c'est pas moi je l'jure!

j’ai pas les mots

Pendant des années, j’ai enseigné à mes étudiants un principe linguistique qu’on appelle speech community. En gros, chaque personne a plusieurs identités et appartient à plusieurs communautés, et dans chaque communauté, on parle différemment*. Par exemple, moi, je fais partie de la communauté des femmes (les femmes parlent différemment des hommes), des profs universitaires (les profs universitaires parlent différemment que les profs de lycées et que les non-profs), des gens nuls en informatique (les geeks ont un langage bien différent du mien), des Suisses francophones, des expatriés, des célibataires, des mémères à chats, des soeurs aînées, des personnes handicapées, des administrateurs, des gens de classe moyenne, etc. Je passe très souvent d’une identité à l’autre, et donc très souvent de langage aussi: je ne parle pas de la même façon à Ze Boss (je suis l’employée) ou à ma secrétaire (je suis la boss) ou à mes amis (je suis l’amie) ou à ma frangine (je suis la soeur) ou à ma mère (je suis la fille) ou à mes chats (je suis gaga).

Au fil des ans, j’ai adopté de nouvelles identités: bloggeuse, trentenaire, musicienne, immigrante au Canada, propriétaire, docteur en linguistique, Albertaine, belle-soeur, tante, boss, cuisinière, collègue…

Il y a des identités plus faciles à apprivoiser que d’autres. Avec le titre de prof universitaire dans une université prestigieuse vient le titre de chercheuse et écriveuse d’articles académiques, et cette identité-là, je l’accepte très difficilement. Même si j’adore le boulot que je fais au quotidien, j’ai aussi beaucoup de mal à accepter entièrement l’identité d’administrateur et de “manager de budget et de ressources humaines” qui vient avec. Je vais aussi essayer de me débarrasser de mon identité de propriétaire l’année prochaine parce que ça ne me convient plus du tout!

Et puis mercredi, une nouvelle identité m’est tombée dessus: enfant de parents divorcés. Ca fait de longs mois que les choses allaient dans cette direction donc c’est plutôt un soulagement que quelqu’un ait enfin pris une décision. Mais quand même, ça me fait tout bizarre. Je ne pourrai plus dire “je vais passer quelques semaines chez mes parents” mais il faudra que j’aille “chez ma mère” ou “chez mon père.” On ne pourra plus dire “papa et maman” ou “tes parents” quand on se parle, entre frangin-frangines ou avec mes tantes et cousins et grands parents. Je ne recevrai plus d’émail de “papetmam.” Je ne pourrai plus dire “alors, qu’est-ce que vous allez faire pour Noël?” C’est toute une nouvelle façon de parler et un nouveau mode de pensée qu’il faut que j’apprenne!

Je ne suis pas triste ou fâchée et je ne me sens pas responsable, mais c’est juste bizarre. Même si ça fait plusieurs mois que j’essaye de me faire à cette idée, même si j’ai toujours pensé que mes parents devaient divorcer, le fait de l’entendre, finalement, comme ça, ça fait un choc. Heureusement, la situation au boulot se détériore tellement rapidement et gravement que je n’ai pas le temps ni l’énergie de beaucoup penser à mes parents. Et puis j’écoute ça à longueur de journée…

Voilà des banana fritters, inspirés par une recette de Donna Hay (dans son livre de recette Simple Essentials: Fruits). Comme il me restait du buttermilk de mon cake tyrolien, j’ai décidé d’essayer cette recette qui en utilise aussi, le week-end dernier.

Je vous copie la recette en anglais parce que je n’ai pas le courage de la traduire. Mais c’est hyper facile, il suffit de tout mélanger et basta, à la poêle! Vous remarquerez que j’ai utilisé des bleuets au lieu de la noix de coco conseillée et j’ai divisé les proportions par deux.

2 cups (300 g/10 1/2 oz) plain (all purpose) flour
3 tsps baking powder
2/3 cup (125g/4oz) brown sugar
1 cup (250ml/8 fl oz) buttermilk
2 eggs
4 ripe bananas, mashed
20g (3/4 oz) butter
2 bananas, extra, sliced lengthwise, to serve
toasted flaked coconut, to serve
1/2 cup (125ml/4 fl oz) maple syrup

Place the flour, baking powder, sugar, buttermilk, eggs and bananas in a large bowl and mix to combine. Heat a large non-stick frying pan over medium heat. Add the butter and pour 1/3 cups (80ml/2 1/2 fl oz) of the mixture into the pan and cook, in batches, until bubbles appear on the surface. Turn the fritters and cook for 1 minute or until golden. Repeat with remaining mixture. Serve in stacks layered with the extra banana and topped with the coconut and maple syrup. Serves 4.

Réussite: 9,5/10. Hyper délicieux, ces fritters sont finalement assez difficile à faire cuire sans les cramer, probablement à cause de la banane qui caramélise rapidement. Comme ils sont un peu épais, ça prend du temps et il faudrait avoir 2 ou 3 poêles pour en servir plusieurs à la fois. Mais c’était vraiment exquis!! (Et vous remarquerez que comme Donna Hay est Australienne, ses recettes sont en unités métriques et impériales ce qui est fort agréable!)

* Normalement, je donne l’exemple du mot “green” à mes étudiants. La plupart des gens pensent à la couleur verte quand ils entendent ce mot, et les golfeurs, eux, pensent au green de golf… Mais il y 3 ans, pour la première fois, mes étudiants n’ont pas pensé à la couleur en premier mais à l’environement! Green cars, green detergent, etc. C’est comme il y a 40 ans, tout le monde pensait à l’animal quand on disait le mot “souris” mais maintenant, la plupart des gens (sauf peut-être les exterminateurs, les personnes âgées et les chats) pensent d’abord à la souris d’ordinateur.

27 comments

  1. dans le genre complications… enfant de parents divorcés, re-re-re-mariés… ça aussi ça rend les plans familiaux compliqués ! 😛 Mes parents ne vont pas du tout ensemble, leur divorce fut une bénédiction (bon pas sur le coup, c’est jamais fun, mais aujourd’hui, no regret) … dur quand même pour toi. Mais gérable! Ca t’aide d’être loin, ou ça rend le tout encore plus difficile? gros bisous, et bienvenue somehow dans not” clan …. 🙂

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  2. Je n’ai pas connu cette situation mais je suppose que l’on doit, dans ces cas-là, faire le deuil d’une certaine idée qu’on se faisait de la famille … Pas simple.
    Je te fais de gros bisous, pour çà, pour le boulot et pour le reste …

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  3. J’ai justement un régime de bananes qui est tombé dans mon jardin. En fait le poids du régime et la pluie ont fait s’effondrer le bananier par terre. Il ne me reste plus qu’à m’armer de mon sabre à canne et à débiter les mains de bananes, puis faire la distribution aux voisins. C’est des bananes géantes, une seule suffit pour un repas ! Mais pour ce genre de gâteau que tu proposes, voilà une bonne idée de transformation. Merci.

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  4. isabelle Coudray

    mais qu’est ce donc que des bleuets? dans mon vocabulaire de fille de la campagne, ce sont des fleurs sauvages des champs, vigoureusement combattues par les agriculteurs … merci pour cette intéressante reflexion sur les langages …

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  5. finalement t’as raison de dire que t’es gaga. T’es lady gaga dans l’oeuf attendant d’éclore dans une Nième nouvelle identité…
    C’est drôlement interessant cette histoire de langageS. C’est vrai que c’est une nouvelle langue qu’il va falloir apprendre 😦 . En même temps l’ancien langage de fille de tes parents était plein de nouveaux mots pas très agréables sur la fin. Celui là ça devrait être l’inverse : plein de mots nouveaux pas très agréables au début, et puis après peut être que ça ira mieux. En tout cas je te le souhaite !

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  6. Bah dis donc… Pas très réjouissant tout ça!… Même adulte on reste concerné par ses parents ,… Et le boulot ne semble pas s’arranger…. Heureusement que tu as ta cuisine et tes coquines qui doivent aussi avoir un langage bien à elles pour te remonter le moral!

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  7. E.

    Je ne fais pas partie de la meme communaute linguistique que toi en ce qui concerne les parents mais j’imagine qu’une fois passe un temps d’adaptation appris ca devrait etre plus facile que d’etre dans la communaute linguistique des-enfants-de-parents-quin’arretent-pas-de-se disputer-et-qui-se-rendent-la-vie insupportable-et-a-leur-entourage-aussi . Enfin j’espere 😉

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  8. laurence

    aie… moi aussi mes parents ne vont pas du tout ensemble mais ne comptent pas du tout divorcer, eh ben je peux te dire, tu dois t’en douter que c’est la cata aussi !

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  9. clau

    chère CaSo … j’envisageais bien un ” truc ” comme ça quand tu as commencé à évoquer les problèmes familiaux … mais sans oser te demander confirmation … Oui ça semble finalement énorme quand je pense que j’ai failli faire la connaissance, il y a trois ou quatre ans maintenant, d’un couple que je pensais alors très uni et qui était peut-être déjà en train de se déchirer ! 😦 Il n’y a cependant pas d’âge pour divorcer 😉 Je lisais hier l’annonce du divorde d’un des astronautes qui a foulé le sol de la lune alors que lui et son ex sont âgés de plus de 80 ans ! .. Cette difficulté que tu as à concevoir l’événement en tant qu’enfant ( même si grande maintenant 😉 ) montre que simplement la vision du couple du côté couple lui-même, et la vision du couple du côté enfants de ce couple est profondément différente … Je suis mariée et je peux t’assurer que dès que quelque chose va mal dans mon couple l’idée de la séparation me vient tout de suite à l’esprit … alors que pour mes enfants cela ne constitue qu’un épisode malheureux dans une existence qui doit continuer malgré tout … Ils voient les disputes de leurs parents comme leurs propres disputes à eux … Ils s’échignent mais s’aiment toujours ! … Allez ! Bonne chance pour l’examen ! ( et ça marche comment le divorce au canada ? ;-))) )

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  10. sofrench

    Tres interessant cette reflexion sur le language.
    Ton exemple sur “Green” me fait penser a ce que denonce le livre “l écologie en bas de chez vous” Il y a un endoctrinement mondiale d une pensée verte moralisatrice.

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  11. “… ou à mes chats (je suis gaga)”, j’adore cette chute ! :-))))

    Mes parents ont fêté leur 50 ans de mariage, il y a 3 ans.
    A cette occasion, ma mère m’a dit : “Quand j’avais 30 ans de mariage, je ne comprenais pas les gens qui divorçaient après tant de temps (je me souviens qu’à cette époque, elle m’avait dit “S’habituer aux défauts d’un autre ? Pfff…”), mais maintenant que ça fait 50 ans, je comprends ! ton père est de pire en pire !”
    M’enfin, elle a quand même pas divorcé… Je suppose qu’à 83 ans, elle se dit que ça vaut pas le coup de s’emmerder…

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  12. Mahie

    J’avais bien compris que tes parents ingérables étaient en train de se séparer… Pas glop… Mais bon… J’aurais souhaité bien souvent que les miens le fassent pour ne pas vivre dans la crainte et même la terreur de leurs disputes…
    J’aime bien ton “exposé” sur le vocabulaire…
    Il y a quelque années une copine m’a parlé du “scout” de sa fille. Pour moi un scout c’est un gars qui fait du scoutisme! 🙂 pas un scooter!! 😀 mais pour tous les ados et parents d’ados c’est un scooter!!! 😀
    Ta recette me fait saliver!

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  13. Je suis très rassurée de savoir que je ne suis pas la seule qui devient totalement gâteuse et un peu ridicule lorsqu’elle s’adresse à la déesse de chez nous, à savoir Chamade.
    Que tes parents divorcent ne m’étonne pas vraiment, ils semblaient tant ne plus se supporter lorsque je les ai vu il y a deux ans déjà. Je comprends assez cette envie de reprendre sa liberté. Je suis constamment entrain de me demander si je ne devrais pas faire le pas même si JP et moi avons encore de grands élans de complicités pollués trop souvent par son humeur sombre (mais il est malade, ce qui rend les choses très compliquées).
    Sans doute que tu vas avoir bien plus de plaisir bientôt à les voir et les entendre chacun de leur côté dans leur nouvelle vie.

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  14. catherine

    “j’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé..” a dit Voltaire..
    difficile pour toi peut être en ce moment, mais prends soin de toi..
    l’histoire de tes parents doit rester avec tes parents, il ne faut pas s’en mêler, sinon tu vas désespérer..bon courage!
    ( et voir le bon côté des choses, tu auras 2 cadeaux à Noël!!) nan je plaisante, c’est très triste..
    bises du dimanche..

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  15. axelle

    C’était donc ça … Oui, tu évoquais régulièrement des soucis familiaux.
    Tout ce que je peux te dire, c’est qu’effectivement, tu n’y es pour rien, certainement. Que certains divorces se passent mieux que certains mariages.
    Et que mes parents sont mariés depuis 30 ans, nous font vivre un enfer depuis 30 et que j’espère leur divorce depuis 30 ans …
    Après, il y a un temps d’adaptation qui, je comprends, doit être apprivoisé, car une séparation n’est jamais évidente.
    Je te souhaite bon courage. Et je pense à toi avec soutien.

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  16. Candy, c’est pas le remariage qui me fait peur mais plutôt les demi-frères/soeurs… Là, pas sûr que le je prendrais très bien 😉 Et oui, ça aide beaucoup d’être loin, ouf!!! (c’est pas cool pour mon frangin qui est tout seul pour gérer la situation sur place, par contre.)

    Fransoiz, c’est exactement ça, on a des idées, des concepts des choses qui nous entourent, les choses sont comme si ou comme ça et on pense que ça le restera toujours… mais en fait non. Bisous à toizossi 🙂

    Chriss, bon appétit 🙂

    Minimoose, salut toi, ça faisait un moment dis-donc, tu m’as manqué 🙂

    isabelle, les bleuets sont effectivement l’équivalent des myrtilles mais en plus gros. C’est ce qu’on trouve au Canada 🙂

    Krysalia, en fait, heureusement, je n’ai pas entendu (pour le moment) trop de méchants mots de l’un contre l’autre. Déjà, je parle pas trop avec mon père, et ma mère se contente de dire “ton père fait sa crise d’adolescence” donc ça se passe plutôt bien de ce côté-là, ouf!

    Babeth59, effectivement, je pense que c’est à cause de tout ça que j’ai de nouveau envie de faire la cuisine 😉

    E. huhuhu, effectivement, les choses deviendront peut-être plus faciles avec le temps…

    dieudeschats, c’est exactement ça, mélancolique…

    laurence, c’est difficile de savoir ce ce qui est pire: la vie en enfer à deux ou tout seul…

    Cloclo, huhuhuh, aucune idée comment ça marche le divorce au Canada! Par contre, je peux te dire que ça faisait au moins 30 ans que je pensais que mes parents devaient divorcer… mais quand ça arrive pour de vrai, c’est pas la même chose…

    sofrench, endoctrinement mondial… après un j’m’enfoutisme mondial 🙂 On passe toujours d’un excès à l’autre.

    dieudeschats, c’est un peu chiant tout ça, je te l’accorde, mais à mon avis il y a encore trop de gens qui ne se sentent pas coupable du tout de leurs conneries…

    Olivier, je sais que tu sais… Grosses bises à toizossi!

    PrincessH 😉 Oui, c’est pas une décision facile à prendre et plus le temps passe, moins c’est facile. Mes parents ont aussi pensé rester ensemble “par facilité.”

    Mahie, huhuhuh, parents ingérables, c’est parfait comme terme 🙂

    Valérie, je crois que mes parents ne se sont jamais bien entendus, ou alors jamais pour les bonnes raisons. Il faut se poser la question de si il y a plus de bons moments que de mauvais… et si les fondations de la relation sont encore assez fortes pour tenir dans les mauvais moments… Bon courage à toi!! PS. Pour le scan, je sais pas, je viens d’essayer avec deux scans différents (i-nigma et Optiscan) et ça marche très bien…

    catherine, tout le monde me dit “faut pas t’en mêler” mais c’est plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on s’y fait mêler de force… Bises à toi aussi.

    axelle, je comprends très bien ce que tu vis et je suis désolée. Je crois que parfois, les gens ont peur du changement alors on préfère rester dans un enfer qu’on connait plutôt de prendre le risque d’essayer autre chose. Bon courage à toi aussi et grosses bises!

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    • Je ne dis pas que “l’endoctrinement culpabilisant” est chiant (je trouve que nous devons chacun prendre notre propre responsabilité, c’est nécessaire même si c’est loin d’être suffisant), je dis que cette culpabilité est créée pour que les gens achètent des produits greenwashisés. Ce qui est un non-sens ! Tiens du coup j’ai fait une petite note 😉

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  17. La famille c’est (presque) toujours compliquée… moi aussi j’ai du faire une croix sur mon fantasme de “famille Ricoré” et de parents vieillissant comme le bon pain… et apparemment, vus les commentaires, on est un bon paquet à être dans ce cas !
    Bon courage 🙂

    PS: je gagate aussi avec mon chat, tu l’auras deviné 😉

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  18. Bizarrement tous mes potes me plaignent mais moi je reconnais ma chance : mes parents se sont séparés avant ma naissance. (Et je sais que je préfère ça…)
    C’est marrant les conceptions de la vie que tu te forges lors des premières années de fille de mère célib en cambrousse… l’étonnement devant les maisons des copains où il y a les deux parents, ne pas dire “mes parents” – en vrai je le dis quand même pour éviter de détailler devant n’importe qui, mais c’est de l’approximation.
    Courage à toi, si ça allait si mal je suis sûre que tu te sentiras soulagée quand même après le choc 🙂

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  19. Je ne sais pas s’il s’agit d’«identités» autant que de «personae». Je ne suis pas mon travail, ni ma filiation à mes parents adoptifs, mais en même temps, mon travail et mes liens familiaux et amicaux donnent une couleur particulière à certaines relations qui se déroulent dans les contextes différents du travail, de la famille, ou des amitiés.
    Cependant, le changement dans ta famille, pour prévisible qu’il était, représente tout de même un changement profond dans les relations avec tes proches, comme tu en fais si bien l’analyse. Je te souhaite une transition aussi paisible que possible et pas trop de jeux téléphoniques…

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  20. N

    Je n’ai pas grand chose à dire de sympatique par rapport au divorce de tes parents, parce que de mon côté la chose est toujours aussi “bizarre” même des années après… Comme si j’avais passé toute ma jeunesse inconsciente d’un immense mensonge.

    Quant à tes “fritters”… RHÔ MIAMMMM!!!! Je suis complètement gaga de bananes et là, vraiment, j’en veux, j’en veux, j’en veux (MAINTENANT!!!!)

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