c'est pas moi je l'jure!

comme si c’était écrit

Quand j’ai terminé mon doctorat en Linguistique appliquée, j’ai été embauchée pour faire un job auquel je ne connaissais strictement rien! Alors j’ai contacté des gens que je connaissais un peu dans ce domaine et je leur ai demandé ce que je devais faire, et ce que je devais lire pour apprendre le job. Et ces gens travaillaient dans LE TOUT PREMIER centre d’écriture, le plus célèbre, le plus mieux, le plus tout, donc les “copier” c’était le rêve.

Il n’est donc pas compliqué de comprendre comment je me suis rapidement “fondue dans le moule.” Ca a demandé beaucoup de travail, bien sûr, mais j’ai petit à petit réussi à recréer, d’abord à Toronto (partiellement) puis ensuite à ATPN, un centre d’écriture presque “parfait” d’après les normes en fonction à l’époque.

Ce faisant, j’ai créé des liens très forts avec d’autres directeurs comme moi, au Canada et aux Etats Unis, et j’ai donc rapidement ressenti un sentiment d’appartenance à cette communauté de directeurs, de même qu’un sentiment d’allégeance enthousiaste à ce minuscule monde académique un peu élitiste.

J’ai été très fière d’arriver à créer et à maintenir cette philosophie, cette pédagogie, cette idéologie, même, contre vents et marées pendant toutes ces années!

Et puis un jour paf, je me suis retrouvée directrice d’un autre centre d’écriture complètement différent! Le jour et la nuit! Et donc devant un dilemme fort cruel: comment accepter qu’il y ait d’autres façons très différentes mais aussi excellentes de faire les choses? Comment accepter que mon petit monde parfait puisse ne pas avoir été si parfait que ça finalement? Comment accepter que ma façon de penser et de faire les choses n’ait pas été la seule façon de créer un monde parfait?

Comment accepter de devoir faire des choses que j’ai toujours critiquées, et accepter que ce soit AUSSI les bonnes choses à faire?

Comment accepter que je pensais et faisais les choses d’une certaine façon non pas parce que c’était “les bonnes choses à faire” mais parce que c’était ce que pratiquement tout le monde fait et croit?

Comment accepter de devoir devenir une paria dans cette chaleureuse communauté (mais un peu élitiste, donc) dans laquelle je me sentais si bien depuis tant d’années, parce que maintenant je vais devoir faire les choses différemment?

Comment ne pas partir en criant “vous êtes tous fous, vous avez tort, ce que vous faites est horrible, vous irez tous en enfer!”?

Comment vivez-vous avec vous-même, quand vous êtes obligés de faire quelque chose que vous vous étiez promis de ne jamais faire?

J-30

20 comments

  1. catandfivecats

    Je ne comprends pas pourquoi tu doutes de ce que tu as réalisé? je serais très fière à ta place, tu as accompli des prouesses mais sans retour, d’après ce que j’ai compris..
    et tout comme La Zia, je me demande où va le monde si on te promets des trophées de cerf ou de wapiti, ci, on ne promet rien, si ce n’est un “passeport” pour aller au ciné, au resto ou à autre endroit réjouissant, où on allait sans complexe AVANT…
    c’est d’une tristesse..
    bon début de WE!
    bises

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    • Ici aussi tout est politique! La loterie s’adresse à ceux qui ne se sont pas encore fait vacciner, qui sont les conservateurs et donc du côté du gouvernement actuel de l’Alberta. Le premier ministre s’adresse donc à ses disciples avec ces prix!

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  2. Matoo

    Je ne me promets pas de ne jamais faire telle ou telle chose, comme ça si ça arrive, je peux plus facilement retourner ma veste !!! 😀 Mouahahahaha. Nan je suis comme toi je pense, je serais super emmerdé et ça serait un vrai doute existentiel. Et puis j’enverrais tout valdinguer en disant “Eh merde !”. 😀

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  3. Un permis de chasse à vie? J’ai l’impression que les lots offerts aux pas encore vaccinés sont pour des gens qu’on considère comme peu intellectuels.
    Quant à faire des choses qu’on s’était promis de ne pas faire, c’est un vrai problème. Je ne suis pas sûre qu’on puisse le supporter très longtemps, à moins de se rendre compte que, finalement, ça n’est pas si mal comme ça non plus.

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    • Je te verrais bien avec un permis de chasse à vie, toi 😆 Ce prix s’adresse effectivement aux cowboys bitumineux et illettrés de l’Alberta, les conservateurs qui ne voulaient déjà pas porter de masques et qui ne vont pas en plus se faire vacciner!

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  4. mmechapeau

    Sans tester, vous ne pouvez pas juger. Quant à se promettre de ne jamais faire quelque chose, ne vous a-t-on pas expliqué qu’il il ne fallait jamais dire « fontaine, je ne boirai pas de ton eau » ?

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  5. Isabelle

    Je ne me suis jamais retrouvée face à une telle situation, et je ne sais pas comment je réagirais. Difficile de voir et faire les choses autrement !! même s’il y a d’autres bonnes façons.
    Quant aux lots promis, quelques premiers vaccinés vont être jaloux de ne pas avoir eu le permis de chasse. Ma sacrée ville offrait deux masques à tous, dès le début de la vaccination. Mon mari n’a rien eu…. comme je suis sympa, je lui en ai donné un.

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    • Ahhh mais le Manitoba et le Québec offrent aussi des prix à la loterie des vaccins, mais je comprends qu’on puisse être jaloux du permis de chasse A VIE! 😉 Le Manitoba n’offre QUE des bourses d’études, haha!

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  6. Pingback: ce poulet du dimanche | c'est pas moi je l'jure!

Merci pour vos commentaires que j'adore :)