c'est pas moi je l'jure!

pas peur du ciel

En 1994, je vivais dans un studio à Morges et j’avais un petit boulot que je détestais. Je prenais le train pour y aller, et un jour, dans le train, je l’ai rencontré, lui, avec son t-shirt du Hard Rock Cafe d’Orlando. On est devenus amis, je suis tombée amoureuse de lui, et je suis allée vivre aux Etats Unis. Jusque là, rien de nouveau.

Mais je ne crois pas avoir raconté les “effets secondaires” de cette rencontre mémorable. Le type portait un t-shirt ce jour-là mais normalement il portait un costard-cravate et un petit badge accroché à sa veste, et il se baladait partout avec son companion… parce qu’il était missionnaire mormon.

Cette rencontre m’a donc ouvert les yeux (et les portes) sur un monde que je ne connaissais pas du tout: les mormons.

Je ne vais pas parler de religion ni de politique (même si je n’en pense pas moins) mais simplement dire que dans ce nouveau monde, j’ai rencontré des personnes extraordinaires. Et l’une de ces personnes était une jeune missionnaire qui venait d’Utah et qui s’appelait Sister Larson.

Sister Larson et moi sommes devenues de bonnes amies, et quand elle a terminé “sa mission,” elle est rentrée en Utah et je suis allée lui rendre visite pendant l’été 1995. Elle m’a baladée dans le coin, fait visiter le campus de l’université de Brigham Young, et aidée avec la paperasse que j’ai commencé à remplir pour aller étudier là-bas l’hiver suivant.

Quand j’ai débarqué en Utah en décembre 1995, Sister Larson, qui étudiait elle aussi à Brigham Young, m’a énormément aidée pendant les premières années. Grâce à elle, j’arrivais à rendre des devoirs pas trop pourris, j’ai rencontré plein de gens géniaux, et elle m’a même aidée avec ma prononciation de l’anglais en me faisant lire du C. S. Lewis à haute voix!

Là où Sister Larson n’avait peur de rien, c’est qu’elle avait rencontré un charmant jeune homme suisse, pendant sa mission, et qu’ils avaient correspondu pendant un moment, puis qu’il lui avait annoncé qu’il l’aimait et voulait de marier avec elle. Elle a beaucoup hésité parce qu’elle ne le connaissait en réalité pas très bien, et à l’époque, le téléphone et les voyages coûtaient cher et Google n’existait même pas encore! En plus, le p’tit suisse en question était à moitié hispanique et donc elle pouvait se retrouver à vivre à Salamanca entourée d’inconnus parlant une langue qu’elle ne parlait pas du tout!

Mais elle a pris son courage à deux mains et s’est mariée avec le p’tit suisse et est allée vivre en Suisse avec lui.

Je ne sais plus comment ni quand on a repris contact, mais après quelques années, sa famille lui manquait trop et la Suisse l’ennuyait, et comme son mari avait trouvé un boulot en Utah d’abord, puis à Seattle, ils ont déménagé. Je me souviens leur avoir rendu visite (en 2008, juste au moment où Obama s’est fait élire président) et à l’époque, ils étaient déjà en train de questionner leurs croyances religieuses. Je les avais admirés, parce que ce n’est pas facile de se rebeller contre son éducation, sa famille, les choix qu’on a faits, et la société dans laquelle on vit depuis toujours.

Je suis retournée les voir en 2017, à Seattle cette fois, et ils avaient entièrement coupé les ponts avec les mormons, ce qui veut dire avec leurs familles respectives aussi, et ça n’avait pas été facile du tout. Pour moi, ça avait été plus facile, en 2014, et je les ai vraiment admirés. L’ex-Sister Larson est une fille extra, et son mari helvético-hispanique est chouette aussi, et j’aimerais beaucoup retourner leur rendre visite!

Les gens qu’on aime #9: quelqu’un qui n’a peur de rien

19 comments

  1. je ne savais pas que celui qui t’avait fait partir aux EU était mormon, zut, j’aurais du m’en douter!
    L’histoire de Sister Larson est caractéristique de l’évolution de nos croyances et de nos sentiments tout au long de la vie, heureusement que l’on change à fur et à mesure de notre vieillissement, on devient plus pragmatique..
    #8, j’ai connu P., à l’école des enfants, nous avons chacune 2 fils nés exactement les mêmes années, lorsqu’on a commencé notre amitié, elle venait juste de gagner un jeu très renommé à la télé, elle était très connue, mais par sa gentillesse, sa bienveillance, sa modestie, elle m’a conquise, nous avons été proches très longtemps, nos maris aussi, ensuite quand les garçons ont quitté le collège, nous nous sommes perdues de vue, elle habite pourtant à 15 km de chez moi, la dernière fois, il y a environ 5 ans c’était par hasard dans un magasin, nous nous sommes promis de nous revoir, et rien depuis, je regrette fortement..je vais lui écrire!
    #9 pas d’idée pour le moment, je cherche😉
    c’est vrai ce qui tu as écrit à Babeth, hier, à fur et à mesure de ce “jeu”, je me rappelle des amies/amis , dont j’avais absolument oublié l’existence!
    bon mardi, bises

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    • L’université où j’ai étudié pendant six ans aurait quand même pu te mettre la puce à l’oreille 😉 Je suis contente que tu écrives à P.! Et que tu commences à te souvenirs de plein de chouettes amies et amis! Hah, mon petit exercise marche!

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    • Je n’ai jamais été attirée par les gens qui ont une petite vie planplan. J’ai largué nombre de mecs qui n’avaient aucune envie d’aventures, qui avaient la trouille du changement, ou qui n’avaient jamais rien fait de leur vie. Pouah! Quel ennui 🙂

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    • Bof, comme je le disais à Babeth hier, je pourrais écrire à propos d’au moins cinq personnes par jour, et j’ai du mal à choisir les gens dont je vais parler tellement je connais de gens fascinants et qui ont beaucoup influencé ma vie 🙂

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  2. # Quelqu’un qui n’a peur de rien… immédiatement, comme ça je ne vois pas.

    Mais je peux te parler de Monique qui a peur de faire une marche arrière avec son automobile, uniquement avec son automobile parce qu’elle a peur des autre voitures elle ne roule qu’avec son automobile, en marche avant.
    Monique a peur des microbes, des maladies et autres virus elle est sortie une seule fois de chez elle depuis février d’ailleurs elle a viré son mec, pas suffisamment prudent, elle avait peur elle l’a viré.
    Monique a peur de tout de la viande rouge et de la foule, des arabes et des communistes. Elle craint de se faire arnaquer. Elle se trimballe partout avec un petit thermos de thé et une boite de biscuits au cas où… Monique avait rencontré un mec (trop) bien après son 3 éme divorce, elle a bien voulu consommer après un examen de santé complet du Monsieur “j’avais trop peur, on ne sait jamais”
    Evidemment Monique à peur de grossir, de maigrir et de vieillir… seule.

    Bleck

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  3. wam

    Alors ca, ca m’épate, que tu aies suivi un mormon 😮 Pour le coup, je trouve que c’est toi qui n’as peur de rien (mais, ca, je le savais)

    #9: quelqu’un qui n’a peur de rien
    Je l’ai rencontré sur un forum de discussion de jeunes mamans. Nous avions accouché au même moment et des nanas du groupe (il n’y avait que 1 seul homme. Faut croire qu’ils ne se sentent pas concerné par les questions liées à la parentalité ; ou qu’ils sont tellement confiants qu’ils ne s’en posent pas… bref… autre [vaste] sujet), des nanas du groupe, disais-je, avait organisé quelque rencontres entre nous, l’une d’entre elles avec des nanas qui venaient de toute la France.
    J’ai sympathisé avec 3 ou 4 d’entre elles. Dont une qui n’a peur de rien.
    Elle a eu ses 2 enfants en même temps que moi. Puis, elle a quitté le papa de ses enfants. Déjà, ca me parait gonflé. Je veux dire, j’imagine bien les difficultés matérielles et logistiques quand on se sépare de son conjoint alors qu’on a 2 enfants et qu’on vit en région parisienne (l’immobilier est cher).
    Elle a rencontré au bout de quelque temps un autre homme. Ils se sont vus… et ne se sont plus quittés. wow !
    Ils ont par la suite décidé de tout plaquer pour monter leur boite dans le Sud de la France. Je suis épatée qu’ils aient quitté un situation stable CDI et tout, pour monter sa boite et partir couvert de dettes. Je me souviens de sa réflexion : “rien qui ne soient pas remboursable à l’échelle d’une vie. Et je suis commerciale. Je pourrai toujours retrouver du boulot, un truc à vendre”. Ah oui. ok.
    Le premier truc qu’ils ont fait, c’est d’acheter une maison. Il faut bien habiter quelque part, c’est vrai, mais acheter est la marque d’une sacrée confiance en l’avenir. Bravo !
    Parallèlement à ca, ils ont enchainé 2 enfants (trop adorables). Coup sur coup.
    Elle est donc (co)Chef d’entreprise, mère de 4 enfants dont 2 en bas age. sans compter les 2 grands enfants adultes de sont mari. Respect.
    Je suis allée la, enfin, les, voir à plusieurs reprises. Ca va pour eux. C’est sur, il y avait une logique dans leur démarche, autant sur le lieu d’installation que sur l’orientation de carrière.
    Ils bossent beaucoup, mais se plaisent. Et ca a l’air de rouler pour eux. J’espère que le confinement ne leur portera pas trop préjudice..
    2 de ses réflexions m’ont marquées “rien qui ne soit pas remboursable à l’échelle d’une vie”. ca aide à prendre du recul. “quand c’est une connerie, je fonce à la même vitesse”. (hahaha, et finalement, ce n’est pas si grave, visiblement) Et “c’est la vie, il y a des hauts, des bas, mais on s’en sort toujours”.
    Elle est énergique, heureuse, fonceuse, souriante, pragmatique, généreuse. Je l’aime bien, ma S…

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  4. Céline de Belgique

    #9:
    Mon amie n’a pas l’air d’avoir une vie aussi compliquée que sister Larson, mais je la place quand la catégorie des gens qui n’ont peur de rien.
    Elle a joué sur un forum de jeux, habitant en province, puis elle en a pincé pour un des joueurs qui est aussi mon ami. Ni une ni deux, elle a décidé de venir travailler à Paris pour le rejoindre. Elle habitait je crois chez ses grands-parents pendant cette période. Elle a rejoint le cercle des joueurs et … obtenu ce qu’elle voulait, à savoir B.
    Ils ont vite emménagé ensemble, ce sont mariés -un joli mariage dont je garde de très bons souvenirs.
    Puis rapidement une fille est née.
    Puis trop rapidement une seconde.
    Ils ont acheté une énorme maison en banlieue parisienne. Même pas peur des travaux à entreprendre pour entretenir et remettre au goût du jour.
    Puis en 2019, paf, elle démissionne de son job pour … se laisser du temps.
    Elle met ce temps à profit pour s’occuper de ses filles, et pour monter un projet de ludothèque, de scoutisme…
    Elle a énormément d’energie, est une grande bavarde, m’impressionne et m’entraîne dans son tourbillon d’activités. Je l’apprécie beaucoup et on ne voit pas trop (heureusement) mais à chaque rencontre je suis boostée et envie de la suivre dans ses actions! Quand se revoit-on A.?

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  5. Geneviève

    Pas facile, cette catégorie…
    Je la connais depuis une dizaine d’années. Pas super bien, mais quand même assez pour qu’elle nous aie prêté sa voiture pendant le congé des fêtes il y a quelques années, parce qu’on n’en a pas, que je n’avais pas réservé assez tôt, et qu’elle n’en avait pas besoin à ce moment-là. Elle a un seul fils, pile entre mes grands et mon petit, un peu compliqué à vivre (sourd d’une oreille, assez hyperactif, et super insolent/tannant avec les profs). Elle a un conjoint qui l’adule littéralement — c’est assez drôle d’ailleurs, il fait une bonne demi-tête de moins qu’elle, ça rend le côté “adoration” encore plus mignon…
    Cette fille-là est incroyable, j’aimerais avoir son “guts”. Elle change de job tous les 2-3 ans pour aller voir ailleurs si elle y est. Toujours dans le domaine des médias, mais est passée de la réalisation de documentaires à la production d’émissions éducatives, puis à celle de TV réalité (y compris l’émission la plus trash qui soit, dont elle était directrice de contenu !), et là elle est en train de changer pour aller faire du podcast à la radio.
    À côté de ça elle est présidente de la fondation de notre école, et trouve tout le temps des moyens originaux d’obtenir des dons en nature qui viennent faciliter la vie des profs. Cours de danse obligatoires pour tout le secondaire ? Elle a trouvé un mur complet de miroirs. Pandémie et pas de casiers disponibles pour les élèves ? Elle a négocié un don de centaines de caisses avec Ikea. Elle va démarcher les banques, les musées, les grands donateurs avec une énergie souriante inépuisable. Elle n’y connaissait rien quand elle a pris les rênes de la fondation, et maintenant personne n’imaginerait celle-ci sans elle — au point qu’on a du mal à trouver quelqu’un pour sa succession, à la fin de cette année…

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  6. Jenny

    #9 quelqu’un qui n’a peur de rien
    Je suis tentée de reprendre mon amie du #1 S. vit à la montagne, bosse à 1h30 de chez elle par des routes de montagne, se lève à 5h45, rentre du boulot vers 20h. Elle s’occupe quasiment seule de sa maison et du gîte dans lequel elle fait le ménage tous les samedis en saison avec changement de draps. Bien sûr, elle fait des confitures et un gâteau de bienvenue. Elle garde les enfants des voisins quand elle peut et a toujours un moment pour aider ou consoler ses amis.
    Mais je pourrais aussi mentionner H., une amie de lycée de la précédente. H. a étudié l’allemand, a intégré l’école normale, a obtenu son agrégation et est allée enseigner dans un lycée dans le nord de la France.
    Un jour, je ne sais plus comment, elle a rencontré Simon, professeur de lettres anciennes dans un lycée pour garçons du côté de Londres. Elle a donc traversé la Manche très régulièrement pendant des années pour aller voir son chéri. Et puis un jour, elle a franchi le pas et est partie vivre avec lui en Angleterre, en abandonnant son poste d’enseignante agrégée en France. En Angleterre, elle a fait des petits boulots dont releveuse de compteur de gaz ! Elle a fini par trouver un emploi dans une école privée pour jeunes filles super riches mais on ne lui a pas reconnu le titre d’enseignante et elle s’occupait de cours de conversation et des voyages scolaires. Elle a vu des postes qu’elle convoitait lui passer sous le nez à plusieurs reprises, sans doute parce qu’elle n’était pas du sérail…
    Je l’ai trouvée très courageuse d’abandonner son poste en France pour refaire sa vie professionnelle dans un autre pays et dans des conditions bien moins confortables. Mais l’amour ! D’ailleurs, Simon est charmant.

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  7. Pingback: losing my religion | c'est pas moi je l'jure!

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