille. Des personnes “normales” font partie du groupe, mais aujourd’hui, le hasard a fait qu’on était seulement quatre, d’un peu tous les âges, et toutes avec des difficultés physiques diverses et variées. A un moment, on devait décider d’un logo pour un événement estival organisé par Kingston: la version classique, ou la version “dynamique”?

La fille qui a présenté le projet a dit “j’ai besoin de votre opinion, mais je dois vous avouer que j’ai une réaction très négative quand je vois le nouveau logo!” Notre discussion a immédiatement dérapé sur le sujet de notre identité, des préjugés, de l’équité, des termes utilisés (on déteste toutes “disabled,” qui signifie, en gros, “incapable”), des gens autour de nous, de nos expériences, des changements dans la société… Avec ce logo que j’ai déjà dû voir ailleurs mais auquel je n’ai jamais fait attention, on s’est dit que son but était de montrer que la personne handicapée n’était pas passive mais “active comme tout le monde.” Or, si toutes les personnes en fauteuil roulant ne doivent effectivement pas être poussées par autrui pour avancer, toutes les personnes en fauteuil roulant ne sont pas non plus nécessairement capables de se bouger elles-mêmes, et plusieurs personnes sont indépendantes grâce à des fauteuils électriques mais peut-être incapables de bouger le haut du corps. De plus, d’autres personnes peuvent avoir besoin d’un accès sans escaliers ou de places de parking proches ou de portes automatiques, comme les personnes âgées, les parents avec des poussettes ou des jeunes enfants, des personnes en béquilles, des personnes avec des problèmes plus ou moins invisibles (cancers, maladies chroniques, problèmes psychiatriques, etc.). Bref, en incluant des nouvelles personnes dans le nouveau logo, on en excluait toujours beaucoup d’autres. On a conclu que ce logo était typique d’une société qui veut montrer qu’elle fait “des efforts” en terme d’inclusivité mais qui ne comprend toujours pas les problèmes réels auxquels les personnes qui vivent avec des difficultés diverses et variées font face au quotidien. Et que nos gouvernements feraient mieux de dépenser leurs dollars pour rendre le monde plus facile d’accès à TOUS au lieu de dépenser ces dollars en changements de logos inutiles et prétentieux.

C’était vraiment un moment spécial entre filles qui se comprenaient et en même temps qui se rendaient compte de notre diversité d’opinions et d’expériences. C’était la première fois de ma vie (en cinquante ans!!) que j’ai eu ce genre de conversation, et c’était très agréable de pouvoir dire exactement ce qu’on pensait!

A part ça, j’ai regardé (en ligne) notre cérémonie de graduation (à laquelle je ne suis pas allée parce que c’est exactement le genre d’événement qui ne m’est pas facilement accessible!), et j’ai vu plein d’étudiants que j’ai aidés cette année (ainsi que mon refourgueur de cigarettes) recevoir leurs diplômes, c’était très émouvant. Je leur ai écrit un petit email de félicitation à chacun!

7 comments

  1. Mme Chapeau

    C’est impossible de montrer la diversité des situations avec un simple logo.
    Le 17 mai, c’était la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie et ici, on a beaucoup entendu parler du sigle « LGBTQIA+ ».
    A l’impossible nul n’étant tenu, dans ce cas précis, n’arrivant pas à citer tous les groupes, on a fini par ajouter un « + » pour désigner ceux qui n’étaient pas nommé explicitement…

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  2. CINABRE

    Un demi siècle de silence sur un sujet si intime …. Saperlipopette !
    Question : qu’est ce qui est le plus difficile ? Le regret de quelque chose que l’on a fait ou le regret d’une chose que l’on n’a pas faite ?

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Merci pour vos commentaires que j'adore :)